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Arsénic dans le Yatenga : Des forages jugés et condamnés

Publié le mardi 30 janvier 2007 à 07h50min

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La Direction régionale de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques (DRAHRH) et la Direction régionale de la Santé (DRS ) du Nord ont conjointement animé une conférence de presse le mercredi janvier 2007 à Ouahigouya. Il était question de rendre publics les résultats d’une enquête sur la contamination à l’arsenic des eaux souterraines de la région. Des points d’eau ont été jugés infectés, et seront fermés.

Fin 2006, la presse avait fait cas de la présence d’arsenic à un niveau au-dessus de la normale dans les eaux souterraines dans la partie Nord du Burkina Faso. Plusieurs points d’eau destinés à la consommation humaine et animale sont contaminés, et dans certaines localités, les usagers avaient même commencé à développer des pathologies du fait de cette intoxication.

Fort heureusement, la direction régionale de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques et celle de la Santé du Nord avaient, dès 2003, détecté le mal, et maîtrisé la situation. Cependant, un déficit de communication autour du sujet a fait que, jusqu’en fin 2006, les populations de la région ont été saisies de frayeur en apprenant, par voie de presse, la présence ‘’ du poison’’ dans leur eau de boisson. C’est pour lever un coin du voile de cette situation que la DRAHRH du Nord a, en collaboration avec la direction régionale de la Santé, animé une conférence de presse le mercredi 24 janvier 2007 à Ouahigouya sur la problématique de l’arsenic dans la région du Nord.

Il s’est agi de porter à la connaissance du public les résultats de la campagne de prélèvements et d’analyses des eaux de forage dans la région du Nord, réalisée par la DRAHRH, en collaboration avec la DRS et l’ONEA.

Une semaine avant les journalistes, une rencontre sur la question avait réuni une quarantaine de partenaires et acteurs du secteur concerné, à la DRAHRH de Ouahigouya, parmi lesquels l’ambassade royale du Danemark et les autorités administratives locales.

Selon Seydou Sana, directeur régional de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques du Nord, ces analyses ont été contradictoirement réalisées par les laboratoires de la DRS et de l’ONEA. Les résultats stables (concordants) ont été adoptés et des mesures prises ; et dans les cas de résultats divergents, il y a une reconsidération à faire et c’est le laboratoire du BUMIGEB qui aurait été retenu pour des analyses complémentaires. Au total, ce sont 1054 forages qui ont été visités par les enquêteurs.

Les 14% des 1054 prélèvements ont révélé une teneur en arsenic au-dessus de 10 microgrammes par litre. Soit un total de 149 points d’eau, dont il est tiré une liste de "24 forages qui feront l’objet de fermeture." La province du Yatenga en compte 16, au Zondoma il y en a 7 et 1 au Passoré. Cela parce que la teneur en arsenic des eaux de ces forages est, dans tous les cas, supérieure à 50µg (microgrammes) par litre.

Ce qui représente un "seuil d’arsenicisme" dangereux pour la santé des consommateurs. Les puits dont la densité de l’arsenic est comprise entre 10µg et 50µg sont mis sous observation et feront l’objet d’un suivi régulier et rigoureux (prélèvement trimestriel) et les populations riveraines sous surveillance sanitaire. Au même moment, des points d’eau alternatifs vers lesquels réorienter les populations sont recherchés dans les environs. Dès lors qu’on trouve des traces d’arsenic dans le sous-sol d’un village, tous les points d’eau de cette localité sont systématiquement analysés, a assuré le DR de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques du Nord.

Des mesures palliatives envisagées

Parmi les mesures palliatives envisagées, il y a plus de 100 nouveaux forages qui vont être réalisés dans la zone. La priorité numéro un d’attribution ira, selon les responsables de la DRAHRH, à ceux des 24 villages dont les forages feront l’objet de fermeture sans ressource alternative. Ceux qui verront leurs forages fermés mais ayant la chance d’avoir encore de l’eau potable dans une distance raisonnable sont listés comme priorité n°2, et la priorité n° 3 revient aux villages où il y a de l’arsenic, mais à faible teneur. Mais avant toute fermeture de forage, les usagers en seront largement sensibilisés et, pour cela, les autorités locales sont sollicitées.

Une commission régionale de suivi de la problématique de l’arsenic a été créée par arrêté du gouverneur de la région du Nord le 24 janvier 2007. Cette commission sera à l’image du comité interministériel de suivi de la problématique de la contamination des eaux souterraines par l’arsenic créé le 19 avril 2006 et qui regroupe des techniciens des départements en charge de l’eau, l’environnement, les mines et la santé.

Dans leur démarche, les services concernés bénéficient du soutien des partenaires techniques et financiers, dont l’ambassade royale du Danemark et l’UNICEF. En outre, la communication a été identifiée comme une arme efficace "dans la lutte contre l’arsenicisme". "Le sujet ne sera plus tabou", a déclaré M. Sana, pour conclure.

Par Diouldé Sadou DIALLO

Le Pays

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