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SO.NU-Burkina : Une société pour le bien-être des populations

Publié le mercredi 13 octobre 2004 à 07h23min

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Le Burkina Faso dispose enfin de sa première société de nutrition:SO.NU-Burkina. Association scientifique, apolitique, non confessionnelle et à but non lucratif, la SO.NU-Burkina qui a vu le jour en janvier 2004 a pour but, la promotion de la nutrition : et l’alimentation en vue de contribuer à la santé et au bien-être des populations.

Les problèmes de nutrition et d’alimentation ont souvent des conséquences graves sur les populations et le développement. En effet, la nutrition et l’alimentation déterminent l’état de santé des populations et peuvent alors favoriser ou entraver les efforts communs pour la construction nationale. Selon le Dr Siméon Nanéma, secrétaire adjoint à la recherche et à la, formation de SO.NU-Burkina, "la nutrition est une condition sine qua non sur le développement." Il cite en exemple la carence en fer au Burkina et ses conséquences sur le développement de ce pays. << 63% des femmes en âge de procréer et 90% des enfants burkinabè présentent des carences en fer.

Un problème qui n’est malheureusement pas bien cerné.>> a révélé Dr Siméon Nanéma. Il ajoute qu’on estime que 20% des décès maternels sont dus à cette carence. << Au-delà de ces décès qui sont la fin de la manifestation de la carence en fer, il y a le déficit intellectuel chez les enfants, la fatigabilité. Ces deux phénomènes réunis entraînent une baisse de la productivité.>>, renchérit Dr Siméon Nanéma. Ainsi grâce à des outils scientifiques mis au point par les nutritionnistes, on a pu faire le lien entre ces données et le développement dans notre pays.

L’évaluation décennale 2000-2010 donnerait outre les décès, une baisse de la productivité pouvant entraîner des pertes de l’ordre de 126 milliards de FCFA pour le pays. Pour le retard en croissance des enfants, le pays pourrait perdre 193 milliards de nos francs. Et la liste est loin d’être close car il existe bien d’autres carences telles que la carence en iode entraînant le goître (pertes estimées à 120 milliards de FC FA), l’allaitement maternel inadéquat (pertes prévisionnelles : 236 milliards de FC FA) etc.

En sus des carences, les excès

Au-delà des carences, il faut ajouter le problème des excès qui serait l’aspect émergent de la nutrition au Burkina Faso. Des pathologies qui semblaient être l’apanage des pays riches ont fait depuis lors une apparition remarquée dans notre pays. Il s’agit de l’obésité, du diabète, de l’hypertension artérielle qui ont tous un lien étroit avec l’alimentation. << L’excès touche en général, les gens nantis et ceux qui le sont moins.

C’est cela le paradoxe car le pauvre mange tout ce qu’il gagne tandis que le riche ne s’en prive pas. Conséquence, ils se retrouvent avec des problèmes nutritionnels comparables.>>, a noté Dr Noël Zagré, secrétaire aux relations extérieures de SO.NU-Burkina. Une étude menée en 2001 à Ouagadougou sur une population de 3441 personnes donne 23% d’hypertendus, soit une (01) personne sur quatre (04).

Et fait grave, seuls 6% de ces hypertendus connaissaient leur état. Les autres vivaient avec leur mal. 0r, leur problème vient notamment d’une alimentation inadaptée : excès de gras insaturés, problème de gestion du poids corporel (obésité), style de vie (stress) etc. << Il ne suffit plus d’avoir de l’argent pour acheter les aliments et bien se porter. Il faut savoir opérer un choix judicieux des aliments et avoir un régime équilibré.

En terme de qualité, les ressources nutritionnelles existent dans notre pays en richesse et en variété : protéines, lipides, énergie et sels minéraux. Il suffit d’y puiser au lieu de regarder chaque fois vers l’extérieur.>>, indique M. Ambroise Nanéma, président de SO.NU-Burkina. Ceci explique-t-il cela ? "Dans beaucoup de pays, on préfère consommer par exemple du pain entier, c’est-à-dire fabriqué avec des céréales entiers, non décortiqués.

C’est en effet, dans les enveloppes des céréales que se trouvent les sels minéraux, certaines vitamines venant du groupe B. " En décortiquant les céréales, tous les éléments nutritifs disparaissent et l’on ne consomme que de l’amidon" souligne M. Ambroise Nanéma. Il conseille aux populations de se méfier des produits alimentaires qui présentent toujours de grandes qualités visuelles en apparence car, bien souvent, ils n’apportent pas grand-chose à l’organisme, bien au contraire. L’élément important dans la nutrition, c’est l’accès à l’information.

Aussi, la SO.NU-Burkina se donne pour mission de mettre l’information à la disposition du public, de mobiliser les spécialistes et tous les acteurs du développement sur la nécessité de promouvoir la nutrition au Burkina. Une journée du nutritionniste pourrait ainsi être organisée d’ici à la fin de cette année pour poser les bases d’un dialogue national autour de la question.

Intégrer la nutrition dans les projets de développement

La SO.NU-Burkina compte enfin, réaliser un plaidoyer en direction des décideurs et des partenaires au développement pour que les différents programmes et projets de développement exécutés au Burkina ne perdent pas de vue la question de la nutrition. << Les problèmes de nutrition sont cruciaux dans notre pays et leur résolution interpelle les couches de la société, particulièrement les décideurs et les nutritionnistes qui doivent s’investir pour un bien-être des populations.>>, insiste M. Ambroise Nanéma.

La SO.NU-Burkina entend à ce propos profiter de la dynamique associative africaine (Fédération Africaine des sociétés de nutrition (FASN) et mondiale (Union Internationale des nutritionnistes) pour atteindre ses objectifs. Cela est d’autant plus important que l’Afrique subsaharienne demeure la seule partie du monde où le taux de malnutrition ne décroît pas de façon significative.

La situation pourrait même s’aggraver si des initiatives urgentes et appropriées ne sont pas envisagées. Fort heureusement, le nombre de nutritionnistes est en nette augmentation dans cette aire et particulièrement dans notre pays. La solidarité internationale et la détermination nationale permettront sans doute de mettre au moins un frein à l’avancée du phénomène à défaut de le faire reculer.

En attendant, la SO.NU-Burkina qui a été officiellement reconnue le 29 avril 2004, s’emploie à se faire connaître tout en ventilant ses textes statutaires auprès de tous ceux qui pourraient renforcer ses rangs : nutritionnists, organismes, institutions, associations ou industries impliquées dans les activités de nutrition etc.

Victorien A. SAWADOGO (visaw@ yahoo.fr)
Sidwaya

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