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Jeu coca-cola : Parcours du combattant pour une bouteille

Publié le mercredi 27 juin 2007 à 07h38min

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La maison Coca-Cola est en pleine campagne promotionnelle. Le hic, c’est que l’organisation laisse à désirer et les heureux gagnants peinent à entrer en possession de leur dû. C’est la substance de l’écrit de Yemdaogo Kafando qui demande à ladite maison de revoir sa copie.

La solution logique

A l’instar de la politique, du sport ou du rap, les trois (3) B du "professeur" Laurent Bado restent d’actualité. Ne cherchons donc pas loin, car la roue existe déjà : parlons Coke.

En effet, l’un des fleurons de l’économie du pays où réside l’oncle Sam Tiendrébéogo, la maison Coca-Cola, est, une fois de plus, en pleine campagne promotionnelle observable au Burkina Faso. A l’occasion, la grande bouteille de 65 centilitres a changé de look, son capuchon de bonnet arborant fièrement la couleur jaune.

Mieux dit-on : achetez, faites ouvrir, buvez, grattez à l’intérieur du capuchon et/ou collectionnez et... découvrez l’or sous forme de nombreux lots dont des motos et, "facilement", des bouteilles estampillées de la célèbre marque.

Et voilà certains enfants en vacances parcourant des débits de boissons en quête de capuchons dans le ferme espoir d’avoir une moto en fin de course. Nombre de leurs frères et autres parents ont également pris goût à ce jeu.

Malheureusement, force est de constater que, près d’un mois après le lancement de cette campagne, il y a un hic observable ne serait-ce qu’au niveau de la ville de Ouagadougou.

Cela est dû au fait que, logiquement, voire naturellement, l’on est en droit de s’attendre à ce que, pour les petits lots, surtout la bouteille du précieux liquide, les tenanciers des buvettes ou les serveuses des maquis où l’on vient de se faire servir récupèrent, d’un large sourire, votre capuchon gagnant contre une bouteille bien "tapée" à l’instar de celles que véhicule la publicité de cette firme mondialement connue.

Or, "erreur de gawa", lorsque, tout heureux, l’on présente les capuchons gagnants aux propriétaires de débits de boissons, la quasi-totalité de ceux que nous avons rencontrés nous rétorque sans aucune hésitation : "Ce n’est pas ici, nous n’avons reçu aucune consigne dans ce sens". Un gérant de buvette nous a même exhibé un important lot de capuchons gagnants que ses clients déposent auprès de lui en espérant un remboursement sine die.

La solution logique

Pourtant, de l’avis de nombreux clients, la solution la plus logique, la plus naturelle serait que, comme dans la chanson traditionnelle "Naab koob ya yoobe", les gérants de bars et autres buvettes soient mandatés pour récupérer les capuchons gagnants contre récompenses aux lauréats, quitte à se faire rembourser par les propriétaires des caves qui, à leur tour, s’adresseraient à leurs partenaires de tous les temps, en l’occurrence la SODIBO et/ou la BRAKINA, qui, en dernier ressort, feraient diligence en tant que propriétaires de la licence de la marque en jeu.

Cela va sans dire que d’autres démarches restent compréhensibles, notamment pour les gros lots que constituent les motos. En effet, à ce niveau, l’enjeu en vaut la peine. Autrement dit, probablement peu de clients seraient prêts, pour une bouteille de Coca, à entreprendre une multitude de courses à l’instar de nos cadets et enfants en quête d’emploi.

En dernière analyse, l’on peut observer que si, dans le domaine du marketing et de la publicité, la campagne en cours ne constitue pas une innovation majeure, elle reste néanmoins une initiative commerciale somme toute pertinente, porteuse.

Mais il convient que les insuffisances organisationnelles observées soient maîtrisées de façon diligente sous peine que non seulement cette entreprise promotionnelle prenne des allures quelque peu contre-publicitaires, mais aussi contribue à "verser par terre la figure" (1) de tous ces communicateurs américanophiles qui se plaisent à citer les stratégies de marketing et de communication d’entreprise des grandes firmes yankees comme des exemples d’école dont nombre d’institutions et de sociétés burkinabè devraient s’inspirer.

Car cette campagne promotionnelle dégage le fâcheux sentiment que ses initiateurs semblent avoir, un peu trop tôt, lancé la charrue des ventes avant la mise en œuvre effective de la stratégie de remboursement des lots aux heureux clients gagnants. D’où l’apparition d’un goulot d’étranglement que nombre de consommateurs commencent à dénoncer. Cela fait, à notre humble avis, quelque peu désordre pour une si grande firme.

Cela, d’autant plus que ce comportement trahit quelque peu le "secret" du market dont la finalité n’est pas de faire jouer ou de jouer avec les clients, mais de les amener à acheter et à les fidéliser au produit. Heureusement que Coca-Cola peut contribuer à notre éducation de client : à quelque chose malheur est bon.

Yemdaogo Kafando,
Journaliste

Verser par terre la figure de quelqu’un, c’est lui faire perdre la face, lui mettre la honte.

L’Observateur

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