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Yamkaye Souley Ouédraogo, consul honoraire du Burkina : "Venez en aide aux Burkinabè sans-papiers du Congo"

Publié le lundi 7 janvier 2008 à 09h37min

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Yamkaye Souley Ouédraogo

Yamkaye Souley Ouédraogo est un burkinabè, entrepreneur vivant au Congo depuis plus de 20 ans. Pour son dynamisme au sein de la communauté burkinabè, il a été nommé consul honoraire du Burkina Faso au Congo en 2004. M. Ouédraogo fait la lumière sur la vie des Burkinabè au Congo et relève que les sans-papiers causent de nombreuses difficultés.

Sidwaya (S.) : Comment êtes-vous devenu consul honoraire du Burkina Faso au Congo Brazzaville ?

Yamkaye Souley Ouédraogo (Y.S.O.) : Je suis un homme d’affaires, en termes clairs, un entrepreneur qui vit au Congo Brazzaville depuis plus de 20 ans. Depuis plusieurs années, je m’occupe des activités des Burkinabè vivant au Congo. Ainsi, depuis 1992, le président Blaise Compaoré a demandé à l’ancien ministre des Affaires étrangères, Ablassé Ouédraogo de me donner un passeport diplomatique.
En 2004, j’ai été nommé consul honoraire du Burkina Faso au Congo car les autorités burkinabè pensent que je peux m’occuper de mes compatriotes qui vivent dans ledit pays.

S. : A quoi se consacre le consul honoraire du Burkina Faso que vous êtes au Congo ?

Y.S.O. : Le consul honoraire, c’est quelqu’un qui aime son pays et qui veut travailler pour son pays. Vous savez qu’un consul honoraire n’est pas rémunéré ! Nous essayons quotidiennement de faire développer les relations d’amitié et de fraternité entre le peuple burkinabè et le peuple congolais.

S. : Combien de Burkinabè vivent-ils au Congo Brazzaville et dans quels secteurs d’activités les rencontre-t-on ?

Y.S.O. : Le plus souvent, les Burkinabè qui vivent à Brazzaville sont des gens qui viennent en aventure. La plupart font du commerce, surtout ils se retrouvent dans le secteur informel, mais ils y gagnent leur vie. Le nombre de Burkinabè au Congo est devenu important de nos jours parce que nous avons entre Pointe noire, Brazzaville et Kinshasa au moins 1000 ressortissants. Depuis que la Côte d’Ivoire a eu des problèmes, la plus grande partie des Burkinabè transitent par le Congo pour Libreville au Gabon ou pour l’Angola. La plupart de ces aventuriers n’ont pas de papiers et cela nous cause énormément des problèmes. En ce sens, notre existence les aide beaucoup.

S. : Quelles sont les difficultés réelles que vous rencontrez sur le terrain avec ces Burkinabè ?

Y.S.O. : La situation réelle ? Il s’agit de gens qui quittent le pays sans papiers. Souvent, ils n’ont même pas de carte d’identité ! Ils s’arrangent pour arriver au Nigeria en passant par le Cameroun pour parvenir au Congo. A ce moment, ça devient difficile de leur faire obtenir un titre de séjour, puisqu’ils n’ont même pas de passeport. Nous, nous essayons de leur donner des cartes consulaires et parfois je me rends à Ouagadougou pour négocier avec le directeur de l’immigration afin qu’on délivre des passeports à certaines personnes. Mais ce n’est pas facile ! De ce côté, nous rencontrons vraiment beaucoup de problèmes avec les Burkinabè qui arrivent au Congo.

S. En dehors de ces difficultés, rencontrez-vous des problèmes dans la cohabitation entre les Burkinabè et Congolais ?

Y.S.O. : Les Burkinabè vivant au Congo sont très bien vus. Les gens sont très contents d’eux, car quand on voit un Burkinabè, on le cite comme un exemple. Au Congo, tout le monde sait que nous sommes des hommes intègres et des travailleurs, ce qui fait que la cohabitation est fraternelle. Les difficultés des Burkinabè subsistent souvent aux frontières du Congo à leur arrivée. Mais cela se comprend, car dans tous les pays, quand il n’y a pas des accords de libre circulation, si les gens arrivent, on leur demande des certificats d’hébergement ou le visa d’entrée. C’est là que ça pose problème. Au fur et à mesure, nous essayons de trouver des solutions à ces difficultés. Actuellement, je suis en négociation avec les autorités congolaises afin de signer un partenariat de coopération pour que les Burkinabè puissent venir pratiquer l’agriculture parce que le Congo est un pays tropical où il pleut 9 mois sur 12. Et la terre est bonne, donc on peut l’exploiter pour développer l’agriculture. Cela peut être bien pour les Burkinabè ainsi que pour les Congolais.

S. : Comment les Burkinabè vivant au Congo sont-ils organisés ?

Y.S.O. : Depuis plus de 15 ans, nous avons créé une association des ressortissants burkinabè au Congo. J’ai été l’initiateur et le président. Chaque ville a un président local et nous nous rencontrons une fois par mois pour faire le point des problèmes que vivent les compatriotes dans leurs activités afin d’y trouver des solutions.

S. : Avez-vous mis en place des mécanismes afin de permettre à nos compatriotes du Congo d’investir au Burkina Faso ?

Y.S.O. : Nous avons sensibilisé nos compatriotes et beaucoup de Burkinabè du Congo ont pris conscience et ont ouvert des comptes bancaires à Ouagadougou et y envoient leur argent. Je suis en pourparlers avec la BIB pour que cette banque vienne au Congo recenser les Burkinabè qui veulent y ouvrir des comptes. Ce qui leur permettra de faire virer de temps en temps leur argent pour éviter d’avoir des problèmes comme ce qui est advenu en Côte d’Ivoire.

S. : Comment vos compatriotes et vous avez vécu le 11-Décembre, 47e anniversaire du Burkina Faso au Congo ?

Y.S.O. : Nous avons fêté le 47e anniversaire de l’Indépendance du Burkina Faso avec les autorités congolaises et tous les ressortissants burkinabè qui vivent au Congo. Nous l’avons fêté parce que nous avons voulu que les Congolais sachent que les Burkinabè sont fiers d’être au Congo et sont fiers de passer leur 47 ans d’indépendance. Cela vise à montrer aux Congolais que le Burkina Faso est en train de se construire dans la modernité et avance.

S. : Peut-on affirmer que les relations entre le Burkina Faso et le Congo se portent bien ?

Y.S.O. : Les relations entre le Burkina Faso et le Congo vont très bien. En tant que consul honoraire du Burkina Faso au Congo, je m’arrange à faire en sorte que la coopération entre les deux Etats soit au beau fixe.
Je sais que le président du Faso, Blaise Compaoré et le président Denis Sassou N’Guesso ont de très bonnes relations à l’image des relations entre les deux peuples. Mais je tiens à souligner qu’il faut que les autorités burkinabè puissent nous aider de temps en temps en ce qui concerne nos compatriotes qui n’ont pas de pièces. Ce serait même utile d’organiser des missions pour recenser les sans-papiers sur place au Congo et leur octroyer des actes de naissance pour qu’on puisse les aider à faire des documents leur permettant de vivre paisiblement au Congo.

Ali TRAORE
traore_ali2005@yahoo.fr

Sidwaya

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