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Université : Vous avez dit crise ?

Publié le vendredi 11 juillet 2008 à 10h44min

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Alors que l’on s’acheminait tranquillement vers les vacances gouvernementales (avec toutefois un soupçon de remaniement dans l’air) après la sortie musclée des refondateurs et les passes d’armes verbales entre "Cdpistes", voilà qu’un autre parti du landerneau vient remettre une couche de peinture en parlant de crise qui "menace la cohésion et la paix sociale", relativement au conflit éleveurs-agriculteurs et à la situation de l’Université de Ouagadougou, fermée pour les raisons que tout le monde connaît. Crise de la gouvernance donc, à en croire les uns et les autres, qui en appelle à la révolution pour "mettre fin à ce système mafieux" (sic).

Une analyse on ne peut plus de courte vue, si tant est qu’elle oublie (?) de détecter les racines de la crise d’une part et qu’elle écarte délibérément les nombreux acquis engrangés par ledit "système mafieux", nonobstant cette crise qui soit dit en passant n’est pas conjoncturelle, mais structurelle et civilisationnelle car, touchant tous les continents. Attardons-nous sur le second point pour dire que le Burkina n’a jamais été mieux gouverné qu’aujourd’hui, avec les efforts entrepris pour moderniser et rendre compétitives l’administration publique, les infrastructures économiques et des services ainsi que les soutiens multiformes au secteur productif, l’agriculture en particulier.

Conséquence, on a noté la bonne tenue du taux de croissance et des indicateurs macro-économiques au cours de la décennie écoulée. Des résultats au plan extérieur aussi, avec Ouagadougou qui est devenue une place forte de la diplomatie internationale et l’expertise nationale de mieux en mieux valorisée. Si malgré tout il y a crise, c’est en raison du fait que le Burkina n’étant pas un pays en "l’air", il ne peut que subir les effets dévastateurs du néolibéralisme érigé en dogme depuis la chute du mur de Berlin qui consacrait la faillite des communistes toutes tendances confondues. Bien avant cela et comme l’enseigne Ki-Zerbo, il faut "détecter les racines de la crise dans le temps c’est-à-dire dans la troisième dimension", car, sans cet exercice, "l’analyse de la crise risque d’être plate".

Or, l’histoire de l’Afrique est connue de tous, entre esclavage, colonialisme, néocolonialisme et insertion forcée dans un système prédateur avec comme conséquences l’effritement moral, psychologique et économique des peuples du continent. Cette "fatalité" ne peut être vaincue en solitaire et, nos dirigeants l’ont bien compris avec les efforts entrepris pour l’unité du continent. Bien sûr, la démarche est parfois hésitante, voire chancelante, mais, le poids de l’histoire est tel qu’il ne faut pas leur jeter la pierre à tout moment. On ne sort pas de quatre siècles de prédation économique et culturelle comme d’un dîner de gala.

Si les universités africaines par exemple sont en crise, c’est en raison de cette aliénation culturelle, elles qui avaient été conçues au départ pour ravitailler des administrations de services. Or, c’est d’administrations de production dont l’Afrique a besoin, ce qui commande une refondation non seulement de nos universités, mais de toute l’administration. C’est là que la part contributive des partis politiques y compris ceux de l’opposition est attendue, plutôt que dans ces sorties médiatiques "style estudiantin" pour ne pas dire infantiles. Il y a vraiment du travail à faire en Afrique et c’est le rôle historique des élites de relever le défi.

Boubacar SY
magnansy@yahoo.fr

Sidwaya

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