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Mendicité juvénile : Une étude pour combattre ce fléau social

Publié le mercredi 16 juillet 2008 à 11h04min

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Un étude sur la mendicité des enfants dans les villes de Ouagadougou , Bobo-Dioulasso, Ouahigouya et Tenkodogo a fait l’objet de validation dans la capitale burkinabè, le 15 juillet 2008.

On en sait un peu plus sur les contours de la mendicité dans les villes de Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Ouahigouya et Tenkodogo. En effet, le ministère de l’Action sociale et de la Solidarité nationale (MASSN) a commandité une étude du phénomène dans ces localités en vue de la mise en œuvre d’un programme de lutte. Ladite étude a livré ses résultats à Ouagadougou, le 15 juillet 2008 au cours d’un atelier de validation. Dans les 4 villes concernées, l’étude s’est intéressée aux élèves coraniques. Au nombre de 11 642 dont 140 filles dans la zone de l’étude, ces élèves constitueraient l’ossature des mendiants. Et pourtant, rapporte l’étude, "les principes religieux interdisent la mendicité".

De façon générale, l’équipe de consultants ayant conduit ce travail, perçoit la mendicité comme une résultante de la désorganisation et de la désarticulation familiales ainsi que des écoles coraniques. La crise de la communauté, la pauvreté, les injustices sociales, les insuffisances du système éducatif, les croyances magico-religieues sont aussi des réalités explicatives de la mendicité selon l’étude. Les consultants ont insisté sur le fait qu’au-delà de la recherche de la pitance quotidienne, les enfants talibés dans les grandes villes se présentent comme une réponse à la demande d’une population qui se trouve dans la nécessité de sacrifier quelque chose. Le mendiant apparaît comme un élément au même titre que le carrefour, la clairière, la termitière, etc dans l’esprit de celui qui pratique l’aumône ou le sacrifice.

Quelles que soient les motivations, il faut lutter contre la mendicité parce que le phénomène en lui-même a des conséquences dommageables sur l’éducation et la santé des enfants. Passant le gros de leur temps dans la rue ( 8 à 10 h sont consacrées au quotidien à la mendicité, constate l’étude), ces enfants ne disposent en réalité que de quelques heures pour assimiler et apprendre des connaissances. L’étude déplore par ailleurs, le fait qu’en dehors de la mendicité et l’utilisation des enfants dans les activités du maître coranique, aucune autre formation professionnelle n’est dispensée aux talibés. Par conséquent, les jeunes adultes, à l’issue de leur formation coranique, sortent du foyer sans aucune capacité à s’insérer professionnellement. D’un point de vue sanitaire, ils courent des risques non seulement dans les foyers d’apprentissage (insalubrité corporelle et vestimentaire, manque d’eau potable…) mais aussi dans la rue en terme d’accidents de la circulation, de toxicomanie, de violence sexuelle, entre autres.

Convaincus que les jeunes mendiants se trouvent victimes d’un système duquel ils ne peuvent s’en sortir seuls, les consultants invitent le gouvernement, les communautés, la société civile, les partenaires au développement à une mobilisation plus accrue dans la lutte contre la mendicité. Un combat que le projet de programme d’intervention issu de la présente étude entend mener à bien à Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Ouahigouya et Tenkodogo. Ledit programme, se réjouit déjà la secrétaire générale du MASSN, Françoise Tapsoba, vient renforcer l’axe 1 de la politique nationale d’action sociale, consacré à l’amélioration des conditions de vie des orphelins et autres enfants vulnérables (OEV) dont les enfants mendiants.

Koumia Alassane KARAMA

Sidwaya

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