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Les faits divers de Sacré : La tête de Moctar

Publié le mardi 21 mars 2006 à 06h36min

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En vérité, Moctar était fier de sa tête bien plus que du coiffeur qui lui avait réussi un « coco taillé » sans faute. Il la sentait, sa tête, luire au-dessus de son cou, ce qui finissait par le convaincre que ce n’était pas le coiffeur qui avait du métier, car s’il avait réussi c’est parce que sa tête avait une forme harmonieuse alliant un front modeste à une nuque juste plate comme il convient à une tête qui se respecte.

Heureux finalement de ce que le créateur lui avait donné une tête qui lui plaisait, Moctar roulait sur sa motocyclette, conscient que les autres usagers de la route le regardaient et l’enviaient, surtout ceux dont les boîtes crâniennes se font remarquer par des fronts saillants, des nuques pointues ou bombées des deux côtés.

Moctar n’avait pas tort de croire que les gens regardaient sa tête rasée à même la peau. Mais cette tête qui brillait au soleil ne plaisait pas à tout le monde. Elle donnait à certains de fort curieuses envies. Moctar roulait donc tout à sa fierté quand contre toute attente quelqu’un venant de derrière lui balança une grosse gifle là où sa nuque était juste plate comme il le faut.

La surprise et la violence du coup firent que Moctar tangua, faillit rentrer dans la voiture qui venait en face et se fit traiter de tous les noms par les autres usagers. S’étant ressaisi, il se mit à la poursuite de ceux qui l’avaient ainsi outragé car ils étaient deux : un motocycliste et son passager et c’est celui assis derrière l’engin qui avait par cette gifle, offensé sa tête. Et ces deux-là ne manquaient pas de culot car ils roulaient comme si de rien n’était.

Ce que Moctar ne savait pas c’est que celui qui pilotait l’engin ignorait ce que celui de derrière avait fait. Il ignorait aussi qu’au fur et à mesure qu’il se rapprochait d’eux, celui de derrière disait à l’autre : « fonce, fonce, accélère » sans que ce dernier ne comprenne pourquoi il lui demandait d’augmenter d’allure. Du reste, il ne lui demanda pas. Ce à quoi celui de derrière lui répondit : « je te dis d’accélérer, tu ne vois pas qu’il arrive, fonce je te dis ! »

L’autre ne fonça pas. Il voulut savoir de quoi il s’agissait, créant ainsi le malheur de son compagnon car Moctar qui était arrivé à leur hauteur plongea littéralement sur le gifleur de têtes rasées en circulation et se mit à le tabasser comme s’il y avait là un honneur à laver.

L’ayant expédié au sol, il se retourna contre l’autre mais il comprit bien vite par ses dénégations que ce dernier n’était pas au courant de ce qui s’était passé. Alors, il revint à son agresseur qui se relevait. Il l’aida à se mettre sur pied et d’un bon coup de tête il le renvoya au sol ; puis sans un mot à l’endroit de la foule accourue, il démarra son engin et prit sa place dans la circulation. L’honneur était sauf.

C’est par sa tête qu’il a été offensé, c’est par elle qu’il s’est vengé. Il s’en alla plus que jamais fier d’elle. Non mais dites-donc quelle dangereuse idée d’agresser ainsi gratuitement les gens en pleine circulation ? ! En voici un qui ne recommencera plus jamais !

Sacré Chédou OUEDROGO

Sidwaya

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