La campagne agricole dans la région des Hauts-Bassins est bien installée. Malgré quelques frayeurs de départ comme ce fut le cas dans la province du Tuy avec quelques caprices pluviométriques de début de saison, dans l’ensemble, les travaux champêtres se déroulent normalement. En tout cas, c’est le constat fait par le gouverneur de la région des Hauts-Bassins et sa suite lors de leur périple dans différents bas-fonds rizicoles et exploitations agricoles. Dans le Tuy qui a reçu la délégation constituée en plus du gouverneur, du président du conseil régional Baba Traoré, de parlementaires, des services techniques de l’agriculture de l’élevage, de la SOFITEX et de responsables de projets et programmes agricoles (projet riz pluvial, Plan d’action pour la filière riz, Programme régional solaire), les producteurs gardent un certain optimisme. Globalement, on note bonne répartition des pluies.

C’est d’ailleurs sous une averse que cette sortie s’est déroulée en grande partie. Sur le plan parasitaire, c’est le calme. En ce qui concerne l’état végétatif des plants également, il varie selon la spéculation au stade de floraison (maïs), de floraison fructification (coton) et de tallage montaison pour le mil et le riz. A en croire le directeur provincial de l’agriculture du Tuy, Paulin Lamien, la disponibilité des céréales sur les différents marchés est constante assortie d’une baisse notable des prix. « Ce que nous avons vu est assez encourageant », s’est réjoui le gouverneur.

Que ce soit à Dodougou sur un site rizicole exploité en majorité par des rapatriés de Côte d’Ivoire, à Dougoumato II (plaine rizicole aménagé en riz de bas-fonds) et à Boni I et Boni II, les travaux champêtres se déroulent sans encombre. A Dodougou, localité située à 35 km au nord de Bobo-Dioulasso, la délégation a pu vivre une expérience édifiante de réinsertion socio-conomique de 100 rapatriés de Côte d’Ivoire. Grâce au soutien du projet riz pluvial financé par la république de Chine, ces rapatriés ont emblavé 50 hectares en riz en plus d’autres spéculations.

Malgré les difficultés d’ordre matériel, ils envisagent avec un éventuel soutien augmenter ces surfaces. En marge de la visite du site aménagé, la mission Taïwanaise a saisi l’occasion pour remettre un don d’environ 9 tonnes de riz paddy en guise de soutien à rapatriés. Sur ce site et tous les autres qui ont reçu la délégation, les producteurs ont reçu des encouragements et des conseils du gouverneur quant à la suite de la campagne agricole.

Le deuxième jour de la tournée du Gouverneur a débuté à Kiri (village situé à la périphérie Sud de Bobo-Dioulasso) dans l’exploitation agropastorale périurbaine d’El Hadj Issiaka Sankara. Celui-ci travaille sur une superficie de 2,8 ha dont 2 ha pour la culture du maïs. Les 0,8 ha restants sont occupés par un champ de sorgho et une plantation d’eucalyptus. A cela s’ajoute un cheptel vif comprenant 90 bœufs d’élevage, 30 moutons, un âne et de la volaille. Sur le plan agricole, M. Sankara attend 4 500 kg de maïs par ha contre 3 350 kg/ha en 2005. La plus grande difficulté de cette exploitation est le manque de puits pour abreuver les animaux si bien que la délégation n’a pu voir aucun animal dans le parc aménagé. « Ils ont été conduits vers des points d’eau », a expliqué le propriétaire des lieux pour justifier leur absence de l’exploitation.

Après Kiri, le gouverneur et sa suite ont mis le cap sur Dafinso, toujours dans le Houet pour voir le siège du comité départemental de gestion du Fond’s d’appui au développement local des Hauts-Bassins (PFDL/HB) d’un coût global de 35 millions de francs CFA. C’est un complexe qui comprend une unité de stockage, une unité administrative, une unité financière et une unité d’épargne et de crédit. Il a été construit par le Projet d’appui à la gestion du fonds de développement local dans les provinces des Balé et du Houet (PFDL/BH). Le coordonnateur Lucien Yé a précisé au Gouverneur que le financement des infrastructures a été assuré à 85% par la coopération autrichienne. Les populations bénéficiaires, issues de 9 villages aux alentours de Dafinso ont, quant à elles, assuré 15% du financement.

A Orodara, dans le Kénédougou, deux unités de séchage de mangues et un site de production de pépinières ont reçu la visite de la délégation, rejointe notamment par le coordonnateur du Projet d’appui au développement local des provinces de la Comoé, de la Léraba, et du Kénédougou (PADL/CLK), Dominique Dyemkouma dont la structure intervient dans ces deux activités. Que ce soit dans l’unité de séchage de mangues de la Coopérative agricole du Kénédougou (COOPAKE) ou à l’Association des femmes catholiques « wili kaa taama », le Gouverneur a suivi de bout en bout, le processus de séchage des mangues. Dans ces deux entités, le problème majeur reste l’écoulement. Selon le coordonnateur de la COOPAKE, la vente se fait à perte sur le marché local. C’est le même constat qu’a Mme Coulibaly/Koutaba Pélagie de l’association « wili kaa taama ». Les pépiniéristes du secteur 1 produisent annuellement un million de plants, selon Noumoutié Traoré, leur porte parole.

La visite s’est achevée à Sidi, dans le champ de Moussa Traoré, qui avec 7 autres personnes, a fait 10 ha de coton, 6 ha de sorgho et 5 ha de maïs. Il souhaite faire plus, mais le manque de matériel est un handicap majeur pour lui.

Bama, Padéma, Dandé dans la province du Houet et N’dorola dans le Kénédougou ont été les dernières étapes de la visite des réalisations agricoles du gouverneur de la région des Hauts-Bassins. De part et d’autre des différents axes menant dans ces localités, s’étendent des champs de maïs, de mil de riz, de fonio, de coton...La plupart de ces cultures sont au stade de maturation, de montaison ou de floraison. Ces cultures présentent un bon aspect végétatif et entameront bientôt la phase de reproduction.

Sur les pistes, les flaques d’eau empêchent les usagers de circuler normalement ce qui indique que la pluie n’a pas cessé de tomber dans les champs « Si la pluviométrie se poursuit jusqu’en début octobre, on pourra dégager un excellent céréalier dans les Hauts-Bassins », affirme, confiant le directeur régional de l’agriculture, de l’hydraulique et des ressources halieutiques des Hauts-Bassins, Dofihouyan Yé. Mais déjà les différents marchés de Dandé ou de Bama sont inondés de céréales « le marché des céréales est rassurant.

Les producteurs vont sur les marchés pour vendre et non pour payer. Les produits céréaliers sont disponibles sur le marché et les prix ne font que baisser depuis le mois de mai jusqu’à maintenant », constate monsieur Yé qui conclut « A l’étape actuelle, la campagne agricole 2006-2007 est relativement bonne ». C’est la conclusion qu’a aussi tiré le gouverneur des Hauts-Bassins. Dans les différents champs où il s’est rendu, Mathieu Bêbrigda Ouédraogo a encouragé les producteurs pour le travail qu’ils abattent.

Celui-ci a également prodigué ces encouragements à des structures comme le PDLO (Projet de développement local de l’Ouest) qui appuie les paysans dans la réalisation des cordons pierreux et l’INERA (Institut national pour l’étude et la recherche agronomique) qui expérimente de nouvelles variétés de riz dans la plaine rizicole de Bama dans le Houet et de manioc dans la plaine aménagée de Niéna Djonkélé au Kénédougou. C’est sur cette plaine de 10 000 hectares dont 1460 aménagés que le gouverneur a achevé sa tournée de trois jours. La plaine est le fruit de la coopération entre le Burkina et la Chine de Taiwan.

Des variétés de riz pluvial sont en train d’être testées sur ce site où sont exploités 82 hectares de riz, 403 ha de maïs, 88,50 ha de coton, 1 ha de Niebé et de manioc. 1460 familles exploitent le bas-fond. Le gouverneur des Hauts-Bassins a exprimé à la fin de la visite sa satisfaction et s’est félicité du fait que la tournée qu’il a entreprise dans sa région se soit déroulée dans de bonnes conditions.

Frédéric OUEDRAOGO
Urbain KABORE et Adaman DRABO

Le gouverneur apprécie

Nous avons effectué une tournée qui nous a conduit pendant trois jours dans les provinces du Tuy, du Houet et du Kénédougou. Nous sommes partis à la rencontre des producteurs pour voir l’état de la saison agricole. De façon globale, la situation de la pluviométrie est relativement bonne dans les Hauts-Bassins. L’essentiel des cultures se comportent assez bien. Elles sont à un stade de croissance acceptable. Les producteurs et productrices se sont mobilisés pour faire leur travail. Nous avons eu une augmentation des terres emblavées parce que la population active intervenant dans la production agricole s’est accrue et il y a de plus en plus de nouveaux acteurs dans la filière avec de grandes superficies. Il faut souhaiter que les pluies nous accompagnent jusqu’en octobre pour qu’on puisse entrer dans nos prévisions en matière de quantité prévue. C’est une sortie qui nous donne satisfaction.

A.D

Sidwaya