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Industrie burkinabè : La révolution ou le chaos

Publié le jeudi 8 novembre 2007 à 12h38min

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Mamadou Sanou, ministre du Commerce

Les professionnels du secteur de l’industrie du Burkina Faso ont, à travers des assises, les 5 et 6 novembre 2007, fait un diagnostic des maux qui entravent la bonne marche de leurs activités. Face à la menace des accords de partenariat économique ou des produits étrangers, ils souhaitent entre autres la baisse des coûts des facteurs de production, de transport, de la fiscalité ou encore la création d’une banque spécialisée dans le financement
des investissements.

L’industrie burkinabè est menacée : la fraude, la concurrence déloyale, les accords de partenariat économique ou encore l’entrée du tarif extérieur commun sont entre autres les obstacles qui troublent le sommeil des professionnels du secteur industriel. Pour se donner “les moyens de survie”, ils ont décidé de lever les entraves du développement de leur secteur d’activitépar les solutions idoines. Pour ce faire, ils ont à l’issue des travaux des états généraux de l’industrie burkinabè les 5 et 6 novembre 2007 à Ouagadougou, formulé des recommandations à même de lever les goulots d’étranglement.

Parlant du financement de l’industrie, les professionnels du domaine souhaitent la création de société à capital, (risque pour renforcer le pouvoir de négociation des banques). L’organisation d’un atelier entre le public, le privé et l’Union européenne sera la bienvenue, selon les professionnels de l’industrie pour expliquer les mécanismes de fonctionnement d’une telle société.

Les industriels évoquent également la création d’une banque spécialisée dans le financement des investissements et le renforcement des outils de fonctionnement de la Maison de l’entreprise. Ils ont aussi relevé la rigidité et les coûts des facteurs élevés des facteurs de production. Ils constatent que la politique nationale de péréquation dans les secteurs de l’énergie et de l’eau ne permet pas d’appliquer un tarif compétitif et préférentiel pour les industries. Dans la même lancée, ils dénoncent les entraves à la fluidité du trafic routier entraînant de longs délais et des surcoûts d’approvisionnement et d’exportation.

Les industriels réclament donc une flexibilité et la réduction des coûts des télécommunications, de transports, la fiscalité... Au regard des maux et des dispositions à prendre, ils estiment que l’environnement des affaires à besoin d’une réforme.Ceci par la réactualisation en concertation avec les acteurs du secteur privé d’un document de politique industrielle burkinabè déclinée en plan d’actions et accompagnée de moyens nécessaires. De l’avis des professionnels, les vastes réformes économiques engagées en 1991, le cadre stratégique de lutte contre la pauvreté et les révisions successives du code des investissements n’ont pas permis de drainer massivement vers le Burkina Faso les capitaux attendus. Les investissements directs étrangers sont restés faibles.

Leur contribution marginale au PIB est passée de 0,42% en 1997 à 0,37 en 2005. Le ministre en charge du Commerce, Mamadou Sanou après avoir pris connaissance des problèmes qui entravent la compétitivité des entreprises industrielles, a laissé entendre que la mise en œuvre “de ces réflexions approfondies” permettront de consolider l’existant et attirer les investissements dans le secteur de l’industrie.
Il a assuré aux industriels, la détermination du gouvernement à prendre les mesures nécessaires d’assainissement et de renforcement “du tissu économique burkinabè”.

Les impressions des participants

les travaux des état généraux de l’industrie burkinabè se sont très bien déroulés. Nous nous sommes répartis en trois groupes pour mieux cerner les problèmes de l’industrie burkinabè. A l’heure actuelle, l’industrie burkinabè souffre beaucoup. En tant que pays enclavé situé très loin des ports, nous sommes confrontés à des coûts de transports très élevés. Cette situation met l’industrie burkinabè en mauvaise posture en terme de compétitivité avec les industries des pays de la sous-région. Aussi, dans la sous-région nous sommes le pays dont l’électricité coûte le plus cher. La fraude, la contrefaçon, la corruption, la fiscalité sont entre autres des maux qui minent également le développement du secteur industriel burkinabè. Le contexte général est assez difficile, cependant nous ne désespérons pas. Nous avons bon espoir que le gouvernement aura une oreille attentive à nos préoccupations. La présence du Premier ministre à nos côtés à l’ouverture de nos travaux est la preuve qu’il accorde de l’importance à l’industrie burkinabè, un secteur pourvoyeur d’emplois et qui contribue de façon importante au budget de l’Etat. Pour jouer véritablement son rôle de moteur de l’économie nationale, l’industrie burkinabè doit bénéficier du soutien de l’Etat pour prendre son envol.

C’est une question de souveraineté économique. Les états généraux de l’industrie burkinabè ont été une ocassion pour nous de faire le constat depuis la création des industries à nos jours afin de voir si le contexte actuel est favorable aux affaires. Après examen, il est ressorti que l’industrie burkinabè ne contribue au PIB qu’à hauteur de 17% contre 40% pour l’agriculture et 43% pour les services. Nous avons à la faveur des présentes assises,énuméré un certain nombre de facteurs, pour lesquels, si des solutions ne sont pas trouvéesdans les brefs délais pourront entraîner la fermeture les uns après les autres des usines burkinabè. Il s’agit de la fraude, la fiscalité, les coûts des facteurs de production et le système judiciaire...Ces facteurs ainsi énumérés constituent des entraves au développement de l’industrie au Burkina Faso. Nous gardons espoir malgré tout car des recommandations pertinentes ont été formulées par les travaux des états généraux de l’industrie.

Si les autorités burkinabè nous suivent dans notre vision et si des mesures urgentes étaient prises dans ce sens, nous allons pouvoir rehausser le niveau de notre industrie.
Ce sont des préalables à remplir avant de parler d’Accords de partenariat économique (APE) avec l’union européenne. Pour exporter des produits vers l’europe, il faut tenir compte d’un certain nombre de normes. A défaut, les produits sont rejetés. Chez nous par contre, tous les produits rentrent librement. La signature de ces APE au stade actuel signifierait la mort de l’industrie burkinabè.

Hamadou TOURE
Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA

Sidwaya

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