LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Taxe sur les billets d’avion : L’Afrique en panne d’initiatives

Publié le vendredi 9 juin 2006 à 07h18min

PARTAGER :                          

40 millions de personnes, dont 2,3 millions d’enfants de moins de 15 ans, sont touchées par le Sida. 90% des nouvelles infections se déclarent dans les pays en développement et en Afrique, 12 millions d’enfants ont perdu leur père ou leur mère à cause du Sida. Entre 350 et 500 millions de cas de paludisme dans le monde pour 54% en Afrique.

58% des décès dus au paludisme surviennent chez les 20% de personnes les plus pauvres de la population mondiale. Toujours en Afrique, c’est un enfant qui meurt de paludisme toutes les 30 secondes. 2 millions de morts par an pour cause de tuberculose, une maladie que l’on sait pourtant prévenir, et qui se traite en 6 mois. En Afrique, ce fléau fait 500 000 décès chaque année.

Les chiffres sont alarmants, et naturellement, ce sont les pays en voie de développement, concept plus pudique pour qualifier les pays frappés par la misère endémique, qui paient le plus lourd tribut. Et comme à l’accoutumée, le continent africain tient la palme.

Si les médicaments existent pour lutter contre toutes ces maladies aussi ravageuses les unes que les autres, ils sont très difficiles, voire impossibles d’accès pour les pauvres. Pour contourner cet obstacle face auquel les Africains semblent résignés, l’espoir vient, une fois de plus, du Nord sous la forme de UNITAID. Il faut rendre hommage à la France à travers Jacques Chirac qui a initié, avec le président brésilien Luiz Inacio Lula, la taxe sur les billets d’avion et la mise en place d’un budget international pour acheter des médicaments contre le Sida, le paludisme et la tuberculose au profit des pays pauvres. Ainsi créée, UNITAID, qui auparavant avait été lancée par le Brésil, la Norvège, la France et le Chili, fonctionnera surtout grâce à la contribution de 14 pays, et sera soutenue par une aide budgétaire pluriannuelle d’autres pays. Là encore, c’est la France qui montera la voie. L’optimisme est de mise quant au succès de cette initiative qui recevra un coup de fouet à l’occasion de la coupe du monde de football qui débute ce vendredi 9 juin.

Bien que des pays nantis, dont les Etats-Unis d’Amérique, l’Australie, le Canada, au nom du sacro-saint principe de l’économie libérale, refusent pour l’instant d’y embarquer, le bateau UNITAID voguera certainement longtemps par la volonté des pays, organisations internationales, fondations privées et ONG, qui y croient. A l’origine de cette noble initiative, on constate encore que l’Afrique n’est point citée. Faut-il s’en féliciter ou en pleurer ?

Les deux attitudes sont compréhensibles. Le fonds sur la taxe des billets d’avion connaîtra sans doute un suivi exemplaire et une meilleure gestion, vu que ses initiateurs ont fait leurs preuves en la matière et qu’ils sont en mesure d’imposer à tous les pays bénéficiaires la rigueur qui s’impose pour en jouir. Du reste, les critères d’éligibilité et les besoins exprimés par les pays candidats au fonds, loin d’être complaisants, sont assez rigoureux. Dans la même lancée, et parce que la transparence et la bonne gouvernance en seront sans doute les vertus cardinales, UNITAID pourrait rallier d’autres puissances financières à sa cause. Déjà, les firmes pharmaceutiques sont appelées à contribuer, selon des procédures bien établies.

Il faut donc applaudir la naissance de ce fonds hors de l’Afrique. L’Afrique où la mal gouvernance, la corruption, la gestion gabegique et bien d’autres maux ont fini par instaurer un déficit de confiance total entre les peuples et leurs dirigeants. Trop de blocages risqueraient de faire mourir ce fonds de sa belle mort s’il était aux mains de ces pays où les détournements de deniers publics, sans être leur apanage, constituent un sport national.

S’il faut reconnaître qu’en Afrique la solidarité reste encore bien ancrée dans les esprits et les pratiques, force est d’ajouter que les citoyens qui contribuent aux "efforts de développement" et paient des taxes ne savent vraiment pas à quoi sert cet argent. Bien souvent, les populations ne ressentent pas d’amélioration dans leur vie de tous les jours. Pire, certaines ont regretté leurs anciens dirigeants, en qui ils avaient plus confiance, comparativement aux nouveaux qui se sont montrés opportunistes et dont la boulimie à l’enrichissement rapide n’a pas d’égale.

Sans être des afro-pessimistes, car nous continuons, malgré tout, à croire que l’avenir de ce continent sera meilleur, nous reconnaissons tout de même que la taxe sur les billets d’avion vient, une fois de plus, mettre en épingle l’incapacité des pays pauvres à se trouver des voies pour sortir du bourbier du sous-développement.

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Spécial Saint-Sylvestre au restaurant L’Eau vive de Bobo