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Christine Panchaud : « Les pays ne sont pas au même stade de développement de leur système éducatif »

Publié le lundi 10 avril 2006 à 06h32min

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Christine Panchaud

Du 13 au 17 mars 2006 s’est tenu à Ouagadougou le 3e séminaire international de l’UNESCO. A cet effet, nous avons rencontré la coordonnatrice du programme dénommé Analyse et innovation curriculaires, en Afrique subsaharienne pour lutter contre la pauvreté.

Sidwaya (S). : Mme Panchaud, pouvez-vous nous présenter le projet « Analyse et innovation curriculaires en Afrique subsaharienne pour lutter contre la pauvreté ?

Christine Panchaud (C.P.) : Le projet « Analyse et innovation curriculaires en Afrique subsahérienne » regroupe neuf pays : l’Angola, le Burkina Faso, le Mali, la Mozambique, le Burundi, le Congo-Brazaville, le Niger, l’Ile Maurice et le Rwanda.

Ces pays parlent soit le français, soit le portugais. L’idée c’est de travailler en français et de fournir des textes de référence en français parce qu’il existe de nombreux documents et de rechercher faits uniquement en anglais. Le projet vise à offrir la possibilité de réfléchir, de penser et de concevoir des outils et d’entreprendre des analyses en français qui soient directement accessibles à l’Afrique francophone et de traduire les documents-clés en portugais pour les lusophones.

S. : Quel est l’objectif de ce projet ?

G.P. : Le projet vise à explorer une expérience qui n’a pas été beaucoup étudiée pour l’instant, par rapport à l’éducation et la lutte contre la pauvreté ; En effet, on s’est posé beaucoup de questions sur l’accès à l’école, comment faire en sorte que plus d’enfants aillent à l’école, comment faciliter l’accès aux cantines scolaires, comment avoir plus de sécurité pour les filles sur le chemin de l’école, ou encore plus d’écoles et d’enseignants...

Tout cela se rapporte à l’aspect de la quantité de l’éducation. A Dakar en 2000, ce projet a décidé de se poser la question de l’éducation de qualité pour tous. Ainsi, nous avons essayer d’établir le rapport entre l’éducation en général et la lutte contre la pauvreté au plutôt le curriculum programme scolaire et la lutte contre la pauvreté.

Ainsi, nous avons décidé d’explorer plus les questions liées aux critères de qualité par rapport aux groupes les plus défavorisés ayant le moins de pouvoir dans la société. On se pose aussi la question de savoir comment l’éducation dans les pays pauvres peut contribuer au progrès, au développement et à l’amélioration des conditions de vie des sociétés africaines.

L’objectif du projet c’est de réfléchir sur le type d’éducation qu’il faut à l’Afrique pour sortir de la pauvreté à partir de ses ressources internes. C’est, en somme créer une inter relation ente l’éducation et les conditions de vie existant dans ces pays.

S. : Quelles politiques éducatives pour les pays membres ? Ces politiques sont-elles suffisamment mûries pour propulser et favoriser le développement des pays membres ?

C.P. : Les pays ne sont pas au même stade de développement de leur système éducatif. Cependant les difficultés qui se posent à tous ces systèmes éducatifs sont identiques, c’est-à-dire que leur efficacité est de plus en plus décriée, de même qu’ils n’arrivent pas à couvrir totalement l’espace territorial des Etats membres. Ce qui fait que tous les enfants en faiblesse d’âge de scolarisation n’ont pas accès à l’école. A cela, il faut signaler la pertinence des contenus des programmes scolaires.

Si les parents ont la conviction que l’école est utile, ils vont avoir plus de motivation à y envoyer leurs enfants. Aussi, il est important de les retenir à l’école. Il faut éviter des sélections qui excluent définitivement certains du système éducatif.

Pour ce qui est de la pertinence de l’éducation, il faut qu’elle corresponde le mieux aux besoins du pays. Pour ce faire, il faut revoir le système et faire en sorte que les enfants puissent mieux s’en sortir individuellement pour mieux contribuer au développement de leur communauté voire de leur pays.

S. :Qu’est ce qu’il faut faire pour corriger ces imperfections ?

C.P. : Pour y parvenir, il convient de revoir le système éducatif , faire en sorte que les enfants puissent s’en sortir individuellement pour mieux contribuer au développement de leur communauté voire de leur pays. Il faut se poser la question sur certains programmes scolaires, par exemple apprendre comment prendre un billet de bus à Paris dans un automate n’est pas la compétence la plus urgente pour un jeune Africain. A cet effet, il faut y repenser et lui transmettre les compétences plus adaptées à son contexte de vie quotidienne. La formation des enseignants doit être prise en compte. Si on change les programmes scolaires il faut faire en sorte que ceux qui les enseignent aient les moyens, les compétences, la formation suffisante adaptée pour les enseigner.

S. : Qu’est-ce que le projet Analyse et innovation des curricula prévoit pour une meilleure adaptation des programmes d’enseignement ?

C. P. : C’est justement l’objet de la rencontre de Ouagadougou. Ce n’est pas au Bureau international de l’éducation ou l’UNESCO de dire ce dont un pays a besoin. Tout va dépendre du processus en cours et des ressources disponibles. Les pays ne sont pas au même stade du processus. Certains sont à leur début, d’autres au milieu, d’autres encore sont en train de repenser aux changements qu’ils ont effectués il y a dix ans. Ce qui est important, c’est que chaque pays recense ses priorités à partir de sa propre évaluation. Par rapport à la réalisation de ces changements, l’UNESCO n’est pas une organisation de financement mais l’objectif de ce projet, c’est de donner des arguments et des outils aux pays pour inscrire les changements nécessaires dans leur cadre de leur programmation. Ce projet entrevoit donc, un accompagnement d’ordre technique.

Régine ZERBO
Séré Angéline KAM (Stagiaire)

Sidwaya

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