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10e anniversaire de la disparition de Norbert Zongo : Le Collectif bat le rappel de ses troupes pour la réouverture du dossier

Publié le lundi 15 décembre 2008 à 03h32min

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Le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques (CODMPP) a commémoré, samedi 13 décembre, le 10e anniversaire de la disparition de Norbert Zongo. A Ouagadougou, recueillement et dépôt de gerbes de fleurs au cimetière de Gounghin, marche-meeting et concert d’artistes engagés ont constitué l’essentiel du programme de la commémoration.

Placé sous le thème : « 13 décembre 1998 – 13 décembre 2008, les assassins de Norbert Zongo courent toujours. 10 ans d’impunité, mais aussi 10 ans de mobilisation et de luttes : poursuivons avec persévérance la lutte pour la réouverture et l’instruction sérieuse de l’affaire Norbert Zongo, pour la vérité et la justice, contre l’impunité, contre la vie chère, contre la corruption, pour les libertés. », ce 10e anniversaire a été l’occasion pour les militants du Collectif de se recueillir et de déposer des gerbes de fleurs sur les tombes des disparus au cimetière de Gounghin.

Au-delà des victimes de Sapouy, le Collectif voulait ainsi rendre hommage à toutes les victimes des luttes pour plus de libertés au Burkina. Dans cet hommage lu par Tiergou Pierre Dabiré, de l’Association des journalistes du Burkina (AJB), le Collectif indique qu’il maintiendra la lutte pour la verité et la justice sur le drame de Sapouy. « Norbert Zongo, tes confrères veillent. Norbert Zongo, le pays réel est en alerte. Norbert Zongo, les peuples africains et du monde, épris de justice sont résolument engagés. Norbert Zongo, verité et justice triompheront », a lancé M.Dabiré.

La marche qui a suivi l’hommage au cimetière a connu la participation d’une foule nombreuse. « Depuis 1998, nous avons rarement connu une telle mobilisation. Le Collectif est vivant et déterminé à poursuivre la lutte jusqu’au bout, » estime Chrysogone Zougmoré, le président du Collectif.

Une mobilisation exceptionnelle donc, même si on aura constaté l’absence de figures emblématiques comme Joseph Ki-Zerbo (décédé) et la veuve de Norbert Zongo. « Dans la lutte pour la justice et la vérité, beaucoup de combattants sont tombés les armes à la main. Nous ne citerons ici que l’éminent et sage Pr. Joseph Ki-Zerbo », précise Tiergou Pierre Dabiré. Et Chrysogone Zougmoré d’ajouter : « La veuve est en déplacement, elle nous a informé… ». M Zougmoré qui a fait remarquer que même s’il y a des absences, le cercle du Collectif s’est agrandi avec la participation, cette année, d’artistes engagés désormais et acquis à la cause de la lutte contre l’impunité.

Il s’agit de Tiken Jah Fakoly, Smokey, Sam’s K. Le Jah, et bien d’autres qui ont réalisé un album avec pour titre « Norbert Zongo, Affaire classée ? » Ce sont quelques-uns de ces artistes qui ont, du reste animé le concert qui a clôturé les activités commémoratives. Tiken Jah Fakoly pourtant annoncé par le présentateur du Collectif, ne fera pas d’apparition jusqu’à notre départ.
« Les artistes ont prêté leurs talents pour dire non au « non lieu » et c’est un message fort, nous semble t-il, adressé à ceux qui rêvent qu’avec le temps, les Burkinabè oublieront et que l’impunité s’installera », indique Pierre Dabiré.

« D’autres affaires similaires suivies par Reporters Sans Frontières ne connaissent pas une telle mobilisation de foule comme nous le constatons au Burkina, dix ans après. C’est déjà une victoire contre l’impunité », soutient Jean-François Julliard, le secrétaire général de Reporters Sans Frontières.

Ceci explique-t-il cela, son organisation a durant la marche, décidé de rebaptiser l’avenue de la Nation, avenue Norbert Zongo. « Nous avons rebaptisé cette avenue pour le symbole car nous estimons que Norbert Zongo est un des grands journalistes, une des grandes plumes de ce pays. A ce titre, il mérite qu’une grande avenue de ce pays porte son nom en hommage à son action. Nous pensons que les autorités burkinabè devraient l’honorer…elles ne l’ont pas fait, en tout cas, pas suffisamment à notre goût », expliquera Jean-François Julliard.
En attendant, le Collectif compte initier de nouvelles activités notamment en 2009 pour obtenir la réouverture du dossier en justice. Il parle d’actions de mobilisation populaire à travers tout le pays et compte porter l’affaire devant une juridiction internationale. Il met en garde le pouvoir contre toute tentative d’aller contre ce qu’il appelle la soif de justice de notre peuple.

Evoquant les dix ans de lutte, le président du Collectif, Chrysogone Zougmoré a accusé certes les autorités de n’avoir rien fait pour l’aboutissement aisé de leur cause mais pointera surtout du doigt certaines personnalités politiques de l’opposition radicale, soupçonné par le Collectif d’avoir, pendant la lutte, au travers de milices, incendié des résidences de ses militants à Koudougou.
En tout état de cause, le Collectif pense que sa lutte a enregistré des avancées notamment au niveau des libertés individuelles et collectives, du jeu démocratique et de l’éveil des consciences populaires au cours de la décennie passée. Autre acquis considéré par M. Zougmoré, l’envergure prise par l’affaire. « Après dix ans de lutte, dit-il, le Collectif a réussi à faire de l’affaire Norbert Zongo, une cause nationale et internationale ». Le président du Collectif qui devrait contenir davantage la fougue de ses militants qui l’ont contraint à raccourcir sa déclaration et à laisser les artistes à l’action.

Victorien A. SAWADOGO (visaw@yahoo.fr)

Sidwaya

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