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<I>Une lettre pour Laye</I> : Les têtes commencent à tomber dans l’Armée

Publié le vendredi 12 janvier 2007 à 10h45min

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Cher Wambi,

Depuis les douloureux événements des 19 et 20 décembre 2006 entre militaires et policiers, la moindre rumeur suffit à tétaniser la capitale burkinabè. Les crépitements des armes légères et les détonations de celles lourdes résonnent encore aux oreilles des Ouagalais qui croyaient venue la fin du bal.

A raison sans doute, cher cousin, quand on sait que sous d’autres cieux, le désastre a parfois succédé à la révolte des casernes.

Depuis donc, disais-je, il ne se passe pas un seul jour sans que la rumeur d’une descente imminente des "jeunes gens" du Camp Général Sangoulé Lamizana dans les rues de la capitale ne vienne troubler la quiétude déjà précaire. Des rumeurs savamment distillées par le truchement des téléphones portables, qui ne manquent pas de vider les bureaux, les gargotes et les rues à certaines heures de la soirée.

Mercredi dernier seulement, au moment où se tenaient à Simonville de nombreuses réunions internationales, Dame Rumeur a vite fait de déconcentrer les partenaires au développement constamment à notre chevet. En tout cas, cher Wambi, certains ont dû clore leur séminaire ou conférence avant l’heure initiale, histoire de se mettre à l’abri des coups de ceinturons et des balles perdues. Rumeur avérée ou intoxication programmée ?
Il faut être dans le secret des dieux pour le savoir.

Finalement, il n’en a rien été, et la nuit a été des plus paisibles. Mais qui, bon Dieu, a intérêt à distiller d’aussi alarmantes rumeurs, et pourquoi les Burkinabè se révèlent-ils finalement si frileux ? Comme toi, cher cousin, ils sont nombreux qui font leur l’adage selon lequel "L’homme intelligent fuit devant le danger réel".

Les "jeunes gens" du Camp Général Lamizana Sangoulé n’avaient-ils pas, en effet, donné un ultimatum à la hiérarchie militaire pour la satisfaction de leurs revendications ? A ce qu’on m’a confié, cet ultimatum expirait le mercredi 10 janvier dernier, et c’est peut-être ce qui a provoqué le déploiement d’hommes et le renforcement des mesures de sécurité en certains points sensibles, dont la Présidence du Faso, et la trouille chez nombre de citadins.

Et s’agissant de revendications, puisque nous y sommes, cher cousin, le quotidien Sidwaya, dans son édition du mercredi 10 janvier 2007, m’apprend, sous la plume de ton bien aimé Kantigui, que, "Outre la ration alimentaire ou préfranc revendiquée à coups de canon, c’est la mutuelle des Forces Armées, récemment créée, qui est remise en cause".

Kantigui souligne, en effet, que "Les chefs de section ont convoqué leurs éléments pour leur signifier que, désormais, l’adhésion à la mutuelle se fait de façon volontaire et non de facto comme à l’origine. Aussi, ceux dont des prélèvements ont été déjà effectués sur la solde peuvent demander à être remboursés s’ils ne jugent pas nécessaire d’adhérer à la mutuelle".

Mais la nouvelle est à venir, cher cousin. Car, comme on se l’imaginait, des têtes commencent à tomber dans les casernes. Et la première, c’est celle du patron du Groupement de commandement , d’appui et de soutien (GCAS), en l’occurrence le colonel Ignace Zoungrana, qui cède son bâton au lieutenant-colonel Moïse Minoungou.

Je n’ai pas besoin de le rappeler, le GCAS n’est autre que la caserne des blindés et de la cavalerie, basée à l’intérieur du Camp Général Sangoulé Lamizana, d’où les canons ont secoué la capitale dans la nuit du 29 décembre. Maintenant, à qui le tour ?


Restons dans le sillage de la grande muette pour dire que pour compter du 03 février 2007, un officier hors du commun s’en ira à la retraite. Pour ne pas te laisser deviner, il s’agit tout simplement du capitaine Blaise Compaoré qui porte son grade depuis les années 80. C’est ce qui ressort d’un décret pris le 06 décembre 2006 par le président du Faso et chef suprême des armées, Blaise Compaoré himself. Cette retraite peut-elle en annoncer une autre ? Bien malin qui saurait y répondre.

C’est devenu une coutume, l’année nouvelle est l’occasion pour chacun de nous de présenter ses vœux à un parent, un ami et que sais-je encore ! C’est ainsi que j’ai reçu d’un de nos fidèles lecteurs, Konkobo Harouna Ibrahima, des vœux de bonheur, de prospérité, de santé et de succès. A l’occasion, il a joint ce précieux cadeau, que je t’invite à découvrir. C’est une photo d’archives de Charles Blé Goudé (béret noir) et de Guillaume Soro du temps où ils étaient copain-copain à la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI).

Depuis, les temps ont changé et beaucoup d’eau a coulé sous le pont Houphouët-Boigny. Et si Charles Blé Goudé dirige aujourd’hui les "jeunes patriotes" aux côtés de Laurent Gbagbo à Abidjan, Guillaume Soro, lui, règne sur la rébellion, qui occupe depuis septembre 2002 le nord ivoirien. Difficile aujourd’hui de reconnaître ni l’un, ni l’autre ; tant ils ont évolué en grade et en proportion. Mais qui pouvait imaginer que leurs chemins se sépareraient un jour ?


Cher Wambi, j’ai appris, par ton frère Sibiri, que tu serais à Ouagadougou la semaine prochaine pour "arranger" les papiers de tes enfants. J’espère que tu n’auras pas besoin d’un timbre provincial, car je te préviens, il est actuellement plus facile de trouver une aiguille dans une botte de foin, que de trouver ce timbre au Kadiogo. je l’ai appris à mes dépens le mardi 09 janvier dernier. En effet, comme tu le sais peut-être, le premier de mes gosses, Nobila, est au CM2, et doit passer cette année le CEP.

Mais pour des raisons de santé, il ne pourra pas subir l’épreuve sportive de cet examen. Il lui faut donc une dispense. Et ce précieux document ne peut être obtenu qu’au vu d’un certificat médical certifiant son inaptitude au sport, accompagné d’un timbre provincial de 200 F CFA. "Le plus dur, c’est peut-être d’obtenir le certificat médical, sinon le timbre, on le trouve normalement partout", pensais-je. Erreur ! En effet, si j’ai pu obtenir pour mon enfant le certificat médical en une matinée, pour le fameux timbre, ce fut un véritable parcours du combattant. Juges-en toi-même :

Après avoir fait ce jour-là et sans obtenir gain de cause le tour des petits coins de vente habituels de timbres que je connais, notamment dans les environs du commissariat central de police, je me suis résolu à aller au "Trésor public". Mais point de ce timbre là-bas. "Nous ne vendons pas ce timbre ici", me dit la dame au guichet. Je mis alors le cap, cher cousin, sur la Trésorerie principale de Ouagadougou (TPO), communément appelée Paierie générale. Là-bas aussi on ne vend pas de ce timbre. Et le monsieur au guichet me conseilla gentiment d’aller voir au Haut-Commissariat du Kadiogo.

Ce que je fis, accompagné cette fois-ci d’un monsieur qui était, lui aussi, à la recherche du même précieux timbre pour les mêmes raisons". "Mon fils fait le CEP cette année, mais il ne peut pas courir, et je suis à la recherche d’un timbre provincial pour sa dispense", me dit-il en mooré. Quels ne furent notre grande surprise et notre désappointement, de nous entendre dire, à notre arrivée au Haut-Commissariat, que ce timbre n’était plus vendu là-bas. "On a arrêté la vente du timbre provincial, parce que nous attendons le nouveau timbre régional, qui n’est pas encore là", nous dit une dame. "Mais, nous avons besoin de ce timbre urgemment pour les dossiers de nos enfants !", lui répliqua mon compagnon d’infortune.
"Il n’y a pas d’urgence puisqu’il n’y a pas de timbre !", lui répondit tout en rires un monsieur qui partageait le bureau avec trois dames.

Fort heureusement, une petite dame assise au fond du bureau, visiblement prise de compassion pour nous, nous conseilla "d’aller voir du côté de la préfecture de Saaba, où il y a encore quelques timbres provinciaux en vente". Il était 17 heures. Impossible donc d’aller trouver encore quelqu’un au bureau là-bas. Nous remîmes donc au lendemain mercredi 10 janvier notre déplacement, non sans avoir auparavant appelé au 50 31 93 18 (le numéro de la préfecture de Saaba) pour nous assurer qu’on pourrait y trouver le fameux timbre.

Quel ne fut notre soulagement quand la sympathique dame à l’autre bout du fil nous dit que le timbre tant recherché était bel et bien en vente dans son service. C’est donc finalement le mercredi 10 janvier que nous pûmes acheter à Saaba ce timbre provincial de 200 F, qui nous aura coûté bien plus que son prix, car si on doit y ajouter l’essence, le temps, l’énergie et même nos nerfs mis à rude épreuve, ce pourrait être le timbre le plus cher du monde. "C’est ça le Burkina", me suis-je dis après toutes ces péripéties.

En effet, comment a-t-on idée d’arrêter la vente d’un timbre sous prétexte qu’on en attend un nouveau, qui n’est pas encore là, et sans en prévenir les usagers, ne serait-ce que par un petit communiqué ? Comment peut-on arrêter la vente d’un timbre, pourtant nécessaire pour certains dossiers, sans mettre en circulation le timbre qui doit le remplacer ?

Comment peut-on exiger de l’usager qu’il aille jusqu’à Saaba, juste pour acheter un timbre de ...200 F quand on connaît le prix actuel du carburant ? Comment... Comment... En tout cas, cher Wambi, tu es prévenu : si d’aventure, tu as besoin d’un timbre provincial, cours vite à Saaba pendant qu’on peut encore l’y trouver !


Cher Wambi, de passage à Kamsonghin, au secteur 6 de la capitale, j’ai été agréablement surpris de constater que le mur de l’ex-école Sud, maintenant école Kamsonghin, qui tombait en décripitude a été totalement reconstruit. Renseignements pris, on m’a dit que le new-look de cette école a été le fruit de la démarche de l’Association des parents d’élèves et d’anciens élèves de cet établissement qui a vu passer tant de futurs hauts cadres de notre pays.

Pour la réfection du mur, le maire Simon Compaoré a mis la main au portefeuille pour ce qui concerne la partie ouest de l’école. Quant aux autres côtés de ce grand mur, ils ont été refaits gracieusement par le secrétaire permanent du PDDEB. Mais le problème ici, c’est qu’après tous ces travaux, les conseillers municipaux de ce secteur qui se sont subitement remémorés qu’il leur manquait une maison de jeunes, ont trouvé un endroit idoine pour en édifier une : la cour de l’école.

Refus catégorique de l’APE et des anciens élèves, qui estiment, à juste titre, que l’endroit sied plutôt pour qu’on y construise une inspection primaire, car celle qui supervise les enseignants de l’école Kamsonghin est en location en ville. Et ainsi est né un conflit que le ministre Odile Bonkoungou doit solutionner au plus vite. Et on la sait bien raisonnable pour trancher en faveur de la construction d’une inspection primaire au sein de cette école. Ce qui fera du bien à tous.


Dans cette attente, voyons ensemble ce que contient cette semaine le carnet secret de Tipoko l’Intrigante.

- Le parc automobile de la police de la ville de Ouagadougou a été pratiquement mis hors d’usage lors des violents affrontements qui ont opposé les militaires aux policiers dans la nuit du 20 au 21 décembre 2006. Depuis, la gendarmerie se tape une bonne partie du boulot qu’elle abattait quotidiennement avec la police. Est de cela la réalisation des constats après un accident de la circulation.

Sur ce volet, c’est toujours vers les pandores que les accidentés se tournent. Mais, même la plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu’elle a. Difficile en effet d’abattre seul un travail qu’on faisait couramment à deux. On a souvent vu sur nos routes des véhicules accidentés qui bloquent pour longtemps la circulation parce que le constat d’usage n’est pas encore effectué. Une situation désagréable pour les autres usagers des voies publiques.

La police, qui manque cruellement de véhicules, a approché l’Association professionnelle des sociétés d’assurances du Burkina (APSAB) pour solliciter une aide en matériel roulant. Très touchée par cette démarche, la Direction générale d’AGF-Burkina a décidé de lui faire don d’un véhicule Mitsubishi L200 (double cabine). Cette voiture a été remise mercredi dernier à la police et servira particulièrement à la section Accidents du commissariat central de Ouagadougou. Un geste salutaire qu’il faut saluer en espérant que d’autres sociétés suivront ce bel exemple de solidarité et de citoyenneté.

- L’Association dentaire du Burkina (ADB) organise, pour la première fois de son histoire, le premier congrès dentaire du Burkina, du 6 au 9 février 2007. Cette rencontre est placée sous le haut-patronage de Mme Chantal Compaoré, la présidence du ministre de la Santé et le parrainage du maire de la ville de Ouagadougou. L’ADB entend par ce congrès faire progresser la chirurgie dentaire dans l’environnement sociopolitique, économique, culturel et linguistique du pays. C’est dans ce sens qu’elle s’active dans les préparatifs en comptant sur l’appui des partenaires.

"Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie.
Au revoir.

Ton cousin,
Passek Taalé.

L’Observateur

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