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Reprise des affaires à Rood Woko : C’est pour le 9 mai

Publié le jeudi 23 avril 2009 à 03h16min

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Le marché central de Ouagadougou, Rood Woko, a bel et bien rouvert le jeudi 16 avril dernier. Si d’aucuns croient, après la cérémonie officielle d’ouverture, à la reprise effective des affaires, ce n’est pas encore totalement le cas. En attendant que dans quelques semaines on s’y bouscule pour faire ses emplettes, Rood Woko reste fermé au public, et l’heure est à la réinstallation des commerçants dans leurs boutiques respectives.

Après six ans de fermeture pour cause d’incendie, le marché central de Ouagadougou, Rood Woko, a rouvert le jeudi 16 avril dernier. Les travaux de réhabilitation et de rénovation, d’un coût total de 3,5 milliards de francs CFA, ont permis de réaliser 3 072 boutiques et étals.

Après la cérémonie officielle de réouverture, ils sont nombreux certainement à imaginer déjà Rood Woko grouillant de monde, les allées bondées de commerçants occupés à ranger leurs marchandises, avec même peut-être les premiers clients. Que nenni ! Pour l’instant, le marché central, toujours fermé au public, accueille ses premiers occupants avec l’opération de réinstallation des commerçants en cours.

Le mardi 21 avril 2009 marquait justement le début des relogements dans le quartier 2. Devant la grande porte donnant face à l’auberge L’Eau Vive, c’est l’attroupement. Tandis qu’à droite, des bancs très peu fréquentés sont disposés. A gauche, des tables occupées par une quinzaine d’agents de la direction du marché sont dressées derrière les barrières de sécurité. A l’entrée de ce "carré", des forces de l’ordre sont postées, la matraque à portée de main.

De l’autre côté, ce sont quelques commerçants qui conversent bruyamment, apparemment bien heureux d’avoir été attributaires de boutiques au sein de ce grand marché. Quant au responsable administratif et financier de Rood Woko, Sié Kader Sib que nous avons fortuitement rencontré sur place, il nous a parlé de la procédure de réinstallation, qui est la suivante : "La première étape consiste en la vérification d’identité du propriétaire de la boutique. Une fois son identité attestée, il signe le cahier de charges et se voit attribuer l’autorisation d’aller payer à la caisse. Là, on lui indique le montant à payer qui est égal à 2 mois de caution plus un mois de loyer en fonction de son établissement. Ce montant varie de 12 800 F x 3 pour les échoppes de 2,5 m2 du type E1 à 65 800 F x 3 pour les boutiques de 20 m2 de type B4. Muni des quittances qui lui sont délivrées une fois la somme réglée, le commerçant passe à la signature du contrat de location. C’est au sortir de ces étapes administratives que le locataire peut pénétrer dans le marché où des agents se chargent de lui montrer l’emplacement de sa boutique".

Au moment où nous entrions dans le marché, un ouf de soulagement bruyant a attiré notre attention à la porte d’entrée. Il a été poussé par un homme, la cinquantaine, vêtu d’un boubou blanc et d’un bonnet de la même couleur, qui avançait rapidement, documents en main, flanqué d’un jeune homme, sans doute son employé. Moussa Soudré, c’est son nom, est un commerçant de pièces détachées, qui vient de sacrifier aux formalités de signature du contrat de location.

Deux agentes, le rencontrèrent pour lui présenter une boutique type et lui firent part des dispositions sécuritaires à prendre en compte dans sa boutique. On lui montra le modèle des étagères qui ne doivent pas toucher le mur et le boîtier qui doit contenir les fils électriques. "Je connais déjà tout ça. C’est clair pour moi", rétorqua-t-il, coupant court aux explications. "Je sais bien ce que je dois faire pour qu’il n’y ait pas de feu", lança-t-il aux dames avant de reprendre son chemin d’un pas pressé, tout impatient de revoir sa boutique.

Plus loin, une autre employée lui demande son reçu pour le conduire à son emplacement. Et le voilà enfin devant sa boutique rénovée. Un rapide merci à son guide et il s’empresse de soulever la grille de la boutique. Premier constat : les étagères qu’il avait laissées là à sa sortie ont été démontées et emportées : "Ils auraient pu au moins nous dire de venir les enlever ou tout simplement les ranger de côté afin de nous éviter les frais de confection de nouvelles étagères dont le coût oscille entre 50 000 et 100 000 F". Une vraie fortune en cette période de crise financière.

A en croire Moussa Soudré, ils se retrouvent dans leurs échoppes, la peur au ventre, Dieu seul pouvant dire s’ils peuvent réaliser encore de bonnes affaires ou pas. "On reprend en espérant, explique-t-il, que nos prières seront exaucées, et poursuit : Les recommandations et les interdictions par-ci par-là ne servent à rien pour l’instant. C’est nous qui savons comment jongler pour relancer nos affaires".

Et son employé de rappeler l’interdiction de mettre des tables devant les boutiques, une mesure qui, pour lui, réduit considérablement l’espace d’étalage de leurs marchandises. Des bruits de planches sciées et de clous visses se font entendre des boutiques voisines. Nous allons aux nouvelles.

A quelques pas de là, nous tombons sur deux menuisiers montant des étagères sous les directives d’un homme âgé, vraisemblablement le propriétaire. Il se nomme Rasmané Ilboudo ; commerçant de marchandises diverses, il est en train de réintégrer ses locaux avec les mêmes attentes que son voisin : "Depuis que le marché est fermé, on n’a pas eu de bons emplacements ailleurs et on espère que ce retour sera fructueux".

Interrompant notre conservation pour inciter ses employés à faire diligence, car la fermeture du marché est prévue pour 14 h, soit 2 heures et demi plus tard, il semble être bien soucieux de la bonne relance de ses affaires à Rood Woko. Cet espoir est partagé par tous aussi bien à l’intérieur qu’aux alentours de Rood Woko.

Le parking Wend-Manendgo situé du côté de la pharmacie Diawara, est désespérément vide, et pourtant il est midi, une heure de grande affluence d’habitude. Malgré ces débuts difficiles, la responsable, Marie Virginie Sanou ne désespère pas du manque d’affluence. "Ça viendra avec la reprise des activités", assure-t-elle.

Même si, par ailleurs, elle se demande si les forces de sécurité postées tout autour du marché ne vont pas effrayer les clients venus de la campagne, qui auront sans doute peur d’amener leurs engins jusqu’au parking.

Ainsi, à Rood Woko, l’heure n’est pas encore au brouhaha, à l’affluence monstre ou à la reprise effective du commerce contrairement à ce que d’aucuns penseraient. Les commerçants en sont encore au stade de leur réinstallation.
Réouverture au public le 9 mai

Au dire du directeur du marché, Amadou Saoud Sondé, la période des réinstallations est prévue pour durer jusqu’au 6 mai. Cette première phase a pris effet depuis le 17 et consiste, selon lui, aux paiements par les commerçants de la caution et du loyer de juillet avant l’identification de leurs boutiques afin de leur permettre d’y faire les aménagements nécessaires.

Ensuite l’opération reprendra avec les retardataires et les cas litigieux entre le 11 et le 16 mai.

"Selon le programme, si tout se passe bien, à partir du 16 mai, tous les commerçants de Rood Woko devront être réinstallés. Mais avant, nous envisageons la réouverture du marché au public à compter du 9 mai. Toutefois, ce plan peut subir des modifications si l’affluence des commerçants, à cette date, n’est pas celle escomptée".

Voilà l’ambiance qui prévaut à Rood Woko une semaine après sa réouverture.

Hyacinthe Sanou (Stagiaire)

L’Observateur Paalga

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