Après une gorgée (au goulot), il se présenta au gérant comme étant un homme d’affaires. "Dans notre milieu, on raisonne en termes de milliards, ce qui fait que nous sommes trop discret", a-t-il fait remarquer à B-P. "On s’adresse rarement aussi aux citoyens génériques" (sans argent), ajouta-t-il. "Mais, comme tu m’as bien accueilli, je vais t’aider financièrement pour que tu puisses voler de tes propres ailes", a-t-il conclu à l’endroit du gérant. Durant la causerie, l’homme d’affaires lui demanda sa recette journalière, son salaire et son heure de fermeture. Après ces informations, il vida sa bouteille et quitta B-P en promettant de revenir une semaine plus tard.

Effectivement, le dimanche suivant, c’est-à-dire le 20 août, le supposé homme d’affaires gara son véhicule devant la buvette, mais, cette fois, à 23 h (heure de la fermeture). Il s’assied et commande une bière. S’adressant à B-P, il dit : "Je suis allé voir mes patrons, ils ont donné une réponse favorable à ma promesse de t’aider." Il demanda encore à B-P sa recette du jour. Ce dernier répondit qu’il avait 35 000 F CFA dans sa caisse.

L’homme d’affaires lui dit que pour un début, il va l’aider d’abord avec 150 000 F CFA, mais qu’avant de recevoir cette somme, il faut qu’il donne sa recette du jour (35 000 F CFA) comme garantie. Il vida sa bouteille et demanda au gérant de fermer sa buvette et de le suivre pour aller empocher les 150 000 F CFA. Il était 24 h. Quand il a démarré, il s’est arrêté à côté d’une buvette en face de l’aéroport international de Ouagadougou. Il désigna un immeuble comme étant son bureau. Il dit à B-P de s’asseoir, le temps de garer son véhicule à son service et de revenir. Il alla vers l’immeuble puis disparut dans l’obscurité.

Quelques instants après, il revint à pied. Il commanda une petite Guiness pour lui même, et une Flag pour B-P, pour 1400 F CFA. Il dit à B-P de lui remettre les 35 000 F CFA afin qu’il lui donne à son tour les 150 000 F CFA. Il poussa la causerie plus loin en demandant à B-P ses projets avec l’argent qu’il allait recevoir. Celui-ci répondit qu’il allait régler ses crédits et envoyer le reste au village pour qu’on lui achète du bétail. L’homme d’affaires empocha les 35 000 F et se dirigea vers l’immeuble. B-P buvait sa bière et se frottait les mains, sûr d’avoir en retour un bon paquet de billets. Trente minutes puis une heure passèrent, l’homme d’affaires restait invisible.

A 2 h du matin, le gérant de la buvette demanda à B-P de régler la note, l’heure de la fermeture ayant sonné. C’est à ce moment que B-P se rendit compte qu’il venait de tomber dans les filets d’un super escroc. L’homme avait disparu avec les 35 000 F. Comme il n’avait rien pour régler la facture, il expliqua à son collègue (gérant de buvette) qu’il venait d’être victime d’une escroquerie. Celui-ci eut pitié de lui et lui donna même 500 F CFA pour prendre un taxi.

Le lendemain matin (lundi 21 août), le patron de B-P vient pour faire les comptes. Ce dernier lui expliqua ce qui lui était arrivé la veille. Son patron l’a compris et lui a demandé de redoubler de vigilance, sinon, on risque de lui ôter la vie un jour. Le gain de l’argent facile conduit toujours sur des pistes glissantes.

Bangba Michel Ouédraogo

Le Pays