LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Atteinte au droit de grève : Les syndicats portent plainte contre le gouvernement

Publié le lundi 12 juin 2006 à 07h45min

PARTAGER :                          

Les militants des centrales syndicales et syndicats autonomes du Burkina étaient le 10 juin dernier dans la rue à travers les différentes villes du pays. Ils marchaient, une fois de plus, contre la vie chère, et pour demander une satisfaction de leur plate-forme, revendicative.

A Ouagadougou, la marche est partie de la Bourse du travail et s’y est achevée par un meeting appelant à une plus grande mobilisation le 1er juillet prochain.

La marche du 10 juin à Ouagadougou a été non seulement une occasion pour les centrales syndicales et syndicats autonomes de dénoncer la cherté de la vie, mais aussi de fustiger la mauvaise gestion du pays par les tenants du pouvoir et d’appeler à l’instauration d’un véritable système démocratique. En témoignent les slogans : "Non à la hausse du prix des produits de première nécessité ; oui à une politique sociale des prix ; non à la déchéance du peuple ; non au pillage et au détournement des deniers publics ; non aux mascarades électorales ; oui aux candidatures indépendantes ; oui à un changement véritable ; oui à une coalition large et populaire contre la vie chère, l’impunité, et pour les libertés démocratiques et politiques".

Pendant environ 2 heures (9h-10h52), les marcheurs ont arpenté les artères de la capitale entonnant ces slogans plus ou moins hostiles au pouvoir. Parti de la Bourse du travail, le cortège a parcouru, entre autres, les voies suivantes pour se retrouver à son point de départ : Avenues Thévenoud, de la Nation, Nelson Mandela, rue Didier Tiendrébéogo, Avenues de l’Armée, de la BCEAO. La distance couverte est estimée à plus de 14 km. Pour une marche qui se voulait une répétition en vue de la grande marche du 1er juillet prochain, les organisateurs avaient visiblement de quoi être satisfaits.

3 barons du syndicalisme absents

La mobilisation était en effet au rendez-vous. Parmi les centaines de manifestants, l’on notait une forte présence des étudiants qui disent subir de plein fouet la hausse du prix des produits de grande consommation. Outre sa forte odeur politique, la marche du 10 juin était aussi celle des symboles : des sacs de céréale et des casseroles vides aux mains des manifestants pour signifier que les travailleurs n’ont plus de quoi se nourrir à cause de la cherté de la vie.

A la marche contre la vie chère l’on n’a pas aperçu trois membres de l’état-major du mouvement syndical. Il s’agit de Laurent Ouédraogo, président du mois des centrales syndicales, de Tolé Sagnon et de Mamadou Nama. Renseignements pris, ils sont partis pour assister à une rencontre du Bureau international du travail (BIT) à Genève, en Suisse. L’absence de ces barons n’a apparemment pas eu d’impact sur le succès de la manifestation, à en juger par la mobilisation. Dans l’ensemble, la marche s’est déroulée dans le calme sans débordement majeur. A ce niveau, l’on peut souligner l’action des personnes commises à l’encadrement des marcheurs. Elles ont été à la hauteur des attentes en faisant preuve de vigilance et de rigueur tout au long du trajet. Ce qui a permis de contenir des situations troublantes à certains endroits.

A l’Ecole nationale des douanes, par exemple, un douanier s’est attiré la colère des manifestants en leur demandant de lui céder le passage. Mais tout est vite rentré dans l’ordre et le cortège a pu poursuivre tranquillement son itinéraire.

La marche s’est terminée par un meeting à la Bourse du travail. Les différents intervenants ont salué la mobilisation des travailleurs et les ont exhortés à en faire davantage pour la grande marche du 1er juillet 2006 à laquelle participeront des délégations provinciales. Les leaders des partenaires sociaux ont encore saisi l’occasion pour dénoncer la gabegie et la corruption, selon eux, qui caractérisent la gestion des affaires publiques. Jean-Mathias Liliou, SG du CNTB, a, à ce propos, interpellé le président du Faso pour que les personnes incriminées soient mises aux arrêts et pour que cela prenne fin.

Revenant sur les récentes réductions des prix des hydrocarbures, il les a qualifiées de dérisoires et estimé qu’elles ne s’inscrivaient pas dans la logique de la plate-forme revendicative des syndicats. En conséquence, il a appelé, en tant que président intérimaire du mois des centrales syndicales, à un rassemblement pour le 1er juillet en vue de la satisfaction des doléances de la grève des 23 et 24 mai derniers.

Au sujet de cette grève, le contenu d’une plainte y relative a été lu aux participants par Richard Tiendrébéogo. La plainte est déposée devant le BIT par les centrales syndicales contre l’Etat et le patronat burkinabè pour violation du droit de grève et de liberté syndicale. Le gouvernement et le patronat auraient, dans leurs tentatives de briser le mouvement des 23 et 24 mai, violé l’article 22 de la Constitution et des règles de la Convention n°87 du BIT que notre pays a ratifiée.

Ces dispositions sus-citées garantissent, selon les syndicats, le droit de grève. En outre, il est ressorti de la lecture de la plainte que certains articles de notre code du travail (notamment l’article 351) sont restrictifs des libertés syndicales. Les centrales syndicales burkinabè entendent donc, par cette plainte devant le BIT que justice leur soit rendue.


L’UGEB et le PDS solidaires

A l’occasion de la marche des syndicats contre la vie chère, l’Union générale des étudiants burkinabè (UGEG) et le Parti pour la démocratie et le socialisme (PDS) nous ont fait parvenir des déclarations de soutien. L’organisation estudiantine tout comme le parti politique sont en phase avec les revendications des centrales syndicales et des syndicats autonomes et leur apportent tout leur soutien. Pour l’UGEB et le PDS, le gouvernement fait la sourde oreille face aux revendications légitimes des travailleurs auxquelles il peut pourtant apporter des réponses satisfaisantes au regard du train de vie des dignitaires, des dépenses somptueuses et princières inutilement faites.

Par Grégoire B. BAZIE

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique