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Eglise catholique du Burkina : Vérité et justice, conditions du pardon

Publié le mercredi 5 avril 2006 à 07h11min

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Nous vous proposons ci-dessous l’homélie du Secrétaire général de la Conférence épiscopale du Burkina-Niger, lors de la messe commémorative de la Journée nationale de pardon, le 30 mars dernier, à la paroisse Jean XXIII de Ouagadougou.

Que la grâce et la paix de notre Seigneur Jésus-Christ soient toujours avec vous !

Excellence Mgr Jean-Marie Compaoré, archevêque de Ouagadougou, messieurs les membres du gouvernement, chers chrétiens de la paroisse Jean XXIII, chers frères et sœurs en Christ !

Comme il vous a été rappelé au début de notre célébration eucharistique, la célébration eucharistique de ce soir à la paroisse Jean XXIII revêt un caractère particulier, en témoigne la présence des membres du gouvernement. A ce que je sache, ce n’est pas tous les soirs que vous avez des représentants officiels du gouvernement à vos célébrations eucharistiques. Quand les membres du gouvernement se déplacent, c’est que l’événement revêt une importance certaine.

Oui, le Burkina Faso commémore aujourd’hui la Journée nationale de pardon célébrée il y a cinq ans, le 30 mars 2001. Merci à vous tous d’être venus et de soutenir ce processus de réconciliation dans la prière et par la prière.

La première célébration le 30 mars 2001 et les journées commémoratives qui ont suivi chaque année ont fait couler et font couler encore beaucoup d’encre et de salive, signe qu’au Burkina Faso on commence à parler beaucoup, signe peut-être aussi qu’au Burkina Faso il y a la liberté de presse et d’expression, laissant aux lecteurs et aux écouteurs le soin d’être très intelligents pour faire la part des choses s’ils veulent marcher vers la justice et la vérité.

Célébrer un anniversaire ou un jubilé, commémorer un événement, c’est se donner une opportunité particulière pour réfléchir. C’est l’occasion de se dire, ou en sommes nous ? Comment avons-nous vécu ? Quelles ont été nos victoires, quelles ont été nos erreurs ? Comment moi personnellement, en lien avec les autres, je peux m’engager davantage pour mieux réussir ? etc.

Aujourd’hui 30 mars 2006, 5e anniversaire de la Journée nationale de pardon, les quatre comités (le Comité de suivi et de mise en oeuvre des engagements de la JNP, le Comité technique d’appui au gouvernement, le Comité de gestion du fonds d’indemnisation des victimes de la violence en politique, et le Comité national d’éthique) ont eu un point de presse comme chaque année. Ou en sommes-nous vraiment ? Sommes-nous assez armés pour continuer ainsi chaque année ? Avons-nous assez de ressources humaines et spirituelles ? car l’argent ne pourra pas tout résoudre, pour accompagner le processus de pardon jusqu’à son plein épanouissement. Face à ces questions, le croyant ou le chrétien ne peut que se tourner vers son Dieu et le prier. Lui seul peut changer le cœur des hommes. Ainsi sommes-nous aujourd’hui, ainsi serons-nous demain.

"Sans vérité, sans justice, rien ne peut tenir"

Rassemblés ce soir en tant que croyants ou au nom de notre foi commune en Christ, nous voyons de plus en plus la nécessité d’accompagner notre engagement pour la paix par la prière. Par l’eucharistie nous disons ensemble merci à Dieu pour ce qui a déjà été fait et contribue encore à unir les cœurs des fils et filles de notre pays. Nous lui demandons aussi la grâce de nous laisser éclairer par sa parole dans les actions que nous menons en faveur de la paix et de la réconciliation, car lui seul est le chemin, la vérité pour l’homme. Et enfin nous demandons au Seigneur d’apaiser les cœurs de ceux qui sont rongés par des questions légitimes sans réponses.

Chers frères et sœurs en Christ, dans la parole de Dieu que nous venons d’écouter dans l’Evangile, il est question de témoignage, et c’est une belle coïncidence avec la célébration de la Journée nationale de pardon. Jean-Baptiste a rendu témoignage en désignant Jésus comme étant le Messie. Mais les oeuvres mêmes que Jésus fait lui rendent le témoignage qu’il est bel et bien l’envoyé de Dieu. Depuis cinq ans, le Burkina Faso s’est mobilisé pour rendre témoignage au pardon, à la réconciliation et à la paix, dans la justice et la vérité. Car sans vérité, sans justice, rien ne peut tenir, c’est construire sur du sable.

Que le Seigneur nous aide tous à avoir le courage pour la justice et pour la vérité ! En célébrant ce soir le souvenir du 30 mars 2001, nous sommes tous appelés à rendre témoignage au pardon donné et au pardon reçu pour notre réconciliation nationale en posant des actes vrais et sincères. Comme les œuvres et les miracles de Jésus sont là pour attester son identité, nos oeuvres à nous aussi doivent être là pour attester que nous sommes tous des hommes et des femmes de justice, des artisans de paix.

Ensemble demandons l’assistance de la Vierge Marie, reine de la paix et reine du Burkina. Et que le Seigneur nous éclaire et nous guide tous vers la vraie réconciliation et la vraie paix, lui qui est vivant avec le Père et le Saint-Esprit, un seul Dieu pour les siècles des siècles !

Amen !

Le Secrétaire général de la CEBN

Abbé Pascal BOUDA

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