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Gérard Kango Ouédraogo : 4 heures de cours d’histoire

Publié le jeudi 18 décembre 2008 à 01h12min

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Le 15 décembre 2008, Gérard Kango Ouédraogo a dispensé un cours d’histoire sur le Burkina. C’était dans le cadre d’une série de sessions de témoignages de décideurs politiques ou de personnes de ressources de notre pays initiée par le Centre d’analyses des politiques économiques et sociales (CAPES).

Il ne se présente plus au Burkina Faso et même au-delà, dans la sous-région. Né en septembre 1925, il a occupé de hautes fonctions de responsabilité dans notre pays : ministre, président de l’Assemblée nationale et même Premier ministre… Parmi les personnalités historiques, de la Haute-Volta au Burkina, avec lesquelles il a cheminé, on peut citer Hamadé Bougraoua, Moussa Kargougou, Sangoulé Lamizana, le Dr Issouf Joseph Conombo (le seul parmi ces personnalités toujours en vie).

Il s’agit de Gérard Kango Ouédraogo, le surnommé « Duc du Yatenga ». Eh bien, c’est lui que le CAPES a donné l’opportunité, dans le cadre d’une série de témoignages de décideurs politiques ou de personnes de ressources ayant occupé de grandes fonctions de responsabilités, d’écouter le 15 décembre 2008.

Ce fut l’occasion pour le président d’honneur à vie du RDA de prouver qu’il a une mémoire d’éléphant. Son témoignage, vivant, sur le parcours de notre pays jusqu’à l’indépendance a épaté la fournée d’éminences grises du Burkina. Parmi elles, les ministres Adama Fofana (le modérateur des échanges), Nurikuyor Claude Somda, Adama Touré et des universitaires comme Albert Ouédraogo, pour ne citer que ceux-là.

Dès l’entame des échanges, le Duc du Yatenga a sollicité l’indulgence de l’auditoire car avec ses 84 ans, il lui arrive des trous de mémoire. Toutefois, le président d’honneur à vie du parti de l’éléphant (l’ADF/RDA) est parvenu à forcer l’admiration des auditeurs dans sa maîtrise des dates. Et il est important de noter que c’est sans un document sous les yeux que Gérard Kango (qui a perdu la vue) a livré son exposé.

Sous la direction donc d’Adama Fofana, le Duc du Yatenga nous a entretenu de divers sujets : ses rapports avec Hamadé Bougraoua, Houphouët Boigny, Maurice Yaméogo… ; sa carrière administrative au service des Affaires politiques, administratives et sociales (APAS), au siège du gouvernorat du Soudan français à Bamako ; son rôle dans l’inscription de Bougraoua sur la liste des candidats de Ouahigouya aux élections au Conseil général ; ses ambitions politiques pour la Haute-Volta avec la création de son Mouvement de regroupement des Voltaïques (MRV) puis du MDV ; sa contribution avec les chefs, comme le Yatenga Naaba Tigré, Mogho Naaba Koom II, le Mogho Naaba Saaga II et bien d’autres à la reconstitution de la Haute-Volta par la loi 10707 du 4 septembre 1947.

Bref, c’est sur ces sujets, entre autres, que Gérard Kango a tenu l’auditoire en haleine, pendant environ quatre heures, en présentant parfois des documents historiques comme preuves de son témoignage et que lui triait son fils Georges.

Le témoignage a été tellement édifiant que l’Assemblée a demandé au CAPES de négocier une deuxième rencontre avec le vieil éléphant. Pour Adama Fofana, le modérateur, comme à la pêche, le CAPES a fait une bonne prise.

Aussi, tout en louant cette institution pour l’initiative d’un tel plateau, il a souhaité qu’elle creuse davantage dans notre patrimoine, car il s’y trouve toujours des trésors humains vivants comme Gérard Kango. Ce genre d’échanges, a-t-il dit, nous permet de regarder « dans le rétroviseur pour voir notre chemin parcouru depuis les années 40 jusqu’à nos jours » et « nous faire une ligne de ce qui trame notre vie au quotidien ».

Du côte du CAPES, c’était également la satisfaction à l’issue du témoignage de Gérard Kango Ouédraogo. En tout cas, selon son directeur exécutif, le Dr Basga Emile Dialla, la rencontre a tenu toutes ses promesses. Il se réjouit que son institution ait réussi à rencontrer cette personnalité qui a réussi son balayage sur l’histoire de notre pays.

L’expérience ne s’arrêtera pas au "Vieux Gérard", à l’en croire. Elle se poursuivra avec d’anciens décideurs du pays qui ont toujours leurs bonnes expériences à partager avec les jeunes générations.

Hamidou Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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