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Une lettre pour Laye (16/07/04)

Publié le vendredi 16 juillet 2004 à 07h43min

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Cher Wambi,

Ce n’est certainement pas demain que nous verrons la fin des querelles qui enveniment les partis de l’opposition burkinabè. A un an de la présidentielle, qui fait déjà des vagues, les contempteurs de Blaise Compaoré semblent éprouver de la peine à entonner le même hymne.

Après la tempête qui a secoué la Convention panafricaine sankariste (CPS) de Nongma Ernest Ouédraogo et qui a accouché du Front démocratique sankariste (FDS) de Kientéga M. Fidèle en juin dernier, nous assistons aujourd’hui au divorce entre l’Opposition burkinabè unie (OBU) et les 14 partis signataires du "memorandum du 23 février 2004" contre la révision du Code électoral.

Tu te rappelles que l’OBU que dirige Emile Paré, "le chat noir du Nayala", avait annoncé le 5 mai 2004 la suspension de sa participation aux activités desdits partis, pour divergences dans l’appréciation de la stratégie à mettre en place pour affronter la présidentielle de 2005, notamment dans le choix et le nombre des candidats de l’opposition.

Si pour l’OBU l’option retenue est celle du candidat unique de l’opposition, ou, à défaut, de candidats qui ne soient pas comptables de la gestion du régime Compaoré, les 14 signataires du "memorandum du 23 février" planchaient pour une, deux ou trois candidatures. Voilà, cher cousin, le nœud de la discorde. Alors que ceux des plus optimistes de la République rêvaient de la paix des braves pour sauver l’essentiel, c’est-à-dire un front uni et fort pour éprouver l’enfant terrible de Ziniaré en 2005, j’ai vu circuler une déclaration des 14 signataires du memorandum, qui dit à peu près ceci à leurs militants : nous vous informons que nous avons pris acte de la décision de l’OBU de suspendre sa participation à nos activités.

En tout état de cause, au regard des actes et déclarations des responsables de l’OBU, nous considérons qu’elle s’est exclue elle-même de notre regroupement... Le retrait de l’OBU du regroupement actuel des partis d’opposition permet une nouvelle clarification au sein de l’opposition dans notre combat pour une alternance alternative". Jusqu’au moment où je traçais ces lignes, cher cousin, je n’ai eu vent d’aucune réaction de Paré et des siens. L’OBU accepterait-elle d’être désamorcée si facilement ? Sa revanche pourrait consister à trouver un bon étalon pour l’échéance de 2005, mais lequel ?


- Je reste toujours dans le registre de la politique pour te dire que la présidentielle 2005 continue d’animer la chronique. A ce sujet, j’ai lu dans « Marché tropicaux », un hebdomadaire français, dans sa livraison n°1501 du 2 juillet 2004 que « les leaders des formations se réclamant d’une opposition véritable se seraient engagés pour ne présenter que trois candidats afin de ne pas multiplier les candidatures et espérer remporter le scrutin dès le premier tour ». Selon cet hebdomadaire, le schéma esquissé retiendrait Hermann Yaméogo de l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD), Norbert Tiendrébéogo du Front des forces sociales (FFS) et Ram Ouédraogo du Rassemblement des écologistes du Burkina (RDEB).

Selon Frédéric Lejeal, l’auteur de l’article, une clause aurait été signée par les deux premiers, posant le principe d’un désistement au profit d’une candidature unique, cela, bien entendu, dans l’hypothèse d’un second tour. Laisse-moi te dire cher Wambi, sans remettre en cause les sources d’information de l’hebdomadaire français, que s’il arrivait que les choses se passent selon ce schéma, nous n’aurions pas moins d’une dizaine de candidats pour la présidentielle 2005. Et ce qui est curieux c’est que dans ce schéma, on ne fait pas cas d’autres leaders influents comme Me Bénéwendé Sankara ; et que dire de Me Gilbert Ouédraogo, récemment désigné chef de file de l’opposition, mais considéré comme faux opposant ?


- De l’autre côté de la rive, entends par là la mouvance présidentielle, on s’est attaché les services de certaines formations de l’opposition pour créer un creuset formel qui s’appellera l’Union pour la république (UPR) et qui se donne pour objectif principal de soutenir le camp présidentiel pour l’échéance de 2005. Il regroupe Sébastien Ouédraogo, président de l’ULD, qui a ferraillé dur pour l’avènement de ce regroupement ; Saydou Kaboré du Front de refus, le Mouvement patriotique pour le renouveau (MPR), l’APL avec le député Toussaint Abel Coulibaly, le député Gouem Laleya (CNDP), Bangou Gnénian du FPC, et Nazi Bani de l’UDF.

L’assemblée générale constitutive de l’UPR est prévue pour ce mardi 20 juillet à Ouagadougou et l’on connaîtra en même temps le nom de son président, qui devra convaincre sur le terrain afin de montrer qu’il apportera un plus au camp de Blaise Compaoré à la course pour la magistrature de 2005. En attendant cette échéance, cher cousin, nous serons bien servis en surprises.


- Le grand bissa de New York, je veux parler de notre compatriote Zéphirin Diabré qui officie depuis quelques années au Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) en tant que Administrateur associé, vient de tomber dans les bonnes grâces de l’Union pour la majorité plurielle (UMP), le parti du président français Jacques Chirac, qui a sollicité son concours pour animer le nouveau centre de réflexion qu’elle vient de créer : la Fondation pour l’innovation politique.

A ce qu’on dit, Diabré serait même membre des instances dirigeantes puisqu’il siégera au comité d’orientation de ladite fondation. Structure indépendante de réflexion pour éclairer la démarche de l’UMP et de la classe politique française en général, la Fondation regroupe des personnalités françaises et étrangères susceptibles d’apporter une contribution de qualité au débat des idées et de tracer des perspectives d’avenir pour la société française.

Il y a fort à parier que Diabré et ses collègues auront du pain sur la planche pour proposer des stratégies consensuelles, quand on connaît les querelles de clocher qui animent le parti chiraquien. Tu me demanderas certainement comment cela est possible d’autant plus que Diabré n’est pas Français que l’on sache ? Eh bien, cher cousin, le monsieur a fourbi ses armes et dispensé ses connaissances dès son jeune âge à Bordeaux où ils comptent de nombreux amis tel Alain Juppé... et de nombreux élèves, et j’en passe. C’est te dire donc qu’il connaît aussi bien l’histoire, les hommes que les traditions de ce pays.


- Le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Moumouni Fabré, au cours d’un des hebdomadaires points de presse du gouvernement, nous avait promis les gouverneurs pour avant août 2004. A quelque deux semaines de cette échéance, rien ne pointe à l’horizon. Mais de sources généralement bien informées, des officiers supérieurs de notre armé auraient été consultés pour d’éventuelles nominations à ses postes, sans succès. Parce que lesdits officiers considéreraient la fonction de gouverneur de région comme un garage qui ne dit pas son nom. Ont-ils seulement fait le bon choix ? L’avenir nous le dira cher cousin.


- Dans ma dernière lettre, tu t’en souviens, je te parlais d’un vol d’armes de guerre survenu à Kaya, la capitale du Sanmatenga. J’avais été plus loin en te disant que les soupçons pesaient sur certains éléments de la Brigade de gendarmerie de ladite ville, avant d’interpeller le chef d’état-major, le colonel Mamadou Traoré, le patron des pandores. Je suis heureux de t’apprendre aujourd’hui que celui-ci est allé encore plus loin que moi. Selon des informations qui me sont parvenues, mis au courant de l’affaire, ses services de renseignements auraient mis leur machine d’enquêtes en marche, qui a permis de cueillir les détenteurs desdites armes, au nombre de sept (7) pour le moment puisque les investigations se poursuivent. Peut-être, cher cousin, en saurons-nous davantage incessamment vu que le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire en sera saisi.

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- Tu te rappelles aussi, je t’informais que le ministre d’Etat, chargé de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques, Salif Diallo, avait été évacué à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce où il reçoit des soins pour asthénie (fatigue générale). En bien, sache que joints au téléphone par un proche du ministre, le fils aîné de ce dernier et son frère cadet, qui étaient aux côtés du malade, ont rassuré que l’état de santé de "Gorba" évolue positivement. Du reste ces deux parents directs de Salif Diallo sont rentrés à Ouaga, le mercredi 14 juillet dernier par vol régulier d’Air France. Les dernières nouvelles venant du Val-de-Grâce sont donc bonnes. Prompt rétablissement à Salif, et qu’il nous revienne rapidement !


- S’il y a une route qui a fait couler beaucoup d’ancre et de salive, c’est bien la nationale 1, en son tronçon Boromo-Bobo-Dioulasso dont les travaux du dernier bitumage ont été confiés à l’entreprise Razzel Frères. Cher cousin ça ne date pas d’aujourd’hui, mais au village tout le monde a souvenance que les travaux avaient été mal exécutés, pour ne pas dire baclés. Ce à quoi les autorités étatiques et les bailleurs de fonds avaient réagi vigoureusement, intimant à l’entreprise fautive l’ordre de les reprendre. Qu’en-est-il aujourd’hui ?

Pour le savoir, le ministre des Infrastructures, des Transports et de l’Habitat effectuera une visite du chantier ce week-end, accompagné des responsables de ses services techniques en charge des routes et des experts chargés du contrôle et de la conformité des travaux de réfection, à savoir le Centre d’études techniques de l’équipement (CETE) de Rouen en France, et le Laboratoire national du bâtiment et des travaux publics (LNBTP) du Burkina Faso.

Mais après, cher cousin, le ministre Lingani devrait ouvrir l’œil sur le Sud-Est où les populations de Zabré, Zoaga, Bingo frontière du Ghana commencent à grogner. Le tronçon de 25 km reliant ces localités devrait être bitumé dans le cadre du Financement FED. Alors que Colas l’entreprise attributaire de ce marché juteux, plie bagage, les populations des localités sus-citées n’ont de quotidien que la poussière, les-nids-de poule, la boue après chaque pluie. Le bitumage de leur route est rejeté aux calendes grecques. Que s’est-il passé entre-temps ? Mystère et boule de gomme. Osons croire seulement qu’il ne s’est pas produit un autre scandale, y relatif.

- Les bâtonniers en exercice de l’espace UEMOA s’étaient donné rendez-vous le 15 juillet 2004 à Ouagadougou afin de jeter les fondements des textes constitutifs dans la perspective de l’assemblée constitutive de l’Union des Barreaux, envisagée pour le mois d’octobre prochain.

Cette importante rencontre, initiée le 17 juin dernier en marge de la rentrée solennelle de la Conférence de stage du Barreau du Sénégal, a été reportée sine die pour cause de décès le dimanche 11 juillet du bâtonnier du Bénin, Me Sévérin Anatole Hounnou. Cher cousin, le deuil qui frappe tous les hommes en noir de l’espace UEMOA est aussi le nôtre et je t’invite à compatir avec moi à leur douleur.


A présent, feuilletons le carnet secret de Tipoko l’Intrigante.

- Les différents concours directs de la Fonction publique ont été lancés depuis le 09 juillet 2004, et, comme chaque année, les futurs candidats se bousculent au bulding Lamizana pour prendre connaissance de la liste des concours auxquels ils pourront prendre part. Ce que beaucoup ignorent, c’est que depuis le lancement des sites web des ministères en avril dernier, il n’est plus nécessaire de se déplacer au ministère de la Fonction publique et de la Réforme de l’Etat pour avoir ce genre d’informations. Pour cela, il suffit désormais de se connecter sur le site web du ministère, dont l’adresse est : www.fonction-publique.gov.bf.


- Les conjoints et conjointes des membres du gouvernement sont organisés en une structure qui se réunit régulièrement, et réalise de temps en temps des projets sociaux financés par les cotisations mensuelles de ses membres. C’est ainsi que lors de leur dernière réunion, tenue le samedi 03 juillet 2004, les conjoints et conjointes des membres du gouvernement ont décidé d’acquérir un moulin au bénéfice de madame Fofana, épouse du ministre des Relations avec le Parlement, porte-parole du gouvernement (le choix du bénéficiaire se fait par tirage au sort). Ce moulin sera remis le samedi 17 juillet 2004 à partir de 10 heures aux femmes du village de Salgo dans le Ganzourgou, dont madame Fofana est originaire. C’est à la résidence de Son Excellence monsieur le Premier ministre que les conjoints et conjointes des membres du gouvernement se sont donné rendez-vous pour le départ à Salgo.


- Après la reconstitution des faits et les différentes confrontations effectuées dans les affaires "Saul de Tasse Traoré", "Issiaka Pitroipa" et autre "Kota", on devrait maintenant s’attendre aux procès. Il ressort de centaines sources que lesdits procès pourraient se dérouler dans le courant du mois de décembre 2004. La raison serait que le calendrier politique du Faso est trop chargé. Il faudra attendre que passent le Sommet extraordinaire des chefs d’Etat de l’Union africaine (UA) sur l’emploi et la lutte contre la pauvreté, (septembre) et le Xe Sommet de la Francophonie (novembre).


- Des fraudes au BEPC 2004, on en parlera toujours tant l’indignation est générale après le verdict du procès des coupables et de leurs complices, livré par le tribunal de grande instance de Ouagadougou le 02 juillet 2004. Il est heureux d’apprendre que le parquet a fait appel, et l’on attend que la Cour d’appel statue incessamment dessus. Ce qui pourrait arriver même pendant les vacances judiciaires. Plus d’un attendent de chanter ce jour-là le deuil de l’impunité.


- Le vendredi dernier en début de soirée, le ministre de la Culture, des Arts et du Tourisme, Mahamoudou Ouédraogo, et ses plus proches collaborateurs étaient au Centre national des spectacles et de l’audiovisuel (CENASA). C’était l’occasion de dire au revoir à ceux des travailleurs dudit département admis à la retraite au cours de l’année 2003. Ils étaient au total neuf doyens à lever le verre avec leurs collaborateurs d’hier dans la gaieté. Le message de Mahamoudou a été réconfortant : "Vous êtes admis à la retraite, mais cela ne signifie point que vous quittez la maison. Vous restez pour nous des adresses, des ressources sûres pour l’édification de l’œuvre commune". Ce cocktail d’aurevoir inédit a été sanctionné par une remise de cadeaux aux neuf "koros". Chacun d’eux a en effet reçu une toile en batik et un sac de riz de 50 kg.


- Des villes situées dans un rayon d’une centaine de kilomètres autour de Ouagadougou, il n’y en a pas une qui soit aussi pauvre en infrastructures hôtelières que Yako, chef-lieu de la province du Passoré. Plus d’un hôte a été surpris par cette situation lorsqu’il s’est retrouvé en mission dans cette ville. Et avec juste raison, surtout quand on sait que de personnalités aussi bien du monde des affaires que de la politique, cette ville, pour ne pas dire cette province, en compte beaucoup, à commencer par le richissime Oumarou Kanazoé.

Au cœur de la ville, sur la voie bitumée qui la traverse en direction de Ouahigouya, le fameux hôtel dont on a longtemps entendu parler attend depuis belle lurette d’être achevé. Mais même s’il n’y a pas d’hôtel, au moins il ne devrait pas manquer d’auberge digne de ce nom pour loger les visiteurs occasionnels. En tout cas celle que Yako possède est indigne d’une cité qui a de grands noms comme O.K. et bien d’autres connus jusque dans le Burkina profond. Hormis les locaux de l’association Solidarité et entraide mutuelle au Sahel (SEMUS), il y n’a pas de logements décents dans la ville à pour loger décemment un V.I.P.


- « La Paix est un don de Dieu, que nous devons accueillir dans l’espérance et bâtir dans la confiance mutuelle, elle est aussi un bien commun confié à la responsabilité de chacun et de tous » (Message des deux Episcopats Ivoirien et Burkinabè du 24 avril 2004). Un des actes de la rencontre historique d’Abidjan du 22 au 25 avril 2004 : les évêques de la Côte d’Ivoire et du Burkina Faso convient les fidèles catholiques des deux pays à un pèlerinage à la Basilique Notre-Dame de la Paix de Yamoussoukro au mois d’août 2004. Un comité chargé de la préparation du pèlerinage conjoint est à pied d’œuvre dans les deux pays.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie. Au revoir. Ton cousin Passek Taalé.

L’Observateur Paalga

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