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Situation des enfants : Le problème, c’est leur instrumentalisation

Publié le mardi 21 novembre 2006 à 07h37min

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Pour les enfants, les Journées se suivent et se ressemblent. Depuis 1954, année où fut instituée par les Nations unies une Journée mondiale de l’enfance, chaque 20 novembre donne lieu à un branle-bas de combat qui fait long feu.

Après les grandes commémorations festives, à la limite folkloriques, l’émulation et la détermination s’émoussent, ne laissant que les véritables acteurs du bien-être des enfants sur le terrain.

C’est cette hypocrisie qui continue de perpétuer la triste réalité de l’enfance dans une importante partie du monde. Ainsi, englués dans toutes formes d’exploitations et de maltraitances, les enfants vivent la dureté de ce monde dans leur âme et leur chair, sans que l’espoir de lendemains meilleurs leur soit permis.

Même les traditions, comme en Inde et en Afrique avec l’infanticide volontaire et l’excision, semblent s’acharner sur les enfants. Les vœux de l’ONU, à travers les Objectifs du millénaire, de voir, entre autres, effectif l’accès à l’éducation primaire pour tous d’ici 2015, risquent d’être, de ce fait, pieux. Car le plus grand mal qui entrave l’amélioration du sort des enfants n’est pas tant le manque d’argent et de solidarité que la cupidité et la méchanceté de bien des acteurs qui s’enrichissent sur la misère des tout-petits.

La situation est scandaleuse. Pas celle des gosses dont on peut changer le destin par une volonté politique affirmée des dirigeants, mais celle de ces soi-disant bénévoles qui disent lutter pour les enfants mais qui, au contraire, s’engraissent sur leur dos. Aussi si bien pour ces hommes (et femmes) politiques que ces responsables associatifs, le sort des millions de gosses ne constitue pas une préoccupation. Leur seul souci est, en réalité, de tirer le meilleur parti, d’une façon ou d’une autre, de l’enfant, qu’ils souhaitent inconscient et facilement manipulable. Ils savent aussi que le monde développé, sensible à la question de l’enfance souffrante, ne lésine pas sur les moyens pour faire changer les choses.

Comme le dit une célèbre pub, « y a l’argent dedans ». Effectivement, il s’est développé un véritable affairisme qui n’a rien à voir avec la défense de la cause des enfants. En fait, les adultes défendent leurs propres intérêts. C’est simplement scandaleux, et les bailleurs de fonds devraient se montrer plus rigoureux dans le contrôle de la gestion de la manne déversée sur des associations et dont les enfants n’en voient pas une quelconque retombée.

Du côté des décideurs, la conduite n’est guère plus encourageante, même si, à ce niveau, il s’agit plus d’absence de volonté politique que de mauvaise gestion. Les dirigeants africains rechignent à investir dans l’enfant. Pourtant, ils ne cessent de rappeler qu’il constitue une richesse pour la nation. Mais quand vient l’heure de donner à chaque enfant la chance de véritablement s’épanouir et devenir le citoyen irréprochable de demain, on sort toute une panoplie de termes propres au jargon économique, du genre « contraintes financières ».

Ce discours est cependant vite oublié et l’on dépense sans compter pour soutenir des équipes de football moribondes ou pour acheter des armes trop sophistiquées pour des pays pauvres. Sur le continent même, les disparités sont criardes entre pays, en matière, par exemple, de scolarisation des enfants. Il y a les pays qui pratiquent la gratuité de la scolarité et ceux qui n’y songent même pas.

Tous autant qu’ils sont, mouvements associatifs et gouvernants ont plutôt tendance à vouloir instrumentaliser la frange la plus jeune de la population à des fins inavouées. Seules les organisations qui doivent leur existence à celle des enfants travaillent vraiment à plein temps pour eux. Faire lire à des enfants des discours dans lesquels ils ne comprennent pas un traître mot, en faisant croire que les vœux exprimés viennent d’eux, c’est continuer à entretenir cette confusion à eux préjudiciable.

Les adultes ne doivent pas fuir leurs responsabilités. Ils ont le devoir d’assurer aux enfants un avenir certain en inscrivant cette préoccupation au centre de tous les combats, depuis la cellule familiale jusqu’à l’Etat. C’est à cette condition que les multiples maux qui assaillent les enfants et qui bafouent leur dignité d’êtres humains deviendront de mauvais souvenirs.

Le Pays

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