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Commune de Ouahigouya : "Non au hold-up politique"

Publié le mardi 28 septembre 2004 à 07h18min

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Le mercredi 22 septembre 2004, 24 conseillers municipaux de la commune de Ouahigouya, dans une correspondance adressée au ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (MATD), égrenaient une litanie de griefs contre le maire Issa Joseph Diallo, dont ils demandaient la tête.

Non à ce "hold-up politico-personnel", s’écrie le Comité de concertation pour le développement de la commune de Ouahigouya (CCDEC-Ouahigouya), dans la lettre dont teneur suit adressée au même MATD.

Monsieur le ministre,

Dans une motion de défiance à vous adressée par quelques membres du Conseil municipal de Ouahigouya à l’encontre du maire de la Commune (en la personne de monsieur Issa Joseph Diallo) et publiée dans les quotidiens "le Pays" et "l’Observateur paalga" du jeudi 23 septembre 2004, il est reproché globalement à ce dernier (le maire) une certaine monarchie dans la gestion des affaires de la commune dont il a la charge.

Certes, nous savions qu’un certain clan de la cité, dirigé par de fortes mains, en veut à la personne du maire, pour des raisons politiques égoïstes. Seulement, ce que le collectif des conseillers municipaux a entrepris depuis la semaine dernière a dépassé cette fois-ci les limites.

C’est face à ces tristes et honteuses manœuvres visant à déstabiliser le maire de la commune, que le « Comité de concertation pour le développement de la commune de Ouahigouya » se fait le devoir et l’obligation d’attirer votre attention sur le rocambolesque et infâme montage, dont le maire est victime.

Aussi est-il utile de le préciser, nous n’avons aucune prétention de formuler un droit de réponse à leur motion, encore moins de soutenir quelque personnalité que ce soit. Par contre, dans l’intérêt général des citoyens de la commune de Ouahigouya, nous nous donnons le droit et le devoir de préserver les acquis. Monsieur le ministre, d’entrée de jeu, nous vous prions d’examiner minutieusement les dessus et les dessous qui ont motivé ce collectif à vous adresser cette motion.

Sans risque de nous ingérer dans la gestion interne des affaires de la municipalité, nous pouvons vous assurer (avec pour témoins tous les citoyens avisés de Ouahigouya) que ce document se fonde absolument sur un fabuleux mensonge, dont des aigris d’une certaine génération se servent pour assouvir leur haine, manifestement dévoilée contre monsieur Issa Joseph Diallo. C’est à la limite une foutaise à l’endroit de tous les citoyens.

Tout à commencé quand le conseiller municipal Simplice N. Ouédraogo, 1er adjoint du maire, a convoqué nuitamment les conseillers municipaux du parti CDP à son domicile (20h30) pour une réunion sans ordre du jour et qui, en réalité, ne devait pas se tenir.

Il était quasiment demandé aux conseillers d’émarger sur une liste de présences. Nombre d’entre eux sont restés stupéfaits face à la situation, mais ont signé sous le chantage et la contrainte. Les absents seront rattrapés le lendemain pour les mêmes raisons et par les mêmes tracasseries. Plus tard, cette liste de présences sera jointe à la motion dont ils (les signataires) seraient étrangers au contenu.

Peut-on détruire ce qu’on a construit ? Monsieur le ministre, ce hold-up politico-personnel nous a conduits aux interrogations suivantes :

Peut-on relever de ses fonctions un maire, tout simplement parce que sa mine ne plaît plus aux caciques qui prétendent l’avoir mis dans son fauteuil ?
La décentralisation peut-elle être prise en otage au nom de certains intérêts et sentiments personnels ?
Peut-on (même en politique) construire et détruire ce que l’on a construit ? Si ce n’est de la foutaise, autant laisser les occupants dans leurs cases de départ.

Le maire est "expéditif...", prétend la motion. Expéditifs et même impulsifs, c’est bien ses détracteurs qui le sont, eux et leurs commanditaires. En l’espace d’une soirée, la crise au sein du CDP-Yatenga et l’éternel problème sportif de l’USY ont connu des semblants de solutions.

En l’espace d’une semaine également, la machine d’un collectif (de conseillers sans préalable majeur (en tout cas en notre connaissance) s’est mise en marche pour suspendre sa participation aux affaires de la municipalité et vous demande, monsieur le ministre, de relever le maire de ses fonctions.

Ce collectif a-t-il les preuves de ses accusations ? Sont-elles judiciairement vérifiables ? Quelques analyses nous convainquent aussi que si le maire est "expéditif", c’est qu’il manque cruellement de compétences au sein du conseil municipal pour parer efficacement aux éventualités administratives communales.

Il est important de souligner ici que certains conseillers municipaux relèvent aussi du "personnel aigri" de la mairie, que monsieur Issa Joseph Diallo a su (à juste titre) ranger dans des bureaux-garages pour mauvaise foi et incompétence professionnelles. Un autre grief lancé contre le maire est qu’il "travaille avec l’opposition".

En rappel, ce dernier, dès le début de son mandat, a fait preuve de clairvoyance dans la gestion des affaires de la cité, et pour cela, il n’a pas manqué de dire à qui voulait l’entendre qu’il n’est pas venu à la tête de la mairie pour faire de la "politique aveugle", mais pour travailler avec qui veut objectivement travailler au développement de la commune. Cette force de caractère pour le développement est tristement contre lui aujourd’hui.

A propos d’attribution des marchés, les textes de la mairie sont clairs, et le maire n’a jamais présidé une commission portant attribution de marchés à quelque entreprise que ce soit. C’est le secrétaire général de la commune, qui a en charge ces attributions, et qui désigne un intérimaire en cas de force majeure.

Nombreux sont les entrepreneurs signataires de la motion, qui en veulent au maire parce qu’ils se sont toujours nourris de l’égoïsme de se tailler à eux seuls les marchés de construction. D’autres signataires ont vu leur complice viré de son poste à la Mairie, pour faute grave entravant la collaboration dans le travail.

Il est encore reproché au maire des voyages solitaires au nom de la municipalité. Là aussi, les textes sont clairs, et le maire est le seul à répondre de la signature des contrats et conventions de partenariat. Faut-il qu’il débloque toutes les économies de la municipalité pour effectuer des voyages avec une dizaine de curieux et affairistes à la mauvaise renommée pour leur simple plaisir ?

Le néo-asservissement politique

Monsieur le ministre, il nous est clairement revenu que 15 % des signataires ont signé pour régler leurs comptes personnels avec monsieur Issa Joseph Diallo, les 85 % ont signé sous pression et menace sérieuses. Nombreux sont ceux d’entre eux qui ont versé des larmes dans cette opération de déstabilisation ; d’autres confient leur regret et émotion à leurs intimes.

Au regard de tous ces aspects, et au stade actuel des nombreux chantiers entrepris dans la commune de Ouahigouya, nous vous prions, une fois de plus, monsieur le ministre, d’être très attentif pour ne pas vouer à l’échec la politique nationale de décentralisation que notre commune est en train de bien réussir.

Peu importe ce que le maire aurait fait (ou la façon dont il se serait comporté) maladroitement avec qui que ce soit, nous ne devrions pas (en dignes fils du Yatenga) occulter l’élan qu’il a su donner au développement harmonieux de notre chère et vaillante commune (en l’espace de 04 ans), longtemps restée prisonnière des gestions mafieuses des politiques.

Monsieur le ministre, la personne de monsieur Issa Joseph Diallo n’est qu’une victime innocente de politiciens capricieux, qui plombent en réalité notre développement.

Le relever donc de ses fonctions ne vise qu’à nous ramener à la case départ, c’est-à-dire au néo-asservissement politique. C’est en cela que les citoyens de la commune ne peuvent s’empêcher de dire leur mot, si tant est que l’Etat est là pour nous protéger et que nous devons jouir de nos droits les plus élémentaires.

Nous suivons de près cette affaire, qui n’appelle pas à une solution politique, mais plutôt juridique si et seulement si, monsieur Issa Joseph Diallo a commis un délit ou un crime économiques ; toutes les investigations pouvant s’effectuer à cet effet.

Tout en vous priant de porter une attention particulière à notre souci de vérité et de justice pour une paix durable, nous vous prions d’agréer, monsieur le ministre, l’expression de notre profonde considération.

Fait à Ouahigouya, le 24/09/2004.
Pour le secrétaire général du CCDEC,
P.O. le secrétaire général adjoint,
Hamidou P. Ouédraogo

(1) : La titraille est du journal

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