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Grève des 23 et 24 mai : Les syndicats se mobilisent

Publié le vendredi 19 mai 2006 à 07h24min

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"Fonctionnaires et contractuels de l’Etat, la grève des 23 et 24 mai 2006, ainsi que la marche de protestation du 23 mai vous concernent !" Dans cette déclaration, les centrales syndicales et syndicats autonomes estiment que "le gouvernement joue au dilatoire". Ils appellent donc les travailleurs à se mobiliser pour de meilleures conditions de vie et de travail.

La plate-forme de la grève des 23 et 24 mai 2006 pose des revendications qui concernent l’ensemble des couches sociales de notre pays, dont les travailleurs salariés, et plus particulièrement les fonctionnaires et contractuels de l’Etat.

1. Des revendications concernant toutes les couches sociales de notre pays

Il s’agit de la revendication d’une baisse des taxes sur les produits tels que les hydrocarbures, l’eau et l’électricité, et de celle portant sur un relèvement des premières tranches de consommation d’électricité et d’eau. Pourquoi ces revendications ? Le coût très élevé des produits cités est dans une large mesure lié à l’importance des taxes que l’Etat perçoit sur les différents produits. Par exemple, sur le prix du litre d’essence super 91, l’Etat perçoit en taxes plus de 40% du prix du litre d’essence que nous achetons à la pompe.

A titre de comparaison, au Mali voisin dont les produits pétroliers transitent par le Burkina, le prix du litre d’essence super 91 est actuellement de 620F, le litre d’essence ordinaire à 610 F.

II. Hormis les revendications générales sus-citées, quatre (4) autres points de revendication concernent particulièrement les agents de l’Etat. Ces points sont les suivants :

1. La régularisation des avancements avec effet financier immédiat

Aujourd’hui, la question des avancements et primes des agents publics de l’Etat est devenue préoccupante pour les travailleurs. Avant la modernisation, le développement institutionnel et l’informatisation, la constatation et l’incidence financière de l’avancement du fonctionnaire ne nécessitaient pas toujours son intervention personnelle. De nos jours, cette intervention est devenue indispensable et constitue presque un business autour duquel s’est développée une forme de corruption dans des services de la solde et de la Fonction publique.

Depuis 2002, les syndicats ont interpellé le gouvernement qui a promis y apporter une solution définitive en fin décembre 2002 au plus tard. Pendant ce temps, le même gouvernement veut montrer aux institutions du FMI et de la Banque mondiale qu’il maîtrise la masse salariale. L’alibi utilisé pour ne pas constater les avancements est le nouveau système de notation instauré par la RGAP (rejetée par les travailleurs) et qui ressemble à la ligne d’horizon : plus on croit l’atteindre et plus elle s’éloigne. En effet, l’entrée en vigueur de la RGAP est annoncée chaque année depuis 2001, avec des canevas de contrats d’objectifs sans contenu réel à l’appui. A la rencontre du 4 mai 2006, le ministre des Finances et du Budget a reconnu que le problème du gouvernement, c’est la masse salariale.

Les effets financiers des avancements ne préoccupent pas le gouvernement. Dès lors, il n’est pas surprenant que le cumul financier des avancements de 2003 à 2005 soit estimé à 18 milliards, et certainement plus, si on intègre les primes d’ancienneté et de rendement des nombreux contractuels. Au regard de ce montant, nous sommes bien en droit d’assimiler ces retards à des arriérés de salaires.

A titre d’exemple :

* Pour un fonctionnaire de la catégorie A1 avec un salaire de 178 981 F, qui devrait avancer au 11e échelon en 2003, puis au 12e en 2005, l’Etat burkinabè lui doit 509 971, ce qui représente au moins 2 fois et demie son salaire mensuel.

* Pour un fonctionnaire de la catégorie C1 avec un salaire de 80 092F, dans les mêmes conditions, le montant du rappel de ses avancements s’élève à 170 592F, soit un peu plus de 2 fois son salaire mensuel.

En conclusion, sans une lutte âpre pour l’apurement immédiat desdits arriérés (2003 - 2005) et la budgétisation sans délai des avancements et primes de l’année 2006, les agents publics de l’Etat courent à terme le risque de se voir appliquer des avancements sans incidence financière (du déjà-vu au Burkina Faso !) ou recevoir des attestations de reconnaissance de dette envers l’Etat (du déjà-vu en Afrique !)

2. La prise en charge des risques professionnels des agents publics

Contrairement aux travailleurs du privé, les agents de l’Etat sont laissés à eux-mêmes en cas de maladie professionnelle ou d’accident de travail. En l’absence de textes précisant les droits des travailleurs en la matière, le traitement de la question dépend de la volonté et des initiatives des responsables administratifs. Depuis 2001, le gouvernement a reconnu la justesse de cette revendication. Depuis cette période, il en avait promis l’examen "au cours de l’année 2002, d’un avant-projet de loi portant régime particulier de réparation des accidents de travail et des maladies professionnelles dans le secteur public". Aujourd’hui, il évoque "la nécessité d’une concertation plus poussée" pour repousser à juin 2006 l’examen d’un avant-projet de loi par le Conseil des ministres. De toute évidence, le gouvernement joue au dilatoire pour ne pas satisfaire cette revendication dont il ne conteste pas la légitimité.

3. Le relèvement des salaires et pensions de 25%

Cette revendication qui date de 2001 est en réalité aujourd’hui largement dépassée du point de vue du pourcentage demandé et ce, au regard de l’inflation et des hausses intempestives des prix. En 2004 et en 2005, le gouvernement s’était engagé à examiner cette revendication en fin 2005. Les augmentations des salaires des agents de l’Etat de l’ordre de 4,5 à 8% opérées en janvier 2005 (que nous avons jugées dérisoires), ne peuvent aujourd’hui être présentées comme une réponse à notre revendication.

4. Le relèvement du taux des allocations familiales

Le doublement du taux de l’allocation familiale est un pas dans le sens de la satisfaction de la revendication. Cependant, pour nous, la date de prise d’effet devrait être janvier 2006, au lieu de janvier 2007 proposé par le gouvernement, sinon il s’agira d’une autre promesse lointaine qui subira le même sort que bien d’autres engagements antérieurs pris par le gouvernement.

Alors, avec courage et dignité, joignons-nous toutes et tous à la grève des 23 et 24 mai 2006 !

Participons activement à la marche du 23 mai en nous rendant massivement aux lieux de regroupements !

En avant pour le succès de la marche du 23 mai et de la grève des 23 et 24 mai !

Vive l’unité d’action syndicale !

NB : A Ouagadougou, le rendez-vous pour la marche est prévue le 23 mai à 7h30 à la Bourse du travail !

Ont signé :
Pour les Centrales syndicales

CGT-B,
Tolé SAGNON,Secrétaire général

CNTB,
Laurent OUEDRAOGO,
Secrétaire général

CSB,
Jean Mathias LILIOU,
Secrétaire général

FO/UNSL,
Joseph TIENDREBEOGO, Secrétaire général

ONSL,
Abdoulaye YRA, Secrétaire général

USTB,
El Hadj Mamadou NAMA, Secrétaire général

Pour les Syndicats autonomes,
Soumoutié LOUGUE

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