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Question de santé : Question de volonté

Publié le mardi 25 mars 2008 à 05h45min

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Le Burkina Faso est parmi les pays les plus affectés par l’épidémie de méningite qui touche ou menace plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et du centre.
À la date du 26 mars 2006, le nombre de morts était de 784, contre 432 en 2005 à la même période.

A la date du 1er avril 2007, 19 549 cas suspects de méningite ont été enregistrés dans les formations sanitaires. Sur ce chiffre, il y a eu 1 337 décès. Selon l’ONU, en 2007, le Burkina Faso avait été le plus durement touché avec 75% des morts suite à la méningite dans neuf pays ouest-africains.

Le 5 mars 2008, Alain Yoda, le ministre d’Etat, ministre de la Santé, faisait le point officiel suivant : 3 181 cas suspects de méningite enregistrés pour la période du 1er au 2 mars 2008 ; le seuil épidémique de 10 cas pour 100 000 habitants en une semaine franchi dans 5 districts sanitaires (Kaya, Réo, Orodara, Boromo et Séguénéga) ; le seuil d’alerte de 5 cas pour 100 000 habitants dépassé dans 9 autres (Barsalogo, Nanoro, Mangodara, Boulsa, Solenzo, Toma, Yako, Batié et Gaoua). Le dernier bilan établi le 2 mars par les autorités faisait état de 366 décès avec un taux de létalité de 11,5%.

Quand on arrive à s’échapper de la méningite, ce n’est pas pour autant qu’on est sauvé. En effet, elle peut rendre sourd, muet, aveugle ou provoquer des troubles mentaux après la guérison.
Pour 2008, disons que le mal progresse peut-être à la vitesse V.
Que font les autorités ? Elles se défendent :

* d’avoir un plan de riposte ; un plan dont elles n’ont d’ailleurs pas le budget en poche ;

* d ’avoir pré positionné des vaccins dans les districts classés en « état d’alerte » ;

* d’avoir même vacciné les populations menacées.
Malgré tout, sur le terrain le mal progresse et on ne voit pas d’autres ripostes.
Que doit-on faire pour réduire les risques de contagion de la méningite ? En dehors de la vaccination, il semble qu’il faut :

* éviter autant que possible d’exposer les enfants à la poussière,

* éviter que les muqueuses nasales ne se dessèchent en les humidifiant avec du beurre de karité,

* soigner précocement toute maladie liée aux voies respiratoires et à la gorge.
Ces mesures, on devrait pouvoir les faire, à coup de sensibilisation et même à coup d’interdiction de grands rassemblements.
On s’étonne que face à l’ampleur des dégâts (les chiffres des personnes décédées, des contaminées et des districts en situation d’épidémie) aucune mesure gouvernementale n’ait été prise dans le sens de circonscrire le mal.

Ainsi, le 8 mars a donné lieu à de grands rassemblements organisés et soutenus par le pourvoir. On a vu la Première dame et certains ministres à Tenkodogo. Les autorités et la voiture de la 1e dame étaient à l’ombre ; tandis que la masse patientait sous le soleil à la merci de la bactérie méningococcique.
Les autorités politiques qui ont un faible pour les fêtes ont privilégié la bombance plutôt que de se soucier des risques sanitaires encourus par le peuple.

Les messages de sensibilisation étant quasi inexistants, certaines populations ont pris des initiatives. C’est ainsi que les chefs coutumiers du Ioba dans le Sud-Ouest ont décidé de suspendre l’organisation des funérailles dans la région pour une période de 4 mois et cela pour lutter contre la propagation de la méningite.
Cette mesure de précaution que les autorités coutumières se sont vues obligées de prendre face au silence des spécialistes en charge de la santé au Burkina est à saluer.
La méningite sévit et tue malheureusement par centaine. Il faut des actions concrètes pour contrer le ravage. Des séances de sensibilisation sur des thèmes liés aux précautions d’usage, devraient être initiées et menées à travers tout le pays en utilisant les canaux de communication appropriés.

La situation épidémiologique est telle qu’il faut un signal fort pour appuyer les activités de routine des agents de santé.
Il est vrai que l’heure semble être consacrée à gérer la crise de la vie chère au niveau du gouvernement. Mais on ne devrait point occulter la gestion des autres aspects de la vie nationale.
A moins qu’on ne veuille d’autres manifestations, avant d’initier des rencontres tous azimuts avec les différentes composantes de la société sur la méningite. Qui savait que les membres du gouvernement parlaient les langues nationales du pays, n’eut été la crise de la vie chère ? Qui savait qu’un ministre de ce Faso, pouvait honorer un rendez-vous à une émission de radio qui commence à 6h du matin, n’eut été la crise de la vie chère ?

La méningite est une question de santé publique qui exige des mesures de riposte appropriées.
Se détourner de ces réalités, voire de cette urgence, serait faire le lit d’un drame national.
Il faut s’animer d’une volonté politique pour riposter sérieusement contre les maladies et la méningite notamment.

Par Bendré

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