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Gestion de la commune de Koubri : Un conseiller demande des investigations

Publié le mercredi 6 août 2008 à 10h57min

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Dans la lettre ouverte ci-dessous, un conseiller municipal de Koubri demande au ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, de mener des investigations sur la gestion de la commune.

"Monsieur le Ministre

J’ai l’honneur de vous transmettre mes préoccupations à l’issue de la session ordinaire du conseil municipal de Koubri, tenue le 18 juillet 2008 à Koubri, et demander que vous puissiez nous aider à être mieux éclairés sur la situation.

Monsieur le Ministre, loin de moi l’idée de chercher la bête noire à Koubri. Seulement, je souhaite et désire ardemment que notre commune n’emprunte pas des chemins tortueux à l’instar d’autres dont tout le monde sait aujourd’hui qu’ils les ont déjà conduits dans l’impasse. Aussi, je me suis décidé à vous faire la présente requête.

Convoquée d’abord pour être tenue les 10 et 11 juillet, la session a été renvoyée au 18 juillet 2008, faute de quorum (28/51) ; il a fallu passer par des achats de conscience, des intimidations en utilisant des chefs coutumiers pour inciter certains conseillers qui avaient refusé de participer parce qu’ils n’avaient pas certains documents de support, comme le PV de la session antérieure, le compte de gestion, le rapport du maire, puisqu’il devait discuter du compte administratif et du budget supplémentaire.

La démocratie est loin d’être une réalité à Koubri, car le maire fait tout à sa tête sans se préoccuper du Code général des collectivités territoriales ni du règlement intérieur qu’il a lui-même élaboré, c’est la dictature totale ; car lors des sessions, les conseillers ne peuvent pas s’exprimer convenablement, et ceux qui s’opposent à cela sont traités comme des déstabilisateurs ou sont contre le développement. Mettons-nous au sérieux et travaillons dans la transparence pour le bien-être de la population de Koubri car la gestion de la mairie est loin d’être une entreprise privée. Depuis l’installation de cette commune rurale, les préoccupations de la population ne sont pas prises en compte, à savoir la construction d’écoles pour relever le niveau de l’éducation, la construction de barrages, la réalisation des forages, l’extension de l’électrification de la ville de Koubri, la construction des centres de santé, etc.

En effet, pendant les débats au cours de la session, des conseillers ont posé des questions au maire dont les réponses n’ont pas permis d’éclairer la situation de la gestion de certains chapitres du budget 2007. Alors, avec un certain nombre de conseillers, nous avons posé des réserves et nous avons voté contre le compte administratif du maire.

Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? Voici nos points de préoccupations qui étaient

d’ailleurs partagés par la majorité des conseillers. Il s’agit :

- Du non-respect des procédures d’élaboration du budget (la commission finances n’ayant pas examiné et déposé un rapport pour faciliter la prise de décision du conseil) ;

- De l’imputation de travaux d’aménagement d’une aire de stationnement qui n’existe pas ;

- Des travaux de réhabilitation du château d’eau d’un montant inconnu et dont le conseil n’a été nullement informé ;

- Des frais de 48 dossiers sur le foncier communal à raison de 50 000 francs CFA le dossier, soit 2 400 000 F CFA, non répertoriés sur le compte de gestion ni ailleurs ; - l’utilisation des reçus autres que ceux délivrés par le Trésor public ;

- De l’utilisation du chapitre fêtes et cérémonies de façon exorbitante sans explication convaincante (6 271 000 F CFA) ;

- De l’utilisation du chapitre carburant à hauteur de 4 200 000 F CFA sans justification convaincante. A ce propos, le 2e adjoint et le président de la commission finances se sont désolidarisés car leurs dotations n’ont guère dépassé les 144 000 F CFA, alors que le maire prétend que tous les adjoints et présidents de commission en ont bénéficié ;

- De la distribution de sucre à hauteur de 488 520F CFA prélevés au chapitre 60 art 601 alimentation, à certains conseillers musulmans et à une certaine communauté musulmane, sans l’aval du conseil. A l’époque, l’on prétendait que c’est le maire qui a offert ce sucre sur fonds propres ;

- Du don de 100 000 F CFA accordé à la même communauté pour la contribution à la construction d’une mosquée, et prélevé dans le chapitre subvention sans l’aval du conseil. A l’époque, les conseillers proches du maire tenaient le même raisonnement qu’au point précédent ;

- De la construction en réalité de 28 hangars sur 40 alors que le rapport parle de 40 hangars dont la construction est presque achevée. Alors, l’on se pose la question de savoir si les travaux de la mairie ont un délai fixe.

Dans le registre de la situation de la commune sur les matières transférées, ni l’examen du rapport de l’ordonnateur ni celui du compte de gestion, et le comble, ni celui du budget supplémentaire 2008 ne font ressortir certains transferts concrétisés pourtant par des documents de passation de service entre le préfet du département et la commune. Il aurait fallu la vigilance d’un conseiller pour que le conseil sache que ces transferts existent, et mieux, qu’il existe d’autres comptes entretenus par la mairie à l’insu du conseil. Il s’agit du :

- Compte 1315 du Développement de Koubri domicilié à la Caisse populaire de Koubri.

Ce compte a servi à mouvementer les contributions de l’ancien lotissement de Koubri.

L’on ne dispose d’aucune information sur ce compte ;

- Compte 1172 du COGEMAK également domicilié à la Caisse populaire de Koubri. Ce compte sert à mouvementer les frais de location des boutiques et hangars du marché de Koubri de juillet à décembre 2007, et peut-être se poursuit toujours. A la passation entre le préfet et le maire en juillet 2007, le COGEMAK disposait d’un solde créditeur de la somme de 710 225 F CFA. Les recettes de recouvrement de l’année (2007) non versées s’élèveraient autour d’un million cinquante mille (1 050 000) francs CFA.

A toutes ces préoccupations du conseil, le maire et son équipe n’ont pas pu donner des explications et justifications convaincantes. Pis encore, chacun se rejetait la balle surtout sur les deux derniers points.

Aussi pensons-nous qu’il est indispensable que le conseil soit situé sur ces questions.

Nous venons donc humblement demander que l’autorité mène des investigations sur tous les points de préoccupations afin que la lumière soit faite sur cette situation.

Dans l’attente d’une suite favorable, veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de mes sentiments distingués."

Koubri, le 22 juillet 2008

Jérôme Zangré

Conseiller municipal de la commune rurale de Koubri

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