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Poni : 2e jour d’affrontement sur le site aurifère de Fofora

Publié le vendredi 23 juin 2006 à 07h44min

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La journée du mardi 20 juin a été très chaude à Kampti. Et pour cause. Un affrontement a opposé les autochtones et les orpailleurs du village de Fofora, une localité de Kampti dans la province du Poni faisant un mort et des blessés graves. Dans la journée du 21 juin, la situation semble se maîtriser et pour cause ? Le premier responsable de la province, le haut-commissaire, Pierre Bicaba s’est rendu sur les lieux afin de rencontrer les protagonistes de la crise.

Selon les témoignages, tout serait parti d’un écart de langage entre des orpailleurs et un ressortissant du village de Fofora au sujet des coutumes de l’initiation Djoro. Suite à des disputes, un affrontement « terrible » a opposé les deux camps munis de couteaux, de gourdins, de flèches, de machettes, de pioches et de fusils. Conséquences : une mort d’homme du côté des autochtones avec plusieurs blessés graves au niveau des orpailleurs.

Des blessés ont été enregistrés toute la journée et convoyés soit au Centre hospitalier régional de Gaoua pour les cas critiques, soit au Centre médical de Kampti pour les autres. Toute la journée du 20 juin, les deux camps étaient sur le qui-vive, prêts à l’offensive. Face à cette situation, les autorités ont dépêché une dizaine d’agents de sécurité en vue de minimiser les dégâts et ramener le calme.

Pour l’heure, il est difficile, selon les témoignages, de situer les causes exactes de cet affrontement. La suffisance des orpailleurs et leur ingérence dans les relations avec des femmes mariées et des jeunes filles du village à cause de leur pouvoir d’achat élevé en seraient pour quelque chose. Les autochtones ont commencé à célébrer mardi dans la soirée, les funérailles de leur membre décédé suite aux affrontements. Les observateurs craignent le pire si rien n’est fait, car les autochtones risquent de se faire justice.

Les 8 et 9 février 2006, rappelle-t-on, il y a eu 3 morts sur le site de Gongondi (département de Bousséra) suite à un éboulement. Des incendies sur les sites aurifères de Mamena (département de Kampti) et de Fofora ont consumé plus de 100 millions de F CFA en janvier 2006. Au regard des problèmes multiples et multiformes que connaissent les sites aurifères du Poni, une réflexion profonde sur une éventuelle règlementation serait la bienvenue à tous les niveaux non seulement pour préserver l’environnement mais surtout la vie des hommes ainsi que les fléaux tels la prostitution, le VIH/Sida, le trafic des stupéfiants et des enfants. Les orpailleurs d’un côté et de l’autre, des autochtones qui demandent le départ pur et simple des orpailleurs.

Situation difficilement maîtrisable car au moment même où le haut-commissaire rencontrait les intéressés, un orpailleur a été « fléché » et ce, malgré la sécurité renforcée par les militaires. Néanmoins, l’optimisme est de mise car les orpailleurs ont accepté poser les armes et vaquent allègrement à leurs occupations pendant que les autochtones tenaient toujours, hier 22 juin, leurs armes, histoire de venger, à toute occasion, leur parent mort.

Au final, les orpailleurs demandent une sécurité spéciale et les autochtones semblent accepter déposer les armes et semblent être totalement convaincus du message de paix et de dialogue du haut-commissaire.

Autre fait marquant, c’est un gendarme qui a perdu la vie le 21 juin, de retour du site où il était en mission par suite d’un accident entre Holly et Gaoua. L’accident, survenu dans la soirée est dû à un virage raté et, de ce fait, le véhicule, ayant fait un tonneau, est totalement abîmé et irrécupérable. Il y a eu, en plus du gendarme, deux blessés, tous évacués au CHR de Gaoua.

Pour la journée du 22 juin, la situation est plus que maîtrisée grâce à l’arsenal sécuritaire déployé par les autorités et pour l’heure, aucun incident majeur n’a été enregistré. Espérons que les protagonistes reviennent à la raison, du moment où la Journée des communautés se tient actuellement à Gaoua, les manifestations s’étalant du 22 au 25 juin.

Assany SAWADOGO
AIB/Gaoua

Sidwaya

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