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<I>Une lettre pour Laye</I> : Lougué, le témoin tant attendu

Publié le vendredi 26 mars 2004 à 07h21min

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C’est officiel, le 15 mars dernier, le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire, Abdoulaye Barry, a informé l’opinion publique que le procès des présumés putschistes d’octobre 2003 s’ouvrirait le 6 avril prochain.

C’est connu également, la Chambre de contrôle a ordonné le 12 mars des non-lieux (quatre au total), si fait que sur les 17 inculpés au départ, 13 vont comparaître, les 4 autres étant désormais libres, aucune charge n’ayant été retenue contre eux. Les chefs d’inculpation retenus contre les 13 sont également connus, en l’occurrence "Complot et attentat contre la sûreté de l’Etat" pour tous les inculpés, et "trahison", c’est-à-dire intelligence avec l’ennemi, en plus, pour le capitaine Ouali Diapagri Luther.

Cher Wambi, selon le code pénal, si ces personnes sont reconnues coupables pour les faits qui leur sont reprochés, certaines seront condamnées de 5 à 10 ans de prison pour le complot (article 109 du code pénal), de 10 à 20 ans pour l’attentat (article 110) et la perpétuité pour la trahison. Les audiences, cher cousin, seront publiques et même qu’il est envisagé de mettre des haut-parleurs à l’extérieur de la justice militaire pour permettre aux citoyens de suivre le déroulement du procès.

Tout semble fin prêt donc pour ce qui est une première (un procès en bonne et due forme pour une tentative présumée de putsch) ; sauf que certains inculpés n’ont pas d’avocats et qu’on leur en commettra d’office.

Il y a également le cas de "Me Prosper Farama", dont la présence au tribunal aux côtés de son client Norbert Michel Tiendrébéogo est suspendue aux décisions soit du Conseil de l’ordre, soit du commissaire du gouvernement.

L’intéressé ayant été inculpé pour violation du secret de l’instruction et risquant de ce fait la suspension.

En outre, selon notre confrère "L’Evénement", le sergent Naon Babou bénéficierait d’une protection spéciale, car "des milieux craignant qu’il ne dise des choses compromettantes" lors du procès voudraient l’envoyer ad patres.

Mais cher Wambi, si les inculpés sont connus, quels seraient les probables témoins ? Si rien ne permet de citer des noms, ils sont nombreux ceux qui penseront sans doute au général Kouamé Lougué ci-devant ministre de la Défense qui, quoi qu’on dise, a été relevé de ses fonctions ministérielles à cause de cette ténébreuse affaire.

L’homme de Ouiré (son village natal) viendra-t-il témoigner ? Réponse à partir du 6 avril.


Cher Wambi, depuis le 12 mars, lors de la publication de la liste des 19 personnes composant le nouveau bureau CDP de la section du Kadiogo, une insidieuse crise a vu le jour. Certains militants, qui représentent un courant fort au sein de ce parti se sont dit floués, humiliés, traités comme des moins que rien.

De prime abord, on aurait bien pu se poser la question de savoir pourquoi tant d’empoignades pour un simple bureau d’une section, fût-elle du Kadiogo.

En politiciens avertis, ils savent mieux que quiconque que celui qui contrôle le bureau de la section contrôle tout de go la base, qui est d’une importance capitale en politique. C’est peut-être ce qu’a bien assimilé le ministre Patrice Nikièma des Transports, qui, jusque-là, se voulait un militant CDP bien discret, et que nous venons de voir propulser à la tête du bureau CDP de la section du Kadiogo. Mais dans cette affaire, s’il y a un militant que de concert certains gourous du CDP ont voulu réduire à sa plus simple expression (pour quelles raisons ?) c’est naturellement El hadj Mamadi Kouanda.

Puisqu’il a été écarté sans autre forme de procès de la liste des députables CDP en 2002 alors même qu’il était dans l’ancien bureau, on peut dire que la voie de l’hémicycle est fermée pour un certain temps à El hadj Kouanda, maintenant qu’il ne figure même pas dans le nouveau bureau.

Fait-il toujours les frais de sa mésentente avec le maire de Ouagadougou, Simon Compaoré ?

Autre renouvellement de bureau d’une section CDP, qui mérite qu’on s’y arrête un tant soit peu : celui du Houet. En effet, dans cette partie du Burkina, les confrontations entre militants CDP ont atteint un stade non négligeable et pour cause : il semble que la mise en place de ce bureau ait été aux antipodes de l’orthodoxie qui régit les règles de fonctionnement du CDP.

C’est sous l’œil bienveillant du commissaire régional CDP et par ailleurs président du Conseil économique et social (CES), Thomas Sanou, que le député Salia Sanou a constitué son bureau pour se succéder à la tête de la section du Houet.

En effet, ses déclarations qui suivent, faites lors de la mise en place du bureau, en disent long sur la nature de celui-ci, qu’il préside :

"En ma qualité de secrétaire provincial, dit-il, et après consultation de personnes de ressources, nous vous communiquons les noms de ceux retenus pour faire partie du bureau".

A ce qu’on dit, ce fut la stupéfaction générale dans la salle, suivie de murmures auxquels Salia répondit de la manière suivante : "...Le CDP est un grand parti, celui qui n’est pas content, qu’il se cherche ailleurs". Sans commentaire.


S’il est une nouvelle qui défraie la chronique ces temps-ci, cher cousin, c’est bien celle faisant état d’un détournement de 300 millions de FCFA par le percepteur de Bittou dans la province du Boulgou.

L’indélicat, Noël Tiendrébéogo qu’il s’appellerait, a même réussi à franchir la frontière togolaise avec son magot avant de revenir sur ses pas. Il a donc été cueilli par la police et devrait être en train de méditer sur son sort, lui qui n’a qu’une quarantaine d’années.

A ce qu’on dit, il aurait réussi son coup avec la complicité de quelque cinq autres prédateurs de la République, tous maintenant aux arrêts, avec leurs biens saisis. Son épouse, elle aussi, serait en lieu sûr en attendant qu’on retrouve la totalité de la fortune emportée, puisqu’à ce jour, seulement 150 millions de FCFA ont pu être récupérés.

Où est-ce que ce clan a pu planquer le reste ?

Mystère et boule de gomme. Mais on raconte que les complices sont bien connus et fichés par la police, qui ne tardera pas à débusquer le trésor caché, même si pour cela, il faut étendre les investigations à d’autres pays, voisins.

En attendant, bien de questions se posent :
comment peut-on laisser une si importante somme à la portée d’un individu ?

nos perceptions sont-elles en sécurité ? Au moment où poussent les nouveaux riches comme des champions, et où la jeunesse court derrière le gain facile, il y a lieu de sévir.

C’est une question de survie nationale, et ce ne sont pas les chantres de la lutte contre la pauvreté et pour la bonne gouvernance qui diront le contraire.

Mais sais-tu que ceux-là qui sont censés nous donner le bon exemple se sont jetés dans la danse eux aussi ? Tu tomberas des nues, mais ainsi est devenu le Faso. Juges-en toi-même : Le mercredi 24 mars dernier en effet, lors de l’hebdomadaire conseil des ministres, le gouvernement a décidé de la révocation de M. Harouna Kouanda, greffier à la Cour des comptes, pour s’être rendu coupable du détournement de la somme de 39 689 485 F CFA, avec poursuites judiciaires.


Cher cousin, si ceux qui sont chargés de lutter contre les détournements deviennent les auteurs de tels forfaits, je me demande bien ce qu’il reste de la morale au Burkina Faso. La gestion des biens publics est devenue une préoccupation nationale. A preuve, cher cousin, j’ai vu circuler une proposition de résolution, adressée par le député Maurice Dieudonné Bonanet au président de l’Assemblée nationale, et visant à créer une commission d’enquête parlementaire afin de faire la lumière sur les fraudes fiscales dont sont accusées deux sociétés de la place : Métal Burkina et CBTM. 

Le député Bonanet part du principe que les accusations portées contre des agents des sociétés incriminées ainsi que du Trésor public, et relayées par la presse, notamment l’Indépendant n°546 du 24 février et n° 547 du 2 mars 2004, révèlent d’importantes sommes engrangées par ceux-ci au détriment de l’Etat et au préjudice d’autres sociétés privées.

Une seconde proposition de résolution, qui aurait atterrit sur le bureau du président de l’Assemblée nationale, émanerait du député Achille Marie Jospeh Tapsoba, lui aussi élu du CDP, et viserait à créer une commission d’enquête sur la libre circulation des produits alimentaires dangereux dans notre pays, notamment sur la qualité de produits de grande consommation tels que la farine, la pâte de boulangerie, le pain, les huiles alimentaires, les eaux de boissons conditionnées, déjà répertoriés par la Ligue des consommateurs du Burkina (LCB) avec l’appui du Laboratoire national de santé publique (LNSP). Seront-ils seulement suivis, nos illustres élus ?


Les litiges autour des espaces publics, communément appelés « zones réservées », deviennent, cher Wambi, de plus en plus fréquents dans la capitale. Ces terrains, comme tu le sais, qui ont été délimités à la faveur des recensements commando sous la Révolution d’Août, étaient destinés à la construction d’infrastructures socio-économiques (dispensaires, écoles, terrains de sport, centres de loisirs, espaces verts) au profit des populations.

Malheureusement, l’ère Sankara passée, nous assistons de plus en plus à des pratiques pas du tout dignes d’un pays qui se dit « intègre ». Dans pratiquement tous les cinq arrondissements de la commune de Ouagadougou, on fait état de détournement de ce genre de terrains.

En effet, il n’est pas rare de voir décharger sur certains de ces espaces des dizaines de camions Ben de sable ou de gravillon sans qu’on sache comment les tractations se sont passées. Ce qui ne manque pas de révolter certains citoyens, qui protestent souvent de vive voix contre. Le cas le plus récent, tu t’en souviens, a été la bagarre qui a opposé l’enfant terrible de Samandin, Nana Thibaut, conseiller municipal de l’arrondissement de Baskuy, à un monsieur à qui on a attribué un terrain de sport dans ledit quartier. Cela, tu te rappelles, avait valu au sus-cité un séjour à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou.

Bref, cher Wambi, c’est ainsi qu’on brade les biens de l’Etat, et ce qui est curieux, c’est qu’on ne sait pas qui autorise la liquidation de ces terrains. Une fois le problème posé, les autorités municipales déclinent parfois leur responsabilité alors que les papiers que détiennent les attributaires des espaces sont souvent signés de leurs mains. Sous réserve de vérification, je viens d’apprendre qu’une dame convoiterait un terrain de sport situé au secteur 15 de Ouagadougou (Patte d’Oie) où elle compterait ériger une école commerciale. Une coordination aurait été formée pour s’opposer à un éventuel détournement de ce patrimoine public foncier.


Avant de t’ouvrir le carnet secret de Tipoko l’Intrigante, je t’informe qu’un des nôtres, en l’occurrence M. Nurukyor Claude Somda, ancien ministre de la Culture, a tapé dans l’œil du Pape Jean-Paul II. Depuis le 30 décembre 2003, le Souverain Pontife l’a nommé consulteur du Conseil pontifical pour la culture, pour une période de cinq ans.

Tu voudrais bien te joindre à moi cher cousin pour lui présenter tes félicitations. Cela dit :


* Estelle Woba née Thiombiano, c’est le nom de cette enseignante qui était poursuivie en justice pour châtiment corporel d’une élève.

Le tribunal correctionnel de Ouagadougou, qui avait eu à connaître de cette affaire, a rendu son verdict le 22 mars dernier.

Ainsi, l’enseignante a été reconnue coupable des faits à elle reprochés, c’est-à-dire coups et blessures volontaires sur son élève, et condamnée à une peine de 3 mois de prison ferme et à des dommages et intérêts s’élevant à 15 millions de francs CFA.

A ce qu’on dit, l’élève aurait perdu 25% de son acuité visuelle (œil gauche) des suites du châtiment de la maîtresse. Châtiment pour châtiment donc ! Vois-tu, cher cousin, les temps ont changé, et il faut bien faire avec.

Dommage que ce soit arrivé !


* L’horizon semble s’assombrir pour les travailleurs de Mobil Oil au Burkina. Le groupe pétrolier américain voudrait plier bagage et céder son patrimoine à un repreneur qui ne serait autre la Pétrolière du Faso (PETROFA) de notre jeune milliardaire Mahamadi Sawadogo dit Kaddafi. Les travailleurs, qui auraient des appréhensions, exigeraient de leur employeur une indemnité représentant quelque 80 mois de salaire pour un départ définitif.
* L’excellence des relations entre le Burkina et Taïwan n’est plus à démontrer. Et l’illustration en a encore été donnée avec le séjour depuis février 2004 à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM) de deux élèves-diplomates taïwanais (une dame et un monsieur). Les deux futurs diplomates ont séjourné six (6) mois sur les bords de la Seine, où il se sont familiarisés avec la langue de Molière avant de venir à l’ENAM. Ce séjour, qui entre dans le cadre du partenariat entre l’ENAM et l’ambassade de Taïwan au Burkina, doit permettre aux deux futurs diplomates de s’imprégner des réalités socio-économiques, culturelles et politiques du Burkina et par-delà, de toute la sous-région ouest-africaine. Pour cela, ils ont effectué de nombreux stages notamment à la CENI, à l’Assemblée nationale, à la mairie de Ouagadougou. Ils ont aussi parfois joint l’utile à l’agréable avec des sorties à Sabou, Ziniaré, et Laongo par exemple.

De l’avis de beaucoup de leurs condisciples burkinabè et de leurs enseignants, les deux Taïwanais sont très courtois et conviviaux.

Reste à espérer qu’à leur retour, ils fassent des émules pour le rayonnement de l’expertise burkinabè.


* Le mardi 16 mars dernier, la Coordination nationale de soutien aux Etalons (CNSE), dirigée par El hadj Mahamadi Kouanda, faisait son bilan d’après- CAN 2004. A ce sujet, un point de presse a été donné pour situer l’opinion sur les dépenses effectuées en amont et en aval de Tunisie 2004. Au cours de la conférence de presse donnée par les responsables de la coordination, il avait été donné aux journalistes d’entendre que sur les 50 millions à lui offerts par l’Etat burkinabè, il restait 169 000 FCFA ; une info qui a d’ailleurs figuré à la une de L’Observateur paalga du jeudi 16 mars. Après vérification auprès de la trésorerie de ladite coordination, il reste exactement 160 FCFA. Cet écart a été constaté après les calculs effectués à l’issue de la rencontre avec la presse.
* Une journée de retrouvailles : c’est ce que s’offrent les anciens élèves et maîtres de l’école primaire privée catholique du département de Saponé les samedi 27 et dimanche 28 mars à Karkuidghin, chef-lieu dudit. Placées sous le haut patronage du ministre de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation, ces journées seront marquées dès samedi par :

- un match de football entre les anciens élèves ;
- un match de football : équipe de Saponé # Zunogo FC ;
- une réunion sur les perspectives de rencontres de l’école ;

- un bal.

Ce dimanche, sera célébrée à partir de 8h 30 une messe d’actions de grâces en l’église Notre Dame de Lourdes de Saponé, suivie de réjouissances populaires. Un rendez-vous à ne pas manquer.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie. Au revoir. Ton cousin Passek Taalé

L’Observateur

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