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Marche contre la vie chère : Des commerçants manifestent à Banfora contre les impôts

Publié le vendredi 22 février 2008 à 10h53min

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La matinée du jeudi 21 février 2008 a connu des heurts entre les éléments de la Compagnie de gendarmerie de Banfora et des petits commerçants qui manifestaient contre la hausse des impôts et la cherté de la vie. En terme de bilan partiel, on ne déplore pour l’instant ni de perte en vie humaine, ni de blessé, et aucun dégât matériel d’importance. Au moment où nous bouclions cet article, les forces de l’ordre n’étaient pas encore arrivées à disperser les manifestants estimés à plus de 500 personnes à majorité jeunes.

Depuis quelques semaines déjà, la tension était montée du côté des commerçants suite à la hausse des taxes et impôts. Du reste, à écouter ces commerçants, les impôts avaient triplé, voire plus. Partout, commerçants et acteurs du secteur informel n’hésitaient pas à fustiger le gouvernement pour cette mesure qui leur semblait draconienne.

En effet, depuis quatre jours, des tracts invitaient les commerçants à une manifestation le mercredi 20 février. Pour les manifestations de ce jour, l’information aurait circulé la veille dans la soirée à Banfora dans le milieu des commerçants.

Du reste avertis, plus de la moitié des commerçants et acteurs du secteur informel n’ont pas ouvert leurs magasins le jeudi matin.
Aux abords du marché central que longe la Nationale 7, de petits groupes s’étaient formés dès 7 heures. Certaines boutiques étaient ouvertes et les marchandes de légumes s’affairaient dans leur brouhaha mais, avec à l’esprit qu’il fallait faire vite pour ne pas être surprises par une foule de manifestants. Au fur à mesure que le soleil montait, les groupes grossissaient en nombre. Aussi du côté du nouveau marché sis au secteur n°7, on avait quasiment tout fermé, excepté les marchandes de légumes qui y vendaient. Après avoir fermé leurs boutiques, ces commerçants se sont déportés chez leurs camarades du nouveau marché. Cependant il faut signaler que les commerçants qui avaient occupé la Nationale 7 au niveau du grand marché, sont restés indécis par rapport à l’action à mener pendant plusieurs heures.

Selon nos informations, les commerçants (ceux qui se disent contribuables) n’étaient pas d’avis pour la marche, nous a confié l’un d’entre eux. Il a fallu attendre précisément à 10 heures 51 mn pour voir déboucher d’une ruelle quelques dizaines de gamins brandissant des gourdins et de vieux morceaux de cartons servant de pancartes. `
Ils s’ébranlèrent en direction du marché central où étaient regroupés les commerçants. Coïncidence ou non, c’était la sortie des premiers élèves du secondaire.

A leur arrivée au marché, la bande s’était élargie et direction l’enceinte du gouvernorat où se trouvaient le haut-commissariat, la préfecture, la DRED, et les résidences du gouverneur et du SG de région où plusieurs véhicules fond rouge étaient garés. A ce niveau, les hommes du commandant Sié Arnaud étaient déjà présents.

Après des jets de pierres, de moqueries contre des fumées de gaz lacrymogène, les manifestants perdirent du terrain et reculèrent. Cependant, ils ne lâchèrent pas prise malgré les multiples doses de gaz lacrymogène lancées en leur direction. Ils se retranchèrent à l’entrée du marché après avoir brûlé un pneu sur la Nationale 7 non loin du marché. Visiblement, les pandores qui étaient seuls sur le terrain avaient besoin de renfort pour disperser les manifestants. Le lieutenant Arnaud et ses hommes qui ont vaillamment contenu les manifestants, nous a confié que la police qui était sur un autre terrain devrait venir incessamment en renfort. On retiendra que durant cette matinée, il y a eu plus de peur que de mal car tous les services avaient cadenassé leur porte (...).

Mamadou YERE
AIB-Banfora


Les dessous d’une récupération

Des hangars servant de rue marchande brûlés ; des tôles et chevrons emportés par les manifestants ; deux (2) hangars de deux (2) particuliers partis en fumée ; panneaux de stop et de signalisation emportés ; des portes vitrées de la mairie méconnaissables ; l’enseigne lumineuse de la mairie brisée ; la pare–brise avant d’un 4x4 de la gendarmerie endommagée ; 3 policiers municipaux et deux (2) de la police nationale blessés, tel est le bilan d’une journée de marche chaude vécue par les citoyens de la cité de Naaba Kango.

« La marche a été illégale et nous allons situer les responsabilités », dixit le bourgmestre de la ville de Ouahigouya, Abdoulaye Sougouri. Une déclaration confirmée par le responsable du grand marché de Ouahigouya, Ouédraogo Ali dit Horloger : « la marche a été illégale. On a dit aux commerçants d’observer une ville morte mais pas de marche ». Ali Ouédraogo a déploré ce qui s’est passé dans la journée du 20 février 2008, mais il maintient que si il y a un mot d’ordre de ville morte, les commerçants de Ouahigouya l’observeront. Selon des indiscrétions, la marche a été récupérée sur fond de refus de payer la TVA et des règlements de compte contre la police municipale de Ouahigouya.
Entre autres raisons avancées par les commerçants en prenant la rue, c’est le fait qu’ils payent la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA).

A ce niveau, le maire se veut rassurant : « la TVA est une taxe qui ne profite pas à la commune. C’est une taxe qui profite au budget national ». Abdoulaye Sougouri ne partage pas les attitudes des commerçants : « il est vrai que la vie est chère. Si c’était même les consommateurs qui sortaient pour marcher contre les commerçants, j’aurais pu comprendre parce que quand on parle de la cherté de la vie, ce sont les consommateurs qui souffrent. Le commerçant n’ira jamais acheter une marchandise pour la revendre à perte...", conclut le maire.
En rappel, dans le feu de l’action, les marcheurs ont pu repousser les différentes forces de l’ordre qui, selon certaines informations, étaient en panne de gaz lacrymogènes. Le gouverneur de la région du Nord, Henry Marie Dieudonné Yaméogo a convoqué urgemment deux (2) rencontres pour une sortie de crise.

Des démarches ont été entreprises auprès des commerçants, selon le gouverneur pour rétablir le calme.

Jean-Victor OUEDRAOGO

AIB-Ouahigouya

Sidwaya

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