Nous ne cessons de le ressasser, la tradition demeure très forte au Gourma et le Gourmantché (habitant du Gourma) n’initie aucune activité (voyage, mariage, baptême, récolte, semis) sans au préalable avoir l’avis des ancêtres. Le canal de communication avec ses derniers peut aller des oracles aux fétiches en passant par le sable. Ce dernier est d’ailleurs beaucoup usité ici à l’Est.

Ainsi en est-il du Dilembo, après avoir imploré le ciel et les mânes des ancêtres pour que la pluie tombe et satisfasse les besoins des hommes et des animaux, il faut de nouveau se retourner vers les ancêtres pour les remercier, surtout après les récoltes. Le rituel consiste à faire d’abord déguster ces récoltes aux mânes avant que le fils d’Eve le fasse. Enfreindre à la règle vous expose à la furia des fétiches donc des ancêtres. En pareille circonstance de mauvais sorts peuvent être jetés sur le village ou le royaume (épidémie, disette, vents violents, saison compromettante etc.)

A Tanchaka, le caractère sacré du Dilembo n’est pas pris en compte ; par contre le décor festival comme chaque année, a brillé de ses mille couleurs à travers les activités qui l’ont marqué : des stands de produits de l’artisanat, la mini foire agropastorale, le tir à l’arc, la course à dos d’âne, le défilé de mode, l’art culinaire, la danse et la musique traditionnelle. Le décor était bien planté pour attirer de nombreux visiteurs et les populations estimées à plus de deux cents personnes cette année. Le Dilembo selon ses promoteurs, doit se positionner s’il veut mériter le titre de festival de renom.

C’est ainsi qu’en plus des compétitions dans les différentes disciplines, il a été instauré cette année de nouvelles disciplines en compétition comme le tir à l’arc, la course à dos d’âne. Cette année également, le Dilembo a vu la présence de la troupe de renommée internationale, Ganta de la Gnagna. La formation des troupes pour une amélioration de leur prestation figure également au chapelet des innovations.

Les promoteurs du Dilembo qui ne veulent pas s’arrêter en si bon chemin, envisage l’avenir avec beaucoup de sérénité et d’ambitions. Pour les éditions à venir, il est prévu un camp chantier Nord-Sud, un espace de rencontre de cultures et qui va aboutir à la construction du village de la culture dont les contours sont déjà dessinés à Tanchaka.

Ce village servira de cadre de spectacles et d’hébergement pour les artistes. Un comité chargé de réfléchir sur ces différents dossiers sera commis à cet effet. Des aspects liés à la régionalisation du festival, l’installation d’un forage au village des artistes, la formation, l’installation d’une plateforme multifonctionnelle, la médiatisation du festival ainsi que son exportation vers d’autres horizons figurent également dans les perspectives.

Des perspectives heureuses dont l’aboutissement ne souffrirait d’aucune ambiguïté si les difficultés organisationnelles et financières ne s’interposaient pas. En effet, l’argent manque beaucoup aux promoteurs du Dilembo qui voient chaque fois le cercle des partenaires financiers se resserrer, ce qui se ressent beaucoup sur l’organisation. Mais l’espoir est permis, puisque pour cette IIIe année consécutive, des partenaires ont encore fait parler leur cœur. Ce sont entre autres l’ONG Iles de paix, la Coopération suisse, l’ONG Tin Tua, des services comme la mairie, la direction régionale de l’Agriculture, le service vétérinaire.

Issaka Ouédraogo
AIB/Fada N’Gourma

Sidwaya