Le caractère multisectoriel de la lutte contre le VIH/Sida adopté par le Conseil national de lutte contre le Sida et les Infections sexuellement transmissibles (CNLST-IST) fait qu’aucune catégorie sociale n’est oubliée. D’ailleurs l’accent est mis sur certains groupes jugés plus exposés aux risques de l’infection à VIH. Est de ce groupe le milieu carcéral.

Il a bénéficié depuis 2006, d’un projet intitulé "Prévention et soins du Sida dans les prisons du Burkina Faso", objet d’un atelier de restitution des résultats qui s’est déroulé le jeudi 30 octobre 2008 au siège de l’Association pénitentiaire africaine (APA) à Ouagadougou. Le but du projet qui prend fin cette année était de renforcer la réponse au VIH/Sida en milieu carcéral au Burkina Faso en réduisant l’incidence et en mettant l’accent sur les femmes détenues et les mineurs en conflit avec la loi. Financé par la fondation Bristal Meyers squibb à travers le volet "Sécuriser le futur" le projet de l’association pénitentiaire africaine a atteint des résultats fort appréciables selon ses responsables.

En effet plus de 11 000 détenus ont reçu des informations sur les IST et le VIH/Sida, 3 300 affiches et 1 000 dépliants informatifs leur ont été distribués, de grandes affiches ont été placardées dans des établissements pénitentiaires à l’intention des détenus et des personnels. En outre 2 635 personnes ont été dépistées (2 437 détenus et 178 agents de la garde de sécurité pénitentiaire) parmi lesquelles 40 se sont révélées positives. 20 détenus séropositifs bénéficient de la prise en charge médicale et psychosociale. "Sous réserve de validation par les autorités sanitaires du pays, le taux de séroprévalence est de 2%", a indiqué M. Honoré Tougouri, président de l’APA lors de la présentation du rapport provisoire.

Toutefois l’étude suggère de consolider les connaissances techniques des animateurs APA et les agents de la Garde de la sécurité pénitentiaire (GSP) sur le VIH/Sida et sur les aspects spécifiques liés à la personne détenue. "Les compétences existent à l’heure actuelle et sont disponibles pour la pérennisation de l’action. Compte tenu de la rotation rapide du groupe cible, la sensibilisation doit continuer afin de maintenir le niveau de connaissances des intéressés", a affirmé M. Tougouri.

En tous les cas le secrétaire général du ministère de la Justice Jérôme Traoré qui présidait la cérémonie d’ouverture reconnaîtra que "l’impact de cette action est indéniable à plus d’un titre. Le nombre de détenus sensibilisés montre bien que ces personnes ont été intéressées aux messages délivrés lors des causeries- débats, les counseling pour le dépistage etc. Les résultats atteints qui m’ont été communiqués au fur et à mesure de l’avancée du projet par la direction de l’administration pénitentiaire et par le comité ministériel de la Justice contre le Sida sont le signe que l’action menée a été efficace et pertinente".

Au demeurant le projet qui a mis en lumière le groupe cible des détenus dans le cadre de la stratégie nationale de lutte contre le Sida au Burkina Faso a retenu l’attention d’autres acteurs au niveau régional et même international puisqu’il a été retenu pour être présenté à la Conférence internationale sur le Sida (CISMA) qui se tiendra à Dakar, au Sénégal en décembre prochain. M. Traoré a félicité et encouragé l’APA et ses partenaires pour leurs résultats en faveur de la lutte contre le Sida. "Je demeure convaincu que cette action doit se pérenniser et je puis vous assurer que mon département mettra tout en œuvre pour relever le défi et je ne ménagerai aucun effort pour vous appuyer dans vos démarches et initiatives tendant à cette fin", a conclu M. Traoré.

Charles OUEDRAOGO

Sidwaya