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Transport de viande à Ouaga : Entre fumée et poussière

Publié le jeudi 15 janvier 2009 à 02h23min

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Vélo homme, moto Ninja, Yamaha homme et dame, et autres motos, Access, Best ou X1, communément appelées Rainbow, tous les moyens de transport sont bons aux yeux de nombreux bouchers de la ville de Ouagadougou pour convoyer leurs marchandises, de l’abattoir frigorifique, situé à Kossodo, vers les autres quartiers.

Loin de nous l’idée de donner des leçons, encore moins de créer des problèmes à nos braves bouchers, qui se débrouillent comme ils peuvent pour gagner leur pitance et nous assurer le "poutôko", les brochettes ou le porc au four (selon la préférence de chacun) à la récréation de 10 heures ; car nous abordons le sujet juste pour une recherche de solutions aux problèmes du transport de la viande, qu’ils rencontrent dans l’exercice de leur métier.

Parmi les habitudes que les Ouagalais gardent depuis l’école primaire, se trouve en bonne place la pause à 10 heures, soit à la mi-journée. A l’heure convenue, on se retrouve à un coin habituel pour se mettre « dans les conditions de travail » pour le reste de la journée.

Quant aux dossiers en attente, ils peuvent toujours attendre. Et si midi nous surprend au coin, ce n’est pas grave. Le bureau nous retrouvera à 15 heures. Il faut donc que le boucher (peu importe le moyen qu’il utilisera) arrive à nous assurer notre pain quotidien.

Mais dans quelles conditions ? Bien sûr qu’il ne faut pas condamner tout de suite les travailleurs de ce secteur d’activité. Car il ne s’agit pas souvent d’un manque de volonté de leur part, mais plutôt d’un manque de capacité financière.

En effet, parcourir une dizaine de kilomètres ou plus, juste pour aller abattre une chèvre ou acheter une petite quantité d’intestins de moutons, c’est déjà un sacrifice. Si vous prenez un taxi, il ne vous facturera pas selon le volume de la marchandise, mais par rapport à la distance à parcourir.

Reconnaissons donc que le transport est difficile pour celui qui a juste une carcasse de chèvre et qui exerce dans un quartier périphérique au sud ou à l’est de la capitale, opposé à l’abattoir, qui, lui, est situé au nord-est, à une dizaine de kilomètres du centre-ville. C’est pourquoi chacun se débrouille comme il peut.

En même temps, la question d’hygiène s’invite. Le boucher lui-même peut être présentable, son engin relativement présentable, mais c’est le transport de la viande, à moitié couverte par un sac en plastique ou des emballages de ciment, qui pose problème.

Le matin, aux heures de pointe, les bouchers se faufilent entre les véhicules de tous genres et de tous âges, qui dégagent naturellement des fumées selon leur état. En plus de cela, il y a les huiles usées des moteurs et aussi la poussière des voies non bitumées qu’ils empruntent dans les quartiers périphériques. Même que dans certains véhicules bâchés qui transportent les carcasses, on n’hésite pas à poser les vélos de bouchers sur la viande. Que faire ?

L’idéal, c’est de trouver plusieurs fourgonnettes (ou des tricycles aménagés) pour faire les livraisons, mais les intéressés pourront-t-ils supporter le coût du transport ? Nous pensons que les municipalités, les ministères chargés des Transports, du Commerce, de l’Action sociale, de la Santé, les partenaires techniques et financiers, et les ONG qui interviennent dans le secteur de la santé peuvent les accompagner dans l’acquisition de moyens de transport plus conformes aux règles d’hygiène.

Ainsi, ils pourront s’organiser par zone ou par secteur et chacun attendra tranquillement sa livraison à son lieu de travail. Chose que nous savons très difficile, mais réalisable. Une telle mesure réduirait à la fois les risques que la viande soit infectée sur la route et, du coup, l’abattage clandestin que pratiquent toujours certains, qui prétextent justement l’éloignement de l’abattoir.

En attendant, il faut que les bouchers fassent l’effort de protéger la viande de la poussière, de la fumée des pots d’échappement et des huiles de moteurs avec des moyens appropriés. Peut-être que FASOPLAST peut aussi apporter sa contribution en matière d’emballage comme c’est le cas pour le pain. Ça ne ferait qu’améliorer les conditions d’hygiène de tous et de chacun.

Emmanuel Ilboudo

L’Observateur Paalga

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