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Prolifération des alcools frelatés : Et si l’on appliquait la loi ?

Publié le mardi 19 juin 2007 à 07h34min

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Les alcools frelatés envahissent nos villes et villages comme les criquets pèlerins d’alors. Les agglomérations, les villages, les hameaux de culture, l’on n’en trouvera pas un à ne pas avoir “goutté” à ses faits de société liés à l’alcool.

Duel, pari, concours, défi, les termes ne manquent pas pour peindre les spectacles désolants qui s’offrent souvent à nos yeux. L’alcoolisme est de plus en plus vécu dans nos cités comme un acte de bravoure, de défiance pour ne pas dire d’expression d’une jeunesse en perte de vitesse, sinon de repère social.

Le reportage de nos confrères de la RTB dans la ville de Réo en décembre 2006, celui relatif au fait de société à Titao où un jeune a trouvé la mort par suite d’un duel d’alcool frelaté et bien d’autres témoignages, à ce sujet doivent interpeller. Interpeller les autorités politiques et administratives, interpeller les autorités coutumières et religieuses, gardiennes de la tradition et de l’éthique sociale, interpeller la société civile, bref la communauté toute entière.

Pour un pays comme le Burkina Faso, défavorisé par la nature, un pays où la seule richesse réside dans la ténacité de ses fils et filles, l’ardeur de sa jeunesse au travail, ce phénomène doit inquiéter à plus d’un titre et inciter à une prise de décision salvatrice.
Des falaises de Fô dans les Hauts-Bassins aux chaînes du Gobnangou à l’Est, du pic au Nahouri au Centre-Sud, aux dunes de sable de Déou au Nord, l’alcool frelaté semble être la réalité la plus partagée. La jeunesse meurt à petit feu, pour ne pas dire à petit “alcool”. Dans les buvettes, les bars, au cours des soirées dansantes, souvent même dans la rue par des ambulants, le frelaté se vend comme de petits pains.

A peine même le soleil levé que certains jeunes s’en sont déjà servis. Des boules du “katroiss” par- ci, des boules de “qui ma pousse” par-là, pour disent-ils, “s’ouvrir” les yeux... et affronter la journée. Peu importent les conséquences. L’Etat paie aujourd’hui un lourd tribut lié à ce phénomène. Un tour dans les urgences sanitaires permet de se rendre à l’évidence. Si l’on n’en meurt pas, l’on en sort souvent gravement atteint et c’en est foutu pour la famille.

Souvent, l’on est bien parti pour la rue si l’individu ne grossit pas le lot des bandits de grands chemins. Le tribut est lourd à payer et le Burkina doit opter en faisant de la lutte contre ce fléau, une priorité. Des textes existent mais, souffrent simplement d’une réelle application sur le terrain. La quatrième législature qui s’ouvre doit faire sienne cette préoccupation.

Tout comme le Sida, la lutte contre les alcools frelatés doit être engagée au plus haut niveau et impliquer d’office toutes les forces vives de la nation. C’est de là aussi que dépendra la réussite de la politique actuelle entreprise à l’égard de la jeunesse.

Abdoul Salam OUARMA
AIB/Titao

Sidwaya

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