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Bobo : Souder le plastique, ça fait vivre

Publié le mardi 17 août 2004 à 07h47min

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Ils sont en tout cas des bricoleurs. Ils ont choisi de s’unir pour affronter la vie. Leur métier consiste à coller les morceaux de tout objet en plastique dur. Très vite ils sont devenus célèbres à Bobo-Dioulasso.

Ils sont six jeunes gens ayant entre 15 et 20 ans. Depuis cinq ans, ils ont décidé de s’auto-employer. Le bricolage est leur métier, spécialisés qu’ils sont dans le plastique. Plutôt que d’envoyer à la poubelle une chaise de jardin une glacière fendue, nombreux sont ceux qui ont recours à leurs services. Ils sont d’autant plus sollicités que nombreux sont les propriétaires de motos Yamaha V-80 et autres "Jakarta" dont la carrosserie est presqu’à 100% élaborée en plastique dur. Avec ces derniers, ils font de bonnes affaires. Tout au moins, ils gagnent honnêtement leur vie.

Leur atelier de fortune, ils ont choisi de l’installer en plein air, près de la route, sur les rebords humides d’un caniveau, au pied d’un de ces arbres qui bordent les grandes voies urbaines.

Ils s’appellent Sayouba, Dramane, Souleymane, Bouba... Pétris de dynamisme et à tout moment gais et enjoués, plaisantant sans retenue avec telle ou telle vendeuse d’oranges, de manioc ou de cacahuètes. Ils exercent cependant avec patience et dextérité, à la satisfaction des clients.

Ils n’ont pour tout matériel de travail qu’un fourneau, des tiges de fer, du charbon, et du plastique souple collecté par-ci et par-là. Comment sont-ils arrivés là ? Le chef de groupe Bouba, la vingtaine, exerçant depuis six ans explique : "un ami a cassé le capot de sa moto. J’ai essayé de racoler les morceaux et j’y suis arrivé. J’ai alors compris que cela pouvait me rapporter au lieu de rester à ne rien faire à la maison". Métier acquis au petit bonheur du hasard, avec le flair génial qu’il en viendrait à être utile pour la société sinon incontournable, dans cette cité où règne le plastique, et où les revenus faibles dominent car tout le monde ne peut se procurer du neuf. Au fil du temps, le chef de groupe s’est allié cinq amis, tous animés par la même détermination. Du matin à la tombée de la nuit, ils sont toujours là, arrimés à cette tâche qui les a fait dignement sortir du chômage.

Combien gagnent-ils par jour ? Entre 1 000 et 2 500 F, disent-ils, mais certainement bien plus au regard de la grande sollicitation dont ils sont l’objet.

Ces "petits ingénieurs sans diplômes" n’ont jamais bénéficié d’une quelconque formation. Certains d’entre eux n’ont jamais connu les bancs d’école. La plupart n’a pas dépassé le cap du primaire ou de l’école coranique. A travers la ville, beaucoup d’autres groupes, à l’image de ceux-ci, exercent dans d’autres spécialités et gagnent ainsi leur vie. Ils sont serruriers, frigoristes, mécaniciens, électriciens, carreleurs. Ils ont décidé de prendre à bras-le-corps les affres de la vie urbaine.

Pour nos jeunes spécialistes du plastique, l’avenir semble être prometteur. En tout cas, tant qu’il y aura du plastique, des capots et des pare-chocs brisés, des feux de positionnement cassés. On a même envie de dire : "tant qu’il y aura des accidents de la circulation...".

Jean-Luc BONKIAN
Sidwaya

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