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Lutte contre la mendicité :Une opération de grande envergure

Publié le mercredi 24 mars 2004 à 08h03min

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Sur autorisation des autorités communales, la police municipale a raflé des mendiants de la ville de Ouagadougou, le 22 mars dernier. Les racoleuses aussi en ont eu pour leurs comptes. Le commandant de la police municipale, le commissaire Pierre Claver Komsimbo nous donne des précisions.

"La ville est surchargée de mendiants et c’est à peine s’ils ne vous agressent pas à chaque carrefour, à chaque feu de stop, etc. L’autorité communale a pensé que cet état de fait ne rentre pas dans la politique de gestion de la cité". C’est ce qu’a soutenu le commissaire de la police municipale.

Toutefois il a reconnu que : "Nous aurions dû faire cette opération bien avant que la commune ne nous la demande. Nous aurions bien pu désencombrer les voies plus tôt, car rien que pour leur sécurité, la présence de ces mendiants sur la voie publique est dangereuse. Il nous faut donc prendre des mesures qui les empêchent d’être en danger". Par ailleurs il a précisé que la voie publique appartient à tout le monde et qu’il n’est pas permis qu’une catégorie de personnes se l’approprie.

"Et si un jour, dans ce contexte un véhicule écrase un enfant, c’est la police qui sera accusée," a-t-il affirmé.

Ce que tolère la police

Le commissaire a aussi expliqué que la police n’est pas contre les mendiants qui circulent en ville avec leur boîte, mais plutôt ceux qui encombrent la voie et sont toujours au même lieu. Ils peuvent aller mendier dans les lieux de culte ou au marché mais pas aux abords des rues. "Nous les avons toujours chassés et ils revenaient à chaque fois mais cette fois-ci l’opération a été de grande envergure et très perceptible". De son avis, il fallait en arriver là, dans la mesure où la mendicité est interdite et constitue un délit.

Le double visage de la mendicité

"Tendre la boîte est un refus de se prendre en charge". Il s’agit-là d’un handicap mental qui n’a rien à voir avec le handicap physique. Le commissaire a souligné que bon nombre de handicapés physiques tels que les aveugles, les paralytiques, les sourds, les muets, les sourds-muets etc ; peuvent exercer un certain nombre de métiers qui leur sont réservés : confection de panier, tricotage et autres activités génératrices de revenus. De ce fait, il est incompréhensible que des personnes aptes physiquement se livrent à la recherche du gain facile, en mendiant, au point de se construire des maisons, a dit le commissaire. Pour lui, il faut combattre tout réseau qui n’est pas légal, tant la mendicité est en passe de devenir un "job" . Le comble est que des mères de jumeaux, des vieux et autres bras valides s’adonnent à ce "métier".

A la question de savoir quel était le sort réservé aux mendiants qui ont été raflés, le commissaire a répondu qu’ils seront envoyés dans les cours de solidarité : "Et même si ces cours sont surchargés , elles le seront encore davantage.

Entre dimanche et lundi, une centaine de mendiants, toutes catégories confondues ont été arrêtés. Et parallèlement à ceux-ci, une cinquantaine de racoleuses ont été raflées. Cela rentre dans la nouvelle stratégie du maire Simon Compaoré de lutter contre la prostitution, en mettant l’accent sur le racolage. C’est pour cette raison que " les femmes qui font le trottoir" se retrouvent à la police municipale, condamné à payer des contraventions pour retrouver leur liberté.

Aux dernières nouvelles la plupart des mendiants, sont conduits dans les Centres de réinsertion sociale auraient rejoint leurs familles respectives. Mais quelques-uns traînaient encore à la police municipale.


La mendicité par plaisir

Dans la cour de la police municipale, nous avons rencontré un bras valide en pleine forme. Les mains dans les poches il a affirmé qu’il mendie par plaisir.

"Je n’ai jamais fait une école coranique.

Personne ne m’a jamais forcé à mendier.

Je le fait par plaisir pour agrémenter ma vie. Déjà tout petit dans mon village à Absouya (Ziniaré) j’avais pris l’habitude de mendier la saison sèche et de cultiver pendant l’hivernage. Les économies de la mendicité m’ont permis à ce jour d’acheter deux vélos. Un pour moi et un pour mon frère. Les produits de la mendicité me permettent d’entretenir ma petite famille (mon oncle, mon frère et moi). Je ne me gêne pas pour mendier à partir du moment où je ne vole pas.

Après avoir acheté les vélos, M. Adama Kafando a persévéré dans la mendicité qui lui a permis d’ouvrir une boutique de commerce général (à Ouagadougou, Kalgondin). Malheureusement, cette boutique a été cambriolée a déploré Adama Kafando. Après quelques années de vie à Ouagadougou, il a pris goût à la vie citadine. Aussi n’a-t-il hésité pas à se replonger dans la mendicité en se contentant de s’arrêter au feu de stop. "Je suis tantôt au feu de l’hôpital Yalgado, tantôt au feu de Zogona. Parfois à Gounghin, Larlé, à la cité An II. Il m’arrive de rôder autour des Ronds-points. Je ne suis jamais sur place et je peux faire des mois sans retourner au même endroit. Par contre mon petit frère est un tablier et est toujours au même endroit.

Et cela, il me le doit car c’est encore le fruit de ma mendicité qui lui a valu cette situation", a-t-il conclu.

Aimée Florentine KABORE (Kaborette@yahoo.fr)
Sidwaya

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