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Police de proximité au Burkina Faso : Une nouvelle politique sécuritaire axée sur la communauté

Publié le mercredi 18 juin 2008 à 10h45min

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Depuis 2005, le Burkina Faso pratique une nouvelle politique sécuritaire publique axée sur la communauté : la police de proximité. Zoom sur ce concept qui met l’accent sur la collaboration entre forces de sécurité et populations afin de prévenir l’insécurité dans nos cités.

L’insécurité se définit comme étant “le fait d’être exposé à un danger, à un risque d’agression physique, d’accident, de vol ou de détérioration”. Notre pays le Burkina Faso, à l’instar d’autres pays au monde, connaît ce phénomène qui gagne du terrain depuis des années. Il ne se passe pas un seul jour sans que des vols, des attaques à main armée sur les axes routiers, des agressions physiques… ne soient commis dans nos villes et villages sur de pauvres compatriotes. Les cas sont légion et les conséquences énormes.

Les chiffres des forces de sécurité parlent d’eux-mêmes, plus d’un demi-millier de personnes ont été victimes d’insécurité au Burkina en 2007. Le sentiment d’insécurité grandit de fait au sein des populations, les actes d’insécurité ne font que se multiplier au Faso malgré les efforts de nos forces de sécurité (gendarmes et policiers), moins nombreuses et peu équipées à faire reculer le phénomène. Elles sont, disons-le, impuissantes à enrayer le fléau et redonner confiance aux populations plongées dans l’incertitude totale. Que faire face à l’insécurité grandissante qui entrave le développement et compromet la marche vers la démocratie ? Nos gouvernants garants de la sécurité des personnes et des biens dont ils ont trouvé une nouvelle formule de sécurité publique : la police de proximité.

Lancée en 2005 au Burkina Faso, la réussite de cette nouvelle politique sécuritaire repose sur l’implication de l’ensemble des composantes de la société, c’est-à-dire la communauté tout entière. La police de proximité inspirée du modèle anglo-saxon ne désengage pas les forces de sécurité, garantes de la sécurité publique intérieure, mais associe les populations à la gestion de leur propre sécurité en mettant l’accent sur la prévention de l’insécurité. “Elle consiste à intégrer au mandat opérationnel des forces de sécurité intérieure, la participation des communautés dans la gestion de la sécurité par la prévention de l’insécurité”, comme l’a si bien souligné l’un des promoteurs du concept, le directeur des Ressources humaines (DRH) du ministère de la Sécurité, Pascal Zagré. Cette approche sécuritaire expérimentée dans des pays comme la France, se fonde en partie sur ce qu’il est convenu d’appeler le “Comité local de sécurité” (CLS). “C’est un organe consultatif dont la mission fondamentale est de réfléchir sur les problèmes de sécurité auxquels est confronté le secteur ou le village”, précise le ministre de la Sécurité, le colonel Assane Sawadogo. Les populations au cœur de la gestion de leur propre sécurité, il n y a rien de tel, car il est de notoriété publique que la collaboration entre forces de sécurité et population est nécessaire et efficace en termes de résultats.

Les CLS, moteurs de la police de proximité

Cette collaboration qu’incarne la police de proximité passe cependant par des changements de mentalité aussi bien chez les populations que chez les forces de sécurité. Une donne que le ministère de la Sécurité chargé de la mise en oeuvre de la police de proximité ne néglige pas. Dans cette optique, ce département ministériel a commencé à former les forces de sécurité qui doivent animer les CLS sur les quatre principes de base de la police de proximité : le rapprochement, le partenariat, la résolution des problèmes locaux et le renforcement des mesures préventives. Ces principes visent à faire des professionnels de la sécurité des gens très proches et à l’écoute des populations par rapport à leurs problèmes de sécurité.

L’objectif visé est donc de réduire la barrière entre forces de sécurité et populations et de leur permettre de s’approprier les problèmes de sécurité au plan local et d’agir pour les résoudre. Aussi, les forces de sécurité ne feront plus que constater des faits et ouvrir des enquêtes, elles vont étudier profondément et de concert avec les populations, les causes de l’insécurité dans les villages et secteurs des communes afin de prévenir des malheurs. Un partenariat qui fera bon effet pour peu que les populations voient désormais les forces de sécurité comme des “collègues” avec qui ils discuteront sincèrement et sans crainte de leurs problèmes de sécurité. En attendant de juger les résultats de cette nouvelle politique de sécurité publique entièrement financée par l’Etat burkinabè, l’heure est à son opérationnalisation déjà effective dans toutes les régions du Burkina Faso. Il reste la mise en place, au fur et à mesure, des CLS dans tous les villages et secteurs des communes du “pays des hommes intègres”.

Ces CLS sont composés de dix (10) membres dont huit (8) représentant les couches socioprofessionnelles, un conseiller municipal du secteur ou du village et un professionnel de la sécurité. Les conseillers municipaux en sont les présidents et les forces de sécurité, les animateurs des sessions ordinaires et extraordinaires. Les membres de ces organes consultatifs désignés par les populations concernées sur la base de leur “bonne moralité” sont installés dans leur fonction par le préfet ou le maire au cours d’une cérémonie officielle. Les CLS ont pour attributions entre autres, de donner des avis susceptibles d’orienter les activités des forces de sécurité et d’organiser la coopération entre les services de sécurité et les populations locales dans la prévention de l’insécurité.

Kader Patrick KARANTAO (stkaderonline@yahoo.fr)
Source : Documentation ministère de la Sécurité

Sidwaya

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