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BANFORA : Une ville malade de l’insalubrité

Publié le mercredi 28 juillet 2010 à 00h33min

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Quand est-ce que la cité du Paysan noir, Banfora, jouira-t-elle d’une hygiène pour le moins acceptable ? On croyait qu’avec les travaux de construction de caniveaux, cette question trouverait un début de réponse. Mais rien n’y fait ; la ville de Banfora connaît toujours un problème d’hygiène lié à l’évacuation des eaux de pluie en cette période hivernale. Comme si cela ne suffisait pas, le déversement des eaux usées dans ces caniveaux ainsi que les cultures hautes, enlevent à la cité du paysan noir ses allures de commune urbaine.

Les ouvrages d’assainissement de la ville de Banfora ont récemment été augmentés avec la construction de caniveaux sur certaines voies telles la rue Balla et celle dédiée à la ville de Ouahigouya. Ces travaux ont fait miroiter des axes routiers bien assainis et de belles avenues aux yeux de la population banforalaise. Mais très vite, elle (la population) se rendra compte que la finition des caniveaux prend excessivement de temps au point que certains commencent à s’inquiéter. Pour d’autres, cette finition a été tout simplement reportée aux calendes grecques. En effet, depuis la fin des travaux en 2009, les riverains attendent le réprofilage des bordures. Toute chose qui devrait permettre aux eaux de pluie de ruisseler aisément dans les caniveaux et préserver du même coup la couche cyclable des routes. En attendant, ce sont les mêmes eaux de ruissellement qui s’y attèlent mais, de quelle manière ? C’est certainement pour cela que certains caniveaux contiennent de la terre. Un tour du côté du nouveau marché permet de se rendre compte que des tiges de maïs poussent dans ces caniveaux. A certains endroits, les routes qui disposent pourtant de caniveaux sont recouvertes de sable parce que l’eau de pluie qui n’arrive pas à se déverser dans le caniveau draine du sable sur le bitume. Par endroits, ces routes sont coupées, rendant certains lieux difficilement accessibles.

Des ordures dans les caniveaux

Déjà, ces caniveaux servent de conduits d’évacuation des eaux usées pour certaines familles. Celles-ci y déversent directement les eaux de toilette, de vaisselle et de lessive sous le regard et le silence coupables du voisinage. Cette scène est quotidienne chez des bouchers établis sous le nez et la barbe de certains services de la municipalité. Ceux qui se croient malins ou qui ne veulent pas débourser les 100 F CFA mensuels demandés par les associations de pré-collecte des ordures ont trouvé une "idée géniale" en saison de pluie. Ils profitent des pluies pour déverser leurs ordures ménagères dans ces caniveaux espérant qu’elles seront entraînées par l’eau de ruissellement loin de chez eux. Ceux-ci ne se soucient aucunement des désagréments causés aux autres citoyens puisque ces ordures s’entassent souvent devant les cours voisines. A certains endroits, on constate que ces caniveaux sont transformés en fosses septiques ; là encore sous le regard indifférent de la population.

Le directeur des services techniques municipaux (DSTM), Karim Traoré est formel sur la question de l’assainissement à Banfora. Il prévoit même des sanctions pour les familles qui continueront à saper les efforts de la mairie. "Sur la base du plan d’assainissement dont nous disposons, nous allons dans un premier temps, procéder à une sensibilisation de la population en vulgarisant les textes que le conseil municipal a votés. Après cette phase, nous procéderons à la répression des récalcitrants", dit-il. Pour cela, le DSTM invite la population à dénoncer tous ceux qui auront des comportements contraires à la bonne hygiène et à l’assainissement de la ville. "En ce qui concerne l’assainissement, poursuit Karim Traoré, la commune de Banfora a, en collaboration avec des partenaires, élaboré des outils de planification". Dans le domaine du drainage des eaux pluviales, il assure que la commune dispose d’un schéma directeur qui trace les grandes lignes en termes de construction de caniveaux et d’ouvrages de drainage des eaux pluviales dans la ville.

"C’est dans ce cadre que nous avons déjà réalisé 6 000 mètres linéaires de caniveaux et nous en prévoyons d’autres dans les mois à venir", précise-t-il. Avec l’Office national de l’eau et de l’assainissement (ONEA) et grâce au budget de l’Etat, la commune a mis en place un système d’évacuation des eaux usées, excréta et des latrines VIP ont été construites dans les endroits publics. Toutes ces actions visent à rendre la ville de Banfora propre, mais reconnaît le DSTM, "nous devons prendre certaines insuffisances à bras le corps en faisant appel au civisme de la population". Les travaux de finition des caniveaux, reconnait Karim Traoré, incombent à la mairie et non à l’entreprise qui les a réalisés. Toutefois, dit-il, les populations doivent avoir constamment à l’idée que les caniveaux sont réalisés uniquement pour le drainage des eaux pluviales et non pour recevoir des ordures ménagères, encore moins des eaux usées des ménages. Cette bonne volonté du DSTM se heurte cependant à un manque criard de bacs à ordures qui étaient déposés en certains endroits de la ville pour recevoir les ordures des ménages.

Cultures en pleine ville

A côté de ces questions d’évacuation des eaux et de dépotoirs d’ordures anarchiques, se posent celle des cultures en pleine ville. Dans la ville de Banfora, on se croirait toujours en milieu rural. Les parcelles non encore mises en valeur et la devanture de nombre de cours sont emblavées. Les labours par endroits empiètent sur les parties cyclables des routes déjà rendues étroites par les pluies. Chaque année pourtant, un communiqué de la mairie diffusé sur les ondes des radios locales sensibilise sur les inconvénients et les risques de cette pratique. Tous ces abus se passent non seulement sous le regard indifférent et le silence coupable de la population, mais aussi comme si la municipalité avait épuisé tous les moyens dont elle dispose pour empêcher les cultures en pleine ville.

Récemment, l’association Munyu des femmes de la Comoé a organisé un concours de salubrité pour endiguer un tant soit peu cette insalubrité ambiante dans la cité du paysan noir. "C’est pour amener les femmes à prendre conscience du lien qui existe entre la salubrité et la santé de la mère et de l’enfant", a assuré la présidente, Laurence Héma qui a, par ailleurs, invité les conseillers à jouer leur rôle de sensibilisateurs dans les secteurs. Les résultats de ce concours de salubrité ont donné le secteur 7, une zone nouvellement lotie, gagnant. Tous les participants à ce concours ont du reste été primés le dimanche 25 juillet 2010. Chacun d’eux ayant reçu du matériel de pré-collecte des ordures ménagères. Vivement que ce matériel donne un coup de fouet à la salubrité dans la cité du paysan noir.

Mamoudou TRAORE

Le Pays

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