Zagtouli : La CIB ne sera plus un luxe
Combien sont-ils les habitants de Zagtouli, localité située à la sortie de Ouagadougou, route de Bobo-Dioulasso, à ne pas posséder de Carte d’identité burkinabè (CIB) ? L’on ne saurait y répondre. Mais une chose est certaine : le nombre de personnes sans pièce va considérablement diminuer avec cette opération d’établissement de CIB qui a débuté le mardi 13 juin 2006, sur initiative de la Coalition burkinabè des droits de la femme (CBDF).
Tinga Joanny Kaboré est né en 1940 à Zagtouli. Cela fait 66 ans. Mais, ce n’est que le mercredi 14 juin 2006, aux environs de 16 h, qu’il a eu pour la première fois une carte d’identité burkinabè. Et il n’est pas le seul dans ce cas. Ils sont en effet nombreux dans ce bled, qui n’ont aucune pièce d’état civil. Désormais, ce sera chose faite pour beaucoup d’entre eux.
Car, sensibilisés par le chef de Zagtouli, Naaba Saaga, les "sans papiers" se sont mobilisés massivement devant son domicile, transformé à l’occasion en commissariat de police. Sur les lieux, le mercredi 14 juin à 15 h, il y avait du monde, composé majoritairement de femmes, principale cible de la CBDF qui, dans ses axes d’intervention, accorde une place de choix à la participation de la femme à la gestion de la cité. "Elles n’ont aucun papier d’état civil.
Ce qui les empêche d’exercer leur citoyenneté, de voyager librement ou d’accéder aux crédits. C’est pourquoi, en collaboration avec le chef de Zagtouli et avec les autorités de l’arrondissement, la CBDF a entrepris cette opération CIB. Et nous sommes là, ma collègue et moi, pour la supervision", explique Mme Fia Amélie Traoré/Ganou.
En face d’elle, l’officier de police, Adama Nignan, adjoint du commissaire de l’arrondissement de Boulmiougou, vérifie une pile de CIB déjà établies. "Tout se passe bien. A l’heure actuelle, nous avons pu signer plus de 350 cartes d’identité. Au début, il y avait quelques difficultés liées à la discipline puisqu’il y avait du monde.
Mais le Naaba a vite mis de l’ordre. Ceux qui n’ont pas d’acte de naissance sont envoyés à la mairie où une équipe est chargée de leur faire obtenir un jugement supplétif", déclare-t-il. Dehors, du côté sud de la cour du chef, une équipe s’affaire à la dactylographie. Tous les matériels indispensables pour l’opération ont été mobilisés.
A voir de près son déroulement, l’on pourrait dire que la campagne CIB est un succès. Et c’est tout à l’honneur de la CBDF, de Naaba Saaga, des responsables administratifs de Zagtouli et de l’ambassade des Etats-Unis, qui ont apporté leur appui à ce projet. Le 26 juin 2006, ce sera au tour des populations de Boussé. D’ici à la fin de ce mois donc, la CIB ne sera plus un luxe.
Adama Ouédraogo Damiss
Observateur Paalga