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Kaya : Pénurie d’eau potable

Publié le jeudi 27 avril 2006 à 07h18min

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A une centaine de kilomètres au Centre Nord de la capitale, le manque d’eau est crucial à Kaya dans le Sanmatenga, les femmes, premières victimes de cette pénurie, passent des nuits blanches à la recherche du précieux liquide. Chronique d’un calvaire que nous avons suivi lors d’une matinée électorale le 23 avril dernier à Kaya.

« Nous avons soif, nous voulons de l’eau. Depuis quatre heures du matin nous sommes ici( il était 8 heures du matin à notre arrivée), mais faites le constat vous-même. Nous n’avons aucune goutte d’eau dans nos bidons. L’eau ne suffit plus à Kaya », clame une vieille, Rokiéta Barry visiblement excédée par les longues files d’attente devant les bornes-fontaines. Comme elle, les femmes vivent en ce mois d’avril un cauchemar à Kaya à la recherche d’eau pour les besoins de leurs familles. « Nous dormons ici à la fontaine à cause du manque d’eau. Du matin au soir, notre préoccupation est de chercher de l’eau », réplique de son côté, Hadja Mariam Ouédraogo.

Le manque d’eau est général ; chaque année c’est ainsi, a-t-on appris. Selon un habitant de la ville, Robert Compaoré, les femmes dorment à l’air libre sous les bornes-fontaines en quête d’eau. Par ces temps-ci, l’eau est une denrée très rare à Kaya, une ville moyenne, située à seulement 100 km de Ouagadougou. Le constat est visible et laisse parfois perplexe : des bidons vides de 20 litres superposés et alignés sur plus d’une vingtaine de mètres, des barriques vides étendues, des bornes-fontaines au débit très faible, des femmes portant ou assises leur bébé au dos discutent des sujets divers attendent impatiemment d’avoir quelques gouttes d’eau. L’eau est rare et pour l’avoir il faut se livrer à un parcours du combattant. « La situation est grave ; on se douche une fois par jour. Moi je vais au barrage pour faire la lessive.

Il faut que les autorités viennent au secours des gens de Kaya ; notre souffrance est énorme », s’indigne Mlle Salla Tontrobo. Elle affirme avoir passé trois heures sans succès à la borne-fontaine. Pour le Koom Naaba de la borne-fontaine de Wemtenga, un quartier de Kaya, Abdoul Sawadogo, le manque d’eau est dû à la pauvreté du sous-sol. Il évalue ses recettes journalières à 4 000 FCFA et fonde beaucoup d’espoir sur le projet d’adduction d’eau à partir du lac Dem. « Mes bénéfices ne dépassent guère 1 500 F par jour », a-t-il déclaré.

Les Kayalais attendent des conseillers qui sortiront du scrutin du 23 avril un engagement ferme : celui de mettre l’eau à la disposition des ménages. C’est l’avis émis et défendu par la majorité des citoyens interviewés. « J’ai voté et souhaite en retour que le conseil qui sera mis sur pied donne de l’eau aux gens de Kaya », a déclaré Mariam Sedgo. Salif Ouédraogo partage cet avis. Il va même plus loin : « A Kaya, on vote depuis mais rien ne va. Le nouveau conseil municipal devrait apporter des remèdes au manque d’eau, au chômage des jeunes et à l’insuffisance d’infrastructures routières », a-t-il préconisé. Et d’ajouter : « Regardez les femmes là-bas. Elles y sont depuis 4 heures du matin et n’ont même pas encore eu la moindre goutte d’eau ».

La résolution du problème d’eau constitue l’une des préoccupations des gens de Kaya. Et le conseil municipal fraîchement élu ne devrait pas perdre cela de vue s’il veut être en phase avec les attentes des citoyens qui lui ont fait confiance. En tous les cas, des initiatives sont mises en route pour sortir Kaya de la pénurie d’eau.

... un déficit journalier de 400 m3 à combler

Pour le chef de centre de l’Office national de l’eau et de l’assainissement (ONEA) de Kaya, Salfo Nana, le manque d’eau a toujours été d’actualité dans cette ville. La région de Kaya est une zone hostile, voilà pourquoi on ne peut y avoir de hauts débits, a expliqué M. Nana. « On a construit 10 forages de plus de 100 m de profondeur en 2005 mais seuls deux avaient de l’eau ». L’ONEA, selon nos informations, aurait une capacité de production journalière estimée à 1200 m3 d’eau avec environ 1020 abonnés. Or, les besoins sont évalués à 1600 m3 d’eau par jour.

Donc, il y a un déficit de 400 m3 d’eau à combler. Pour M. Nana, c’est ce déficit qui explique le manque d’eau constaté ou vécu à Kaya. Face à cette situation, l’ONEA a entrepris un programme de distribution rationnelle et équitable qui consiste à distribuer de l’eau par zone et par secteur depuis le 16 avril. De plus, révèle M. Nana, il est en train de creuser de nouveaux puits en vue de renforcer ses capacités. « Des espoirs existent mais j’ignore combien de m3 d’eau ce puits va nous apporter », a-t-il rassuré. Cet optimisme, Salfo Nana, le fonde sur le fait que le projet d’adduction d’eau de la ville de Kaya à partir du lac Dem, situé à une quinzaine de km, a pris corps. D’une durée de 20 ans, ce projet va permettre de couvrir totalement les besoins en eau de la ville.

A cet effet, il est prévu la construction d’une station de traitement et un château-d’eau d’une capacité de 800 m3. L’ONEA prévoit d’étendre son réseau de 36 km, de même que des bornes fontaines seront érigées. Donc, en termes d’approvisionnement en eau, les perspectives sont bonnes, soutient M. Nana. Mais en attendant, la situation est difficile sur le terrain. Car les forages existant ont une productivité faible et sont en baisse de débit d’année en année.

S. Nadoun COULIBALY (coulibalynadoun2002@yahoo.fr)

Sidwaya

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