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Affrontements entre populations : Le langage de la responsabilité

Publié le lundi 10 juillet 2006 à 08h07min

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Les Burkinabè ont appris avec consternation et angoisse que des événements malheureux et déplorables ont opposé le 1er juillet dernier les populations de Ouronkuy, dans le département de Djibasso, province de la Kossi, Nord-Ouest du Burkina Faso aux populations voisines de Waniam au Mali.

Les affrontements qui ont eu lieu entre elles ont fait neuf morts, des blessés, des dégâts matériels. Selon les premières informations qui nous sont parvenues, des problèmes d’exploitation de terres agricoles ont été à l’origine de cette malheureuse situation.

C’est moins le nombre macabre de morts, de blessés et leur nationalité qui nous intéressent que les mesures urgentes à prendre de part et d’autre pour résoudre définitivement ce problème grave. Sur ce point précis, il faut se féliciter de la promptitude avec laquelle les autorités burkinabè et maliennes ont réagi pour ramener le calme, la sécurité et le retour rapide à la coexistence entre ces populations.

La présence sur le terrain des autorités provinciales et régionales des deux pays suivie de la visite des ministres de l’Administration territoriale et de la Décentralisation du Burkina Faso Clément Sawadogo et de son homologue malien Général Kafougouna Koné dans la région ont fini de convaincre que les responsables des deux Etats ont fait ce qu’on attendait d’eux. Comment, dans le même ordre d’idée, ne pas signaler que le président du Mali, Amadou Toumani Touré a dépêché son ministre de l’Education nationale, Mamadou Lamine Traoré chez Blaise Compaoré pour exprimer de vive voix, au chef de l’Etat, au gouvernement et au peuple burkinabè, ses sincères condoléances.

Les actes et les propos tenus de part et d’autre sont la manifestation que face à des événements de ce genre comme dans bien d’autres, il faut tenir le langage de la responsabilité. Les ministres Clément Sawadogo du Burkina Faso et Mamadou Lamine Traoré ont eu raison de rappeler que le Burkina Faso et le Mali n’ont plus de problèmes de frontières. Nombre de Burkinabè et de Maliens se souviennent certainement encore de ce différend frontalier qui les ont opposés de « manière sanglante » en 1974 et en 1985. Un différend né du tracé des frontières coloniales qui appartient aujourd’hui à l’histoire et qu’il faut peut-être de temps en temps « sortir » pour dire aux générations montantes que les peuples malien et burkinabè sont condamnés à vaincre ensemble et en paix.

Les événements de Ouoronkuy et de Waniam viennent rappeler opportunément que le tout n’est pas d’avoir de frontières tracées et lisibles. Il est important que les populations installées de part et d’autre de ces frontières et qui sont généralement liées par la culture et le sang, des « parents » pour tout dire, sachent gérer leur espace, leur environnement. On pourrait bien rétorquer que ce qui est vrai des populations frontalières l’est aussi pour celles qui sont à l’intérieur. Les questions liées à l’exploitation des terres restent tout simplement à résoudre. Il faut agir vite.

Que se serait-il passé si les populations de ces deux villages entraînaient dans leurs affrontements celles d’autres villages ? On aurait abouti sans doute à l’irrémédiable, à l’effroyable. Dans l’état actuel des choses, tout peut arriver. Dès lors que les différends fonciers sont de plus en plus nombreux et sanglants, il faut les prévenir par des solutions qui ne laissent place ni à la confusion, ni à l’affrontement.

Les Burkinabè et les Maliens, après avoir fait preuve d’intelligence dans cette situation douloureuse et forts de la qualité de leurs rapports de voisinage, doivent définitivement régler ces questions d’exploitation de terres. Et cela urgemment parce qu’elles sont parmi les seules qui peuvent à tout moment remettre en cause la quiétude à nos frontières et même au delà.

Bessia BABOUE

Sidwaya

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