LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Rimond Hadjar : « Je souhaite que les boulangeries de Bobo-Dioulasso soient franches entre elles »

Publié le mardi 2 octobre 2007 à 07h25min

PARTAGER :                          

Rimond Hadjar

Le patronat des boulangers du Burkina Faso a annoncé la hausse du prix du pain qui est devenu de nos jours à 125F CFA la miche. Quelques jours après cette augmentation du prix du pain le patronat national conduit par le président Rimond Hadjar appelé communément « One Contact » a rencontré le patronat régional de Bobo-Dioulasso.

Afin de s’imprégner des points saillants de cette assemblée générale qui s’est déroulée le dimanche 09 Septembre 2007 à l’Hôtel OABIS de Bobo-Dioulasso, l’Hebdo du Burkina s’est entretenu avec Rimond Hadjar.

L’Hebdo du Burkina (H.B) : Quel est l’objet de votre visite à Bobo-Dioulasso ?

Raimond Azar (R.A) : Il s’est agi pour nous de venir rencontrer nos confrères de Bobo-Dioulasso avec une délégation forte de six personnes. On a fait le trajet pour venir rencontrer ces boulangeries de Bobo-Dioulasso qui connaissent des problèmes de tous ordres comme ceux de Ouagadougou. A l’issue de cette rencontre nous avons échangé et essayé de trouver des solutions idoines à ces problèmes. Aujourd’hui nous avons trouvé des chefs de boulangeries en tout cas prêts à relever le défi de l’entente, de la qualité au sein des boulangeries.
Que ça soit en qualité du pain mais aussi en qualité de relations pour nous et entre nous et les divers partenaires.

Les boulangeries de Bobo-Dioulasso ont choisi de nommer un bureau et on ne peut que saluer cela. Nous partons très heureux et nous allons faire un compte-rendu à nos confrères de Ouagadougou.

Par rapport à l’augmentation du prix du pain, les gens vous accusent vous « One Contact et SIMAO » d’avoir augmenté le prix de la tonne de farine

« One Contact » n’est pas producteur de farine mais acheteur comme toutes les boulangeries. Mais il se trouve que « One Contact » à ma personne que je suis, il y a confusion entre les boulangeries et les Grands moulins du Faso. Les Grands moulins du Faso que j’ai l’honneur de diriger a effectivement augmenté le prix de la tonne de farine. Mais ça c’est consécutif à la flambée des prix de la tonne du blé dans le monde entier. Vous savez le blé aujourd’hui est de plus en plus recherché pour la fabrication du biocarburant.
Les terres deviennent rares, les stocks mondiaux aussi deviennent très rares et c’est de cela que nous parlons aujourd’hui et nous essayons de trouver des solutions afin que nos concitoyens et concitoyennes consommateurs ne subissent la hausse vertigineuse des prix.

La tonne de farine maintenant revient à combien ?

Aujourd’hui, « One Contact » achète comme tout le monde aux Grands moulins du Faso à 333 000F CFA la tonne hors taxe. Donc ce qui fait environ 338 000F CFA avec la retenue à la source. Et ce qui est acceptable. Car nous avons encore un blé qui a été reçu avec un ancien prix qui va devenir encore beaucoup plus cher.

Quels sont les pays exportateurs du blé ?

Parmi les pays exportateurs du blé on peut citer la France qui est pour nous un pays aussi ami et allié qui nous vend le blé. Parce que nous produisions la baguette française et la baguette française il faut du blé tendre au froment.
Et donc on trouve ça en qualité suffisante en France. Je sais que cette année, la France a du mal à produire ce qu’elle produit habituellement. Voilà pourquoi aussi il y a la flambée du prix de la farine.

Le prix de la miche de pain qui est aujourd’hui à 125F/miche, risque d’être encore augmenté selon les dires est-ce vrai ?

On n’est pas encore arrivé à là. Je crois qu’il ne faut pas en faire une histoire vraie. Nous sommes loin d’atteindre ce prix pour l’instant. Ce que nous sommes en train de rechercher, c’est d’essayer de trouver des moyens pour nous regrouper et trouver des solutions dans un sens beaucoup plus souple et doux à accepter. C’est vrai que dans les pays alentours ils sont allés trop vite. Mais rien ne sert d’augmenter le prix s’il faut tout de suite le redistribuer par des moyens peu orthodoxes. Vous comprenez ce que je veux dire. Je parle ici de ristourne non conformes etc. Ce qu’il faut, c’est d’abord bien nous organiser de sorte que cette marge d’argent que les boulangers engendrent puisse être au bon endroit. C’est-à-dire la bonne gestion d’une boulangerie.

Dans tout cela quelle est la place de l’Etat ?

Bien entendu, l’Etat à son mot à dire, son rôle à jouer, et nous comptons beaucoup sur lui pour qu’il nous aide à trouver des solutions à nos problèmes. Je sais que dans les pays alentours, l’Etat a subventionné en quelque sorte les importations de blé pour un peu alléger le fardeau des meuniers. Et de là les meuniers se sont engagés à ne pas répercuter une augmentation beaucoup trop flagrante.
Cela est une goutte d’eau dans l’océan des problèmes et des flambées des prix. Ce qu’il faudrait c’est peut-être organiser nos secteurs d’activités, trouver des solutions et faire des augmentations correctes et raisonnables pour l’ensemble de la profession et des consommateurs.

Quelles sont les vraies difficultés que les boulangers rencontrent actuellement ?

De tous ordres. Il y a les problèmes sociaux, les problèmes avec le monde du travail, les problèmes de la sécurité, des importations des équipements parce qu’ils sont vétustes et les problèmes d’hygiène. Il y a aussi les problèmes de ceux qui n’arrivent pas à bien gérer leurs boulangeries parce qu’ils ne sont pas bien formés à ce niveau-là. Il y a aussi la formation aussi de nos boulangers qu’il faut faire pour que les intéressés puissent donner le meilleur d’eaux - mêmes en donnant du pain de qualité mieux que ce que nous avons aujourd’hui. Et puis vous savez que par rapport aux problèmes liés à la gestion d’une boulangerie, il faut dire que le boulanger c’est le contraire d’un paresseux. Pour faire de la boulangerie il faut être courageux. N’oubliez pas que la boulangerie est un grand pourvoyeur d’emplois au Burkina Faso après l’Etat. Ça c’est les emplois en direct sans compter nos revendeurs, nos livreurs et puis les autres qui vivent de ça.

Et en ce qui concerne la formation des boulangers ?

Nous souhaitons organiser des formations de boulangerie mais aussi organiser des formations pour les patrons des boulangeries pour qu’ils sachent comment on calcule le prix du pain, pour ne pas désorganiser le secteur, leur dire voici comment calculer votre prix de revient, et comment ne pas casser le prix de bâton qui peut revenir et garder une certaine marge pour renouveler les équipements, pour faire face aux aléas que nous connaissons aujourd’hui.

Votre dernier mot ?

Je souhaite fortement que Bobo-Dioulasso soit une ville de boulangeries franches entre elles qui s’organisent dans le sens du bien général. Je souhaite ardemment que dans tout le pays on puisse aussi créer encore des centaines de boulangeries pour promouvoir l’emploi et le développement.

Interview réalisée par Félix G. Ouédraogo
(Correspondant à Bobo)

L’Hebdo

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Route Didyr-Toma : 12 mois de retard, 7 km de bitume sur 43 km