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Incendie sur le site aurifère de Kaïn dans la province du Yatenga : Un mort, une centaine de hangars et des engins brûlés

Publié le lundi 8 janvier 2007 à 07h17min

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Le vendredi 05 décembre 2007, un incendie dont les causes restent encore ignorées, a causé la mort d’un jeune orpailleur et des dégâts matériels très importants dans le village de Dorhé, situé à 50 km de Ouahigouya dans le département de Kaïn.

Un mort calciné, une centaine de hangars brûlés, des engins à deux roues réduits en cendre, des dégâts matériels importants, tel est le bilan macabre suite à un incendie survenu au milieu du marché du site aurifère de Dorhé dans le département de Kaïn, province du Yatenga, en ce vendredi 05 janvier 2007 aux environs de 15h.

M’étant rendu sur les lieux pour en savoir davantage sur une altercation qui a eu lieu, le 29 décembre 2006, entre les policiers et les orpailleurs qui avaient brûlé le hangar des agents de sécurité, l’incendie s’est déclenché en notre présence.

Dans le sauve-qui-peut et malgré les tentatives de certaines bonnes volontés de circonscrire l’incendie, l’irréparable n’a pas pu être évité. En l’espace de 15 minutes, le marché des orpailleurs de Dorhé aménagé à base de secco a perdu sa physionomie d’antan. Les flammes se sont propagées à la vitesse du vent, dévorant tout sur leur passage. Un véritable carrefour d’affaires, où des commerçants, des gérants de kiosques et buvettes, des restauratrices faisaient de bonnes recettes. C’est après avoir maîtrisé définitivement l’incendie que la découverte macabre a été constatée.

Un corps d’un jeune homme d’une trentaine d’années calciné. Il est ressortissant du village de Loubré du département de Thiou. Pour empêcher les badauds de regarder le corps calciné, les plus âgés ont couvert le reste du corps à l’aide des haillons ramassés sur place. Quant aux autres victimes, elles sont déboussolées.

Les sites d’orpaillage, véritables lieux d’insécurité

Karim Sawadogo, victime de l’incendie : « J’ai perdu ma moto de marque SANYLI, de l’or, des pagnes et bien d’autres choses. Je suis dépassé car c’est une grande perte. Ma femme a tout perdu dans son restaurant. Tout est parti en flamme ». Amidou Sawadogo, responsable du comptoir embouche la même trompette : « Ce qui nous est arrivé ce soir est déplorable.

Tout est parti en fumée. Nous avons toujours sensibilisé les commerçants surtout ceux qui utilisent le feu comme les restauratrices, les vendeurs de café de s’éloigner des autres hangars. Ceux qui nous ont compris ont vite déménagé. Ils n’ont pas été touchés par l’incendie. Ceux qui se sont entêtés, sont restés et voici les résultats. Je suis abasourdi par cet incendie ». Cette situation malheureuse n’a cependant pas découragé certains orpailleurs.

Sont de ceux-là, Lassina Guira qui se moque éperdument de la situation en croyant dur comme fer que c’est le destin du défunt, avant de lâcher : « celui qui vient dans les sites aurifères ne doit pas avoir peur de la mort ». Tout en s’exprimant, il descend les escaliers d’un trou d’une profondeur d’environ 40 mètres. C’est dans ce trou qu’il y restera pendant des heures à la recherche du minerai, car affirme-t-il : « Il me faut de l’argent pour construire à Ouahigouya, me tailler une moto de marque SANYLI (une marque prisée par les orpailleurs), s’occuper de ma famille ». Au site aurifère de Dorhé, la vie d’un homme n’est plus sacrée. Un véritable carrefour de la mort et des dangers permanents.

A ce sujet, une source anonyme nous a conseillés d’aller vérifier le nombre de vélos qui se trouvent au commissariat de police (tout en refusant de nous dire lequel des commissariats), « vous comprendrez combien de personnes ont péri dans ces trous suite aux éboulements ». Pour ce dernier, chaque fois qu’il y a mort d’homme, il y a une prolifération de minerai. Un autre aspect négatif de ces sites aurifères est l’exploitation des mineurs.

Aminata Gadiaga, une fillette de 10 ans, a été embauchée par une restauratrice. « Elle me donne 300 francs par jour. Je mange ici midi et soir », a laissé entendre cette dernière. Aminata est loin d’être la seule à subir ces souffrances sur ce site. Un autre mineur de 12 ans venu de Gourcy explique sa situation : « C’est la faim qui m’a amené ici. Je travaille nuit et jour pour ma patronne. En retour elle me donne à manger ». Une situation préoccupante lorsqu’on sait que les sites aurifères sont des lieux où tout est permis. Viols, vols, vente de drogue, abus sexuels, escroqueries, sont monnaies courantes. Et un jeune homme de 18 ans d’affirmer qu’ici, on n’a pas besoin d’un matelas ou d’une natte pour faire des relations sexuelles, seulement avec le pagne de la fille.

Au site aurifère de Dorhé, l’aspect sanitaire est jeté aux oubliettes. Ousséni Ouédraogo, un orpailleur, a confié qu’il peut passer deux semaines sans se doucher parce que l’eau coûte cher. 750 francs la barrique. A cela s’ajoutent les nombreux heurts liés au manque d’organisation dans l’exploitation du site.

Jean Victor OUEDRAOGO
AIB/Ouahigouya

Sidwaya

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