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Renaissance de l’« IDRI » : Aveu de précipitation au sommet de l’Etat

Publié le mercredi 6 août 2008 à 11h09min

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Ainsi donc, le gouvernement entend ressusciter, sous une autre dénomination, le défunt Institut diplomatique et des relations internationales (IDRI). En sa séance du 4 août 2008 en effet, le Conseil des ministres a adopté un décret portant approbation des statuts de l’Institut national des hautes études internationales (INHEI).

Il faut s’en féliciter. D’autant que la mise à mort, expéditive, de l’ex-IDRI a provoqué incompréhension et stupéfaction dans l’opinion publique nationale en général et au sein de l’intelligentsia en particulier. Rappel de deux faits.

10 avril 2007. Les élèves de la première promotion de l’Institut diplomatique et des relations internationales (IDRI) participent à une marche avec des membres du Syndicat des agents du ministère des Affaires étrangères (SAMAE).

11 avril, c’est-à-dire au lendemain de la manif. Le Conseil des ministres décide de la fermeture définitive de l’IDRI. Raison officielle avancée : « Pour décalage entre les résultats produits et les attentes liées aux objectifs initiaux de création de l’IDRI ». Mais, dans leur enchaînement, les faits semblent démentir la version du gouvernement. Beaucoup ont vu dans cette délibération du Conseil des ministres le signe manifeste d’une colère épidermique des autorités contre des élèves-fonctionnaires, « qui ont marché en jean », pour reprendre une expression présidentielle.

Devinette. Que vous rappelle cette mesure précipitée du gouvernement ? Evidemment : les régimes d’exception, qui ont marqué l’histoire politique de notre pays.

Par exemple, sous la révolution démocratique et populaire (RDP), printemps de grandes réalisations socio-économiques mais, hélas, chape de plomb sur les libertés individuelles et collectives, pareilles mesures cavalières étaient érigées en règles de gestion des affaires de l’Etat.

Ainsi, ont terni les « acquis de la révolution d’août » la fermeture de l’école des cadets de la révolution (ECR) en 1985 puis ressuscitée en 1992 sous son appellation originelle PMK (prytanée militaire de Kadiogo) ; le licenciement, toujours en 1985, de plus de 1500 enseignements du primaire, pour fait de grève, et bien d’autres décisions.

Au moins, le CNR, organe dirigeant de la RDP, était à la hauteur de ses péchés, serait-on tenté de dire pour l’absoudre. Mais que dans un Etat de droit, symbolisé par des institutions présentées à l’envi comme les attributs de la République, tout un gouvernement vienne à céder à l’émotivité, c’est tout simplement renversant. Ça fait pilotage à vue.

Si les élèves diplomates ont eu tort d’avoir répondu au mot d’ordre d’un syndicat, fût-il celui de leur futur ministère de tutelle, les autorités, quant à elles, en voulant démontrer leur fermeté, ont sombré dans les représailles aveugles et disproportionnées. Sans doute faut-il se garder d’interpréter le décret sur l’INHEI comme une reculade du gouvernement. Il faut plutôt y voir un soupçon de courage à corriger une impertinence survenue dans la conduite des affaires publiques.

Alain St-Robespierre

L’Observateur

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