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Tentative d’escroquerie au détriment de la députée Fatoumata Diendéré : Trois personnes interpelées

Publié le jeudi 15 juin 2006 à 06h59min

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Fatoumata Diendéré

La gendarmerie de Baskuy (Ouagadougou) a recueilli, jeudi 8 juin 2006, les dépositions de Félix Yaméogo (animateur radio), Souleymane Soudré dit « Mao » (rédacteur en chef du mensuel « l’Essentiel du Faso ») et Mathieu Niangoran Komenan (informaticien graphiste) pour une affaire de « faux et usage de faux en écriture sur chèque bancaire, émission de chèque tronqué et escroquerie avec intention de nuire à l’honorabilité de la député Fatoumata Diendéré ».

La député Fatoumata Diendéré n’a qu’un seul souhait : « rétablir toute la vérité dans l’affaire de facture de pièces détachées d’automobiles établie en son nom par Mahamoudou Sana, fournisseur, à la demande de Mathieu Niangoran Komenan, informaticien graphiste de nationalité ivoirienne ».

Ainsi la brigade de ville de la gendarmerie de Baskuy a auditionné dans la soirée du jeudi 8 juin 2006 tous les protagonistes : Mme Fatoumata Dienderé (député) , Mahamoudou Sana et Mesmin Ouédraogo (vendeurs de piéces détachées d’automobiles), Felix Yaméogo (animateur radio), Souleymane Soudré dit « Mao » ( rédacteur en chef de l’Essentiel du Faso) et Mathieu Niangoran Komenan (informaticien - graphiste).

A la suite des dépositions des différents protagonistes, elle a gardé à vue Mathieu Niangoran Komenan. Ces auditions sont relatives à une « affaire de faux et usage de faux en écriture bancaire, émission de chèque tronqué et escroquerie avec intention de nuire à l’honorabilibité de la parlementaire Fatoumata Diendéré ».

L’histoire commence au mois d’avril en pleine campagne pour les élections municipales. Lors de la présentation au public du prix « Business International Development » de Mme Yolande Traoré née Yaméogo, directrice générale de Netandec à l’hôtel Sofitel Ouaga 2000. Félix Yaméogo et Souleymane Soudré dit « Mao » approchent la marraine de la cérémonie, la député Fatoumata Dienderé, pour lui proposer une interview dans un journal ivoirien « Mousso » qui s’intéresse, selon eux aux « grandes dames ». Après leur avoir signifié « qu’elle ne s’identifie pas à cette catégorie de femmes », la député décline cette offre d’entretien. Elle fait comprendre à ses interlocuteurs qu’elle ne se prête aux questions de la presse que lors de ses activités politiques sur le terrain.

Mme Diendéré informe les deux « journalistes » de la tenue de son prochain meeting de campagne prévu pour le vendredi 21 avril 2006 à Yako (chef lieu de la province du Passoré). Sur le champ Félix Yaméogo et Souleymane Soudré décident d’effectuer le déplacement « pour la soutenir » , disent-ils.

Un soutien à problème

Pour se rendre à Yako, Souleymane Soudré dit « Mao » sollicite son ami ivoirien Mathieu Niangoran Komenan, informaticien-graphiste, pour les conduire dans son véhicule. Ils embarquent, vendredi 21 avril dans la « Nissan Primera Sport » de Mathieu. Mais la voiture tombe en panne à Arbollé à 20 kilomètres de Yako. « Ils m’ont joint en plein meeting pour m’expliquer leurs ennuis mécaniques. Je n’ai pu échanger avec eux qu’au moment de la réception », se souvient Fatoumata Dienderé.

La délégation, conduite par Félix Yaméogo, passe la nuit à Yako . Leur véhicule est tracté de Arbollé à Yako. La député remet une enveloppe de 40 000 CFA à Félix Yaméogo pour le groupe et se charge de leurs frais d’hébergement. De Yako, Mathieu qui a soutenu auparavant que sa voiture ne peut être reparée sur place appelle son ancien fournisseur Mahamoudou Sana à Ouagadougou pour lui expliquer la situation de panne et demande de lui apporter les pièces nécessaires aux frais de la député Fatoumata Dienderé.

« Mathieu m’a dit au téléphone qu’il était un de mes clients et qu’ils ont eu une panne à Arbollé, alors qu’ils se rendaient à Yako pour soutenir la deputé Fatoumata Dienderé. Aussi elle l’a chargé de trouver un fournisseur pour les pièces pour qu’elle règle plus tard. Il m’a cité les pièces qu’il voulait et m’a demandé de les lui envoyer par SOGEBAF avec une facture au nom de la parlementaire. J’ai refusé de faire le déplacement pour un achat de 85 000 FCFA » , explique Mahamoudou Sana, le vendeur de piéces detachées.

Il prend quand même le soin d’avertir son associé Mesmin Ouédraogo de la situation. Celui-ci se trouve être le beau-frère de Mme Diendéré et était présent à Yako au moment des faits. M. Ouédraogo demande à M. Sana de patienter le temps qu’il approche la député pour en savoir davantage. Mais la liaison entre Ouagadougou et Yako est interrompue.

De retour à Ouagadougou, Mathieu se présente chez le fournisseur, Sana, qui lui remet les pièces détachées comme convenu au téléphone. Tout en espérant que la député va passer régler la facture qui s’élève à quatre-vingt-cinq mille (85 000) Fcfa. Il attend plus d’un mois. Malgré ses appels, il ne réussit plus à rencontrer ni Mathieu ni ceux dont il a donné les noms comme étant à mesure de le mettre en contact avec Mme Diendéré, c’est-à-dire Félix et Souleymane. La député aussi ignorait l’existence d’un tel document à son nom jusqu’au jeudi 8 mai dernier où son beau-frère Mesmin se presente à son domicile pour le lui présenter.

De contradictions en contradictions

Le 24 avril 2006, Fatoumata Diendéré reçoit un SMS de Mathieu N. Komenan (censé ne pas disposer de son numero de portable car n’ayant jamais eu un contact direct avec elle), lui demandant une aide financière pour résoudre un problème personnel. Elle répond par la négative à sa demande. Il se garde de parler à la deputé des pièces détachées qu’il a obtenues en son nom.

Le même jour, M. Komenan remet à Mahamoudou Sana un chèque SGBB d’une valeur de 85 000 FCFA, qui se revèle nul plus tard car l’informaticien a porté deux dates différentes sur le même chèque : le 26/04/06 en lieu et place du montant en chiffres et le 24/04/06 au lieu indiqué pour la date. Analphabète, M. Sana le receptionne.

C’est son associé Mesmin qui s’aperçoit,par la suite, des irrégularités. Ils attirent l’attention de l’émetteur du chèque. Bien que les ayant expliquées comme une erreur due à des soucis, Mathieu ne s’est plus présenté aux fournisseurs pour leur remplir un autre . D’ailleurs, il a reconnu que son chèque était sans provision.

MM Ouédraogo et Sana ont à maintes reprises téléphoné à Félix, Souleymane et Mathieu pour leur proposer une rencontre en vue de tirer l’affaire au clair mais les trois compagnons ont toujours décliné leur rendez-vous. « Quand Mathieu nous remettait le chèque mal rempli, il nous a fait croire qu’il était en communication avec la député. C’est lui qui nous a remis les numeros des deux autres. Ils avaient fini par connaître toutes nos coordonnées et ne prenaient plus nos appels. Il fallait se rendre dans un télécentre pour les avoir. Sous prétexte que c’est une grande dame dont les coordonnées ne doivent être à la portée de tout le monde, Mathieu a refusé de nous remettre le numero de Mme Diendéré pour qu’on la joigne pour expliquer la situation », ont soutenu Mahamoudou Sana et Mesmin Ouédraogo.

Quand son beau-frère s’est présenté chez elle avec une facture à son nom et un chèque mal rempli, la député Fatoumata Diendéré ne s’est tout de suite souvenue de rien. C’est lorsque Mesmin a évoqué le nom de Mathieu et une panne de voiture à Arbollé pendant la campagne des municipales qu’elle s’est rappelée des journalistes, Félix Yaméogo et Souleymane Soudré dit « Mao », et leur compagnon.

Mme Diendéré demande à son beau-frère de lui amener Mathieu et entreprend de rassembler en son domicile toutes les parties prenantes : Mahamoudou, Mesmin, Félix, Souleymane dit « Mao » et Mathieu pour tirer l’affaire au clair sous le regard de la Gendarmerie et de la presse.

« Au delà d’une banale affaire de 85 000 FCFA, celle-ci nuit à l’image d’une personne et porte atteinte à l’honorabilité d’un député. Il y a aussi un commerçant qui attend d’être payé. Il aurait dû aller se plaindre de moi. ou me vilipender partout C’est un préjudice grave. Je ne cherche pas à punir qui que ce soit mais à situer les responsabilités et à retablir la vérité afin d’éviter que l’on ne s’en saisisse pour faire des choux gras en racontant des mensonges », précise Fatoumata Diendéré.

Chaque protagoniste a donné sa version des faits. D’emblée, Félix Yaméogo et ses compagnons ont reconnu devant les fournisseurs que Mme Diendéré ne s’est jamais engagée à reparer le véhicule de Mathieu. Par conséquent, elle n’a mandaté aucun d’eux auprès d’un commerçant pour prendre des pièces détachées en son nom. Selon Mathieu N. Komenan, c’est Félix Yaméogo, proche de la parlementaire, qui lui a suggéré d’acquerir les pièces détachées et de faire établir la facture au nom de la député Fatoumata Diendéré.

Tout en reconnaissant avoir remis le numéro de celle-ci à Mathieu sans son consentement et l’établissement d’une facture en son nom, M. Yaméogo nie être à la base de ce document. « J’ai conseillé à Mathieu d’attendre pour que nous nous cotisions pour supporter l’achat des pièces et les frais de réparation. Car la député n’y avait rien à voir. D’ailleurs, je ne le connaissais pas avant notre départ pour Yako. Il est l’ami de Mao (Souleymane Soudré). Quand j’ai su pour la facture j’’ai voulu en informer la député mais je n’arrivais plus à la joindre », se défend-il.

Mais Souleymane Soudré retorque que les échanges entre Félix et Mathieu pour la réparation du véhicule ont eu lieu en son absence. Jusque-là, la « Nissan Primera Sport » de Mathieu, bien que reparée et fonctionnelle, se trouve dans un garage à Yako car le mécanicien aussi attend d’être payé. Après avoir pris la déposition de chacun, la gendarmerie a placé Mathieu N. Komenan en garde à vue. Et les investigations continuent pour situer les responsabilités et faire une fois pour toute, la lumière sur cette affaire opposant la député Fatoumata Diendéré, Mahamoudou Sana, Mesmin Ouédraogo aux sieurs Félix Yaméogo, Souleymane Soudré dit « Mao », Mathieu Niangoran Komenan.

Jolivet Emmaüs (joliv_et@yahoo.fr)


Haro sur les fossoyeurs de la presse burkinabé

Encore des soit-disant journalistes au coeur d’une affaire d’escroquerie. Après l’affaire « Ki Jean » et les dribles autour du « gombo », les hommes de médias ont cru que les brebis galeuses allaient disparaître peu à peu de leur corps de métier. Mais c’est mal connaître ceux qui ont toujours cru que le journalisme est une aubaine pour approcher des hommes politiques et des opérateurs éconnomiques afin de recueillir des subsides ou d’utiliser leur nom pour de sales besognes.

Pour paraphraser le ministre Raymond Edouard Ouédraogo, « des journalistes dont la panse devance la pensée » sont en train de prendre souche au Burkina Faso. Par leurs comportements malsains, ils sont arrivés à faire croire à de nombreuses personnes que tous les journalistes sont les mêmes : cupides, malhonnêtes, escrocs, menteurs,...

Tantôt ils sont reporters ou animateurs dans des journaux ou des radios que l’on ne voit pas ou n’entend pas. Tantôt ils sont correspondants ou collaborateurs de médias étrangers inconnus ou fictifs. Et rien ne les inquiète au Burkina Faso dans leur propension à arnaquer les honnêtes citoyens et à souiller une noble profession qualifiée de quatrième pouvoir : le journalisme.

Les fossoyeurs de la presse burkinabé sont soit managers d’artistes, soit impresario ou organisateurs de spectacles, soit encore agents commerciaux à la chasse de deal juteux (interview, reportages, invité à une émission...). Bien qu’aucun document officiel ne les identifie comme des journalistes, leurs interlocuteurs les prennent comme tels.

Il suffit seulement d’avoir un calepin et un sac « TV5 » sur soi à une cérémonie pour s’improviser journalistes et proposer des services à des hommes qui veulent se lire dans un journal, s’entendre dans une radio ou se voir à la télé. Avec un espoir secret que le « gombo » tombe. On s’empiffre au coktail et on identifie celui qui a les craquants. Il n’y a pas un métier aussi « sodomiser » au Burkina Faso que le journalisme.

Tout le monde y accède sans la moindre garantie intellectuelle ni morale. Outre l’appel des hommes politiques et les acteurs économiques à la vigilance, vivement que la carte de presse voie le jour pour extraire les brebis galeuses du corps.

En attendant, il appartient aux vrais journalistes de tous les organes de protéger leur métier et de préserver leur image en dénonçant « chauves souris » et « brebis galeuses ». Il y va de la crédibilité du paysage médiatique national et des hommes qui l’animent.

J.E.S.P

Sidwaya

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