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Logement des étudiants : "Les loyers seront conventionnés"

Publié le jeudi 8 juin 2006 à 06h42min

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En prélude au colloque sur la politique en matière de logement des étudiants prévu pour les 8 et 9 juin 2006, Bouboukary Barry, directeur du logement étudiant au CENOU, relève ici les points qui y seront débattus. Il s’agit essentiellement de définir une politique claire qui sera proposée pour adoption en Conseil des ministres pour une meilleure prise en charge des étudiants par le CENOU.

"Le Pays" : Quel est le véritable problème actuel en matière de logement des étudiants ?

Bouboukary Barry : Je dirais essentiellement qu’il n’y a pas une politique clairement définie, pour le moment, par des textes en matière de logement étudiant. C’est l’objet du colloque que nous organisons les 8 et 9 juin 2006. Et cela, pour définir clairement par des textes, une politique fixe du logement étudiant. Pour le moment, ce sont des actions ponctuelles qui sont menées pour résoudre le problème.

La majeure partie des étudiants vient de l’intérieur du Burkina, et ce sont les villes de Ouagadougou et Bobo Dioulasso qui les accueillent essentiellement. Plusieurs d’entre eux arrivent dans ces villes pour la première fois et ne savent pas où se loger. Ils se réfèrent donc au Centre national des oeuvres universitaires (CENOU) dont les capacités d’accueil sont très insuffisantes. Nous arrivons à peine à loger 6% des étudiants. C’est donc pratiquement le secteur privé et les familles qui accueillent les autres.

Que fera concrètement ce colloque ?

Le colloque va se pencher sur une proposition de politique de logement étudiant impliquant l’Etat, les collectivités locales et le secteur privé. A l’issue des travaux, le document rédigé par les participants sera soumis en conseil des ministres pour adoption. Pour ce qui concerne son organisation pratique, après la cérémonie d’ouverture, nous allons faire une restitution parce qu’il y a déjà une étude menée par des consultants de l’UNESCO sur la technique, la manière pour mieux impliquer le secteur privé dans la gestion du logement étudiant. C’est ce rapport qui sera restitué.

L’après-midi sera consacrée aux travaux en atelier. Il y en aura deux. Le premier concernera le rôle du CENOU et des collectivités locales. Le second sera consacré aux mesures incitatives du secteur privé pour le logement étudiant. Le lendemain, nous ferons une restitution en plénière de l’adoption des travaux qui ont été faits en ateliers.

Comment accroître et améliorer l’offre en matière de logement ?

Ce colloque sera la base pour améliorer et accroître également l’offre en matière de logement étudiant. Et ce parce que nous allons définir une politique que nous comptons appliquer jusqu’en 2015, car nous comptons à cette date avoir 35 000 lits pour nos étudiants qui seront environ 80 000, répartis sur l’ensemble du territoire. A partir du colloque, il y aura des propositions concrètes qui seront faites pour permettre d’améliorer ou d’accroître la capacité d’accueil dans les cités et résidences universitaires.

Impliquer le privé et les collectivités locales aux côtés de l’Etat peut-il résoudre le problème ? Et comment cela se fera-t-il ?

Nous pensons que les collectivités locales ainsi que le secteur privé ont leur rôle à jouer dans la politique du logement étudiant. Pour ce qui concerne le secteur privé, il intervient déjà dans ce domaine en ce sens qu’environ 75% des étudiants logent dans des célibatériums. Ils sont en location et c’est le secteur privé qui les accueille. Plusieurs villes et pays ont connu le rôle très important joué par ces collectivités locales. Et nous souhaitons qu’au niveau du Burkina, elles puissent également jouer ce rôle, surtout que dans la politique de décentralisation de l’enseignement supérieur, toutes les régions sont appelées à devenir des villes universitaires. Nous voulons donc que ces villes se préparent déjà à accueillir nos étudiants.

Nous pensons que les collectivités locales peuvent jouer un rôle important en ce sens qu’elles peuvent aider dans la recherche et la mise à la disposition de terrains. Ces derniers relèvent généralement des communes. Si déjà dans les futures villes universitaires les plans de lotissement prévoient des espaces pour les universités et en même temps pour les infrastructures annexes, notamment en ce qui concerne la restauration, le logement, les terrains de sport et autres. Elles peuvent également jouer un rôle important dans la mobilisation des investisseurs locaux pour les capitaux des infrastructures de loisir, de sport, de santé, des transports, etc.

Pour ce qui concerne le secteur privé, il joue aussi un rôle incontournable, car, il faut le rappeler, 75% des étudiants vivent dans des célibatériums où les loyers ne sont pas conventionnés. Avec la nouvelle politique que nous voulons proposer, les loyers seront conventionnés, parce que le privé aurait profité de beaucoup d’avantages que l’Etat lui aurait offerts. Et donc pour ce qui est des mesures incitatives non fiscales, si on met à sa disposition un terrain gratuitement, une partie très importante du problème sera résolue. La location reviendrait moins chère pour les étudiants si après cette opération, le coût réel du loyer était de 10 000 F, les étudiants paieront 4 000 et les 6 000 restants seront pris en charge par l’Etat à travers les actions du CENOU.

Il y aura une convention avec les bailleurs pour que, s’il y a par exemple deux cent étudiants dans le bâtiment, la subvention de six cent francs soit prise en charge directement par le CENOU.

Il y a également une série de mesures que nous voulons proposer aux participants au colloque pour adoption en ce qui concerne le secteur privé. Elles concerneront essentiellement des formules de résidence qui seront moins chères à l’investissement. Les mesures incitatives non fiscales permettront de réduire le coût des investissements.

En contrepartie de ces mesures consenties par l’Etat burkinabè, le privé devra s’engager à respecter les normes de construction qui seront définies par le CENOU. Il doit s’engager également à louer les bâtiments pendant dix ans aux étudiants exclusivement.

Propos recueillis par Luc DABOU (Stagiaire)

Le Pays

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