Selon l’accompagnanteur que nous avons trouvé en arrivant au bloc vers 11 h et demi, la patiente, une femme âgée de 54 ans, se plaignait de douleurs localisées au niveau de son abdomen depuis 4 ans. Toute la famille croyait à une grossesse, mais plusieurs années sont passées et le ventre ne faisait que grossir. Au cours du mois d’août 2008, les douleurs étaient devenues plus vives. "Alors, explique l’accompagnateur nous nous sommes rendus à la maternité du CHR où une échographie a révélé la présence d’un gros kyste. Il fallait donc intervenir, mais vu l’état de faiblesse de la femme, le gynécologue a prescrit un traitement qu’elle a suivi depuis août pour la remonter. C’est le mercredi 25 février 2009 que la décision de l’intervention chirurgicale a été prise".

L’équipe, composée du docteur Dao, des attachés de santé spécialistes en chirurgie, Ouili Issa, Sanou Daffra et Topan Nabi Ibrahim, des anesthésistes Mamoudou Ouédraogo et Sombié Jean De Dieu, et du garçon de salle Bertrand Somé, a mis 45 mn pour effectuer l’intervention. Ce temps relativement court, l’équipe l’explique par le fait que la boule n’avait pas d’adhérence à l’intérieur de l’abdomen. Selon le docteur Dao, ce kyste n’est rien d’autre qu’une masse, une formation liquidienne avec des cloisons à l’intérieur qui s’est développée aux dépens de l’ovaire gauche de la patiente. L’ovaire étant l’organe chez la femme qui contient des follicules qui sont libérées chaque mois pour constituer, avec les spermatozoïdes, un œuf.

C’est donc cette structure qui a augmenté de volume de façon délibérée. La durée du mal, telle qu’annoncée par l’accompagnateur, soit environ 4 ans, est d’ailleurs confirmée par Dr Dao. « Il faut plusieurs années pour qu’un kyste atteigne une telle proportion », a-t-il dit. En effet, ce kyste, selon certains agents de santé, représente à lui seul 2 ou 3 bébés. Le docteur Dao explique que la plupart du temps, le kyste de l’ovaire se manifeste par une boule que la femme sent à l’intérieur de son ventre ; qui bouge de temps en temps.

Mais si elle n’y prend garde, c’est-à-dire si elle ne vient pas se faire consulter dans les meilleurs délais, la boule augmente de volume, créant des troubles du cycle voire son arrêt. Cette aménorrhée conduit certaines femmes, bien qu’ayant atteint la ménopause, à croire qu’elles portent une grossesse. Les conséquences d’un kyste surtout lorsqu’il atteint un tel volume sont dangereuses. Le kyste comprime les différents organes à l’intérieur de l’abdomen tels les voies urinaires. Ce qui, selon Dr Dao, peut avoir des effets néfastes sur la fonction rénale. Lorsque la masse est d’origine cancéreuse, le mal peut se propager dans tout l’organisme.

"C’est pourquoi, ajoute-t-il, il est important que lorsque les femmes constatent quelque chose d’anormal au niveau du ventre, elles doivent rapidement aller consulter car les structures sanitaires disposent de l’équipement nécessaire pour identifier facilement ce genre de masse et le traiter avant qu’il ne prenne des proportions importantes". La rapidité du diagnostic paraît plus important lorsqu’il s’agit d’une masse d’origine cancéreuse, le traitement permet de sauver certaines femmes. Cette patiente vient porter à quatre le nombre de femmes allégées en deux ans au bloc de Banfora d’un kyste d’un si grand volume. Au moment où nous quittions le bureau du docteur, la patiente qui s’était réveillée quelques temps après l’intervention, était hors de danger.

Par Mamoudou TRAORE

Le Pays