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Zoundwéogo : Conflits fonciers entre les populations du Boulgou et celle du Zoundwéogo

Publié le samedi 26 août 2006 à 09h07min

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Des différends fonciers opposent les populations du Zoundwéogo à leurs voisins du Boulgou. Pour rétablir un climat de bon voisinage, les administrations des deux provinces se sont impliquées dans la gestion de ces conflits. Dans l’interview qui suit, le haut-commissaire du Zoundwéogo Mme Coumba Fatimata Touré fait le point des différentes démarches entreprises non sans évoquer les conclusions de ces dernières.

Sidwaya (S) : Mme le haut-commissaire, vous avez effectué le mois dernier une tournée dans les localités affectées par des conflits avec des populations du Boulgou. Quel était l’objectif de cette tournée ?

Coumba Fatimata TOURE (C.F.T) : Il faut rappeler que c’est une série de tournées que nous avons initiées depuis deux mois de cela, à l’intérieur de la province du Zoundwéogo dans le but de trouver des solutions aux conflits qui sont souvent nés des difficultés de cohabitation entre populations.

S. : pouvez-vous résumer la genèse de ces conflits ?

C.F.T : Ce qui génère les conflits, c’est l’installation anarchique des migrants qui viennent du Boulgou. Cette installation s’opère dans les deux sens, mais elle est beaucoup plus manifeste dans le sens du Boulgou vers le Zoundwéogo. Ces migrants qui arrivent du Boulgou, au départ il y avait une procédure d’installation consensuelle, à travers l’intervention, sinon la collaboration des chefs de Niangho, Tigré et de Sondré Est. Mais depuis un certain temps, ces procédures sont transgressées, voire même bafouées intentionnellement par les nouveaux arrivants. Vous savez que coutumièrement vous pouvez être chef d’un village sans pour autant disposer des terres dans ce village. Le terroir peut appartenir à un autre chef qui révèle d’une autre circonscription administrative, car les limites de gestion du terroir coutumier ne respectent pas celles administratives que l’Etat a fixées entre les villages.

S. : Comment cela se manifeste- t -il sur le terrain ?

C.F.T : Les migrants venus du Boulgou, à leur arrivée dans les villages d’accueil qui relèvent de la circonscription administrative du Zoundwéogo (cas de Tigré et de Mouzi) chassent ceux qui les exploitent de force, au lieu d’occuper les terres qui ne sont pas encore exploitées. Il s’en suit des mesures d’intimidations, des menaces, des comportements et des attitudes inconséquents et désobligeants. Ainsi, de part et d’autre on a enregistré des cases brûlées, des plantations d’arbres fruitiers détruites et beaucoup d’autres dégâts dans les exploitations. Voilà comment cela se manifeste.

S. : Vous avez dans ce cadre rencontré votre homologue du Boulgou. Quelles sont les conclusions de votre rencontre ?

C.F.T : Après la rencontre des responsables administratifs, services techniques des deux provinces, pour comprendre le phénomène et rassembler des esquisses de solutions, nous avons par la suite favorisé la rencontre des populations des localités concernées par les conflits, en premier chef, les responsables coutumiers, pour des discussions en vue de trouver un dérivatif aux différends qui les opposent. Dans l’immédiat les migrants qui ont occupé les terres des autres par la force doivent partir, sinon l’administration se chargera de les expulser.

S. : Pensez-vous que l’application de ces instructions sera effective ?

C.F.T : Je suis optimiste quant à l’application de ces instructions car les échanges étaient riches et fructueux. Chacun a pu s’exprimer librement et des débats contradictoires, nous avons dégagé un consensus nous permettant de cheminer vers une situation paisible pour nos populations qui menaçaient d’en venir à la violence si rien n’était fait.

S. : Quelles conclusions tirez-vous de la gestion de cette crise ?

C.F.T : Je loue la sagesse de tous les responsables coutumiers, en l’occurrence les chefs des villages de Sondré, Tigré et de Niangho, qui depuis très longtemps entretiennent des relations de collaboration en ce qui concerne l’installation des migrants dans les localités de Tigré et de Sondré. Nous souhaitons que les rencontres de concertation par les chefs promises, aboutissent à la résolution définitive de ces conflits. L’administration, quant à elle, sera toujours aux côtés des populations pour aider à trouver les voies et moyens pour résoudre leurs différends d’une manière pacifique ; car au Burkina chacun doit être libre d’aller s’installer là où il veut mais en respectant tout de même un certain nombre d’usages coutumiers et administratifs élémentaires.

ITW réalisée par Zackaria BAKOUAN
AIB/MANGA

Sidwaya

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