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Boucle du Mouhoun : "Une région exploitée et abandonnée"

Publié le vendredi 10 mars 2006 à 07h40min

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"La Boucle du Mouhoun, une région exploitée, délaissée,
oubliée et abandonnée par les autorités politiques de notre
pays." C’est le sentiment de la Coalition des Organisations de la
société civile (OSC) contre la vie chère de la région de la Boucle
du Mouhoun, à travers la déclaration ci-dessous.

La région de la Boucle du Mouhoun, la plus vaste du pays car
composée de six (6) provinces à savoir la Kossi, le Sourou, les
Balés, les Banwa, le Mouhoun et le Nayala, avec pour chef lieu
Dédougou, paraît comme une région de seconde zone.
Cette région a pourtant de grandes potentialités naturelles, avec
un couvert végétal dense, des forêts classées et un ligneux
important.

Le réseau hydrographique offre d’importantes potentialités avec
des possibilités de réalisation de retenues d’eau, de
construction de barrages et d’aménagement de bas-fonds.
Les richesses générées par les secteurs de l’agriculture et de
l’élevage sont évaluées à plus de 70 milliards de francs par an.

La région produit des céréales (sorgho, mil, maïs, riz...) et des
produits maraîchers suffisants pour couvrir ses besoins, alors
que sa population reste confrontée à la précarité alimentaire.

Quant au coton produit dans la région, il contribue grandement à
l’économie du pays, mais profite peu aux populations de la
région qui reste un des principaux producteurs. Pendant que la
SOFITEX qui contribue à la dégradation des routes s’enrichit, les
populations restent dans la misère pour la plupart.
En termes de valeur ajoutée, les paysans qui constituent plus
de 80% de la population de notre région créent plus de 30
milliards de francs CFA de richesse par an, qui ne sont pas
investis dans l’amélioration de leurs conditions de production,
en l’occurrence les routes.

Ainsi, malgré toutes ces potentialités et réalisations
considérables, la région considérée comme le grenier du pays
reste désespérément et visiblement reléguée au second plan,
sans actions véritables de développement soutenu par les
autorités : le lot quotidien des populations reste la misère et la
pauvreté.
De tous ces constats, la triste et piètre réalité de la dégradation
prononcée de l’ensemble du réseau routier interpelle fortement
et décisivement la bonne conscience de tous.

Au vu de la répartition des projets financés par région, un député
faisait observer au Premier ministre Yonli, à l’issue de son
discours du 08 avril 2004 sur l’état de la nation, que « l’on est en
droit de se poser la question de savoir si toutes les régions au
Burkina Faso appartiennent vraiment au même pays".
Que de rancoeurs et de frustrations vécues par les populations
de la Boucle du Mouhoun !

Aujourd’hui un des axes majeurs pour rechercher des solutions
au développement réel de la région est le développement des
infrastructures de communication, avec comme priorité le
désenclavement routier, levier qui permet de mettre en relief et
de valoriser les capacités humaines et matérielles de celles-ci
en équité avec celles des autres régions.

"Lors de la campagne présidentielle..."

Le réseau routier, très irrégulièrement entretenu, connaît en effet
un état de dégradation jamais égalé avec des conséquences
désastreuses sur le transport des personnes et des biens. On
comprend pourquoi la contribution du secteur transport à
l’économie de la région ne dépasse guère 1%, tandis que le
secteur informel dépasse 70%.
En période hivernale, voyager dans la région vous plonge tout
simplement dans le cauchemar.

A titre d’exemples :
- Il faut environ 8 heures de temps pour parcourir les 180 km qui
relient Dédougou à Bobo Dioulasso ;
- Il en faut 6 (heures) pour parcourir le tronçon
Dédougou-Koudougou en « taxi-brousse »,
et cela au péril de sa vie : les travaux d’amélioration de la route
Koudougou - Dédougou semblent suspendus après la
campagne électorale présidentielle de 2005, compliquant
davantage la circulation, avec ses ponts inachevés et ses
tronçons dangereux.

Que dire des tronçons intérieurs des
provinces de la Kossi, du Nayala, du Sourou, des Balés ou des
Banwa, qui obligent les usagers à effectuer de nombreux
détours en empruntant parfois des sentiers pour joindre les
chefs-lieux de provinces.

Il importe de noter qu’exception faite du tronçon Pâ-Laba, long
de 70 km, et dont le bitumage est obligé de passer dans la
région à cause de la Nationale 1 (Bobo Dioulasso-
- Ouagadougou), aucune autre route bitumée ne dessert la
région.

Dans le même sens, on observe que Dédougou est la seule
ville, parmi les villes retenues pour recevoir un bitumage urbain
de certaines voies, à ne pas avoir ses voies bitumées depuis
plus de cinq ans, malgré la réduction de leur longueur à 1,8 km
(au lieu de 5, ou 2,5). On se souvient qu’après avoir effectué
quelques travaux préliminaires, l’entreprise OK (Oumarou
Kanazoé) a plié ses bagages et ramené ses engins vers
d’autres cieux, abandonnant la ville aux inondations pendant les
saisons de pluies. Pourquoi ?

Pendant ce temps, pour des visites ponctuelles, c’est par
hélicoptère que nos autorités se rendent dans ces provinces,
comme pour éviter de connaître l’état des routes. D’autres
refusent simplement de s’y rendre, en déléguant leurs
subordonnés.
En rappel, lors de la campagne présidentielle de 1998, le
président Blaise Compaoré avait promis le bitumage des
principaux axes routiers de la région.
A l’occasion de la troisième journée nationale du paysan tenue à
Dédougou en 1998, devant les représentants des paysans du
Burkina Faso, le président a promis une fois de plus le goudron
pour la région.

Les populations ont attendu désespérément jusqu’au
démarrage des travaux de bitumage de la route Dédougou-Bobo
Dioulasso par l’entreprise CSE (Compagnie sahélienne
d’entreprise) qui connaît d’ailleurs des problèmes en raison,
d’une part, des modifications par les autorités
gouvernementales des clauses du cahier des charges, et
d’autre part, du nombre très réduit du personnel chargé du
contrôle.

Blaise Compaoré tiendra-t-il parole ?

La Coalition, qui a toujours été soucieuse des intérêts des
populations de la Boucle du Mouhoun, a cherché à en savoir
davantage ; elle s’est heurtée à un mur de béton érigé par le
Bureau Malien-Marocain C.I.D. SIRA chargé du contrôle, sous le
prétexte qu’il appartient à la Direction centrale des routes de
donner des informations sur l’état d’avancement des travaux, et
sur les difficultés rencontrées pour la réussite pleine et entière
des travaux. Simple formalité administrative ou volonté de
cacher quelque chose ?

Ce qui est sûr, c’est que le bitume versé sur la route Bobo
Dioulasso-Dédougou ne dépasse pas 30 km alors que le délai
prévu pour son achèvement est presque achevé.
Quoi qu’il en soit, la Coalition, avec l’appui des populations, ne
ménagera aucun effort pour que la route Bobo
Dioulasso-Dédougou ne connaisse pas le même sort que celui
de la route Ouagadougou- Bobo Dioulasso. Il y va de l’intérêt de
tous.

Le président-candidat Blaise Compaoré reviendra à la charge
en pleine campagne électorale présidentielle, lors de son
passage à Dédougou le 5 novembre 2005, en promettant le
démarrage effectif, dès le premier trimestre 2006, du bitumage
de l’axe
Koudougou-Dédougou-Nouna-Bomborokuy-Djibaso-frontière du
Mali, et de l’axe Dédougou-Tougan Ouahigouya—Mali.
Tous les yeux sont donc tournés vers l’échéance fixée par le
président élu Blaise Compaoré.

Simple promesse électorale ou
volonté réelle de désenclaver la région ? L’avenir nous dira si le
président tiendra sa parole donnée devant les vaillantes
populations de notre région.
Cette fois-ci en tout cas, personne n’ose croire que le président
ne tiendra pas parole.

La Coalition des organisations de la société civile de la région
de la Boucle du Mouhoun, qui s’est fixé pour objectif de
défendre, de protéger et de promouvoir les droits sociaux,
économiques, culturels et politiques des populations, pense
qu’il est plus que nécessaire de diriger son combat contre la
pauvreté et la vie chère. Ce combat passe essentiellement par
le désenclavement total de la région.

Ensemble, nous (société civile et fils de la région) devons nous
organiser à tous les niveaux pour interpeller les hommes
politiques et les décideurs en vue de faire aboutir le bitumage
et/ou la mise en état effectif de nos principales routes qui sont,
entre autres :
- Bobo Dioulasso ;
- Tougan-Ouahigouya-frontière du Mali
- Koudougou-Dédougou-Nouna-Bomborokuy-Djibaso-frontière
du Mali Koudougou- Toma-Gassan-Nouna ;
- Yako-Yaba-Tougan-Vallée du Sourou ;
- 
Koundougou-Kouka-Solenzo-Sanaba-Nouna-Dédougou-Sanab
a-Balavé- Tansila-frontière du Mali ;
- Dédougou-Safané-Oury- Boromo ;
- Moara-Lanfièra-Gouran-Di-frontière du Mali.

Dédougou, le 15 décembre 2005

UP/CGTB
KINDO Arouna

UNSL/FO
NACRO B. Esaïe

SYNTAS
ZOUNGRANA Arrouna

SYNATEL
THIOMBIANO Gabriel

SYNATEB
MANA Bétélo

CNTB
TRAORE Salimata

MBDHP
KADINZA Lamoussa

USTB
BASSOLE Auguste

ASPAD
BLA Bakary

COMMUNAUTE MUSULMANE
BAGAYOGO Yssouf

GERDDES
SIDIBE Djery

ONSL
OUATTARA Siaka

SNESS
VIMBOUE Charles

UPPM/PANISE
DAKIO L. Benza

SNEA-B
OUATTARA Abdoulaye

COMMUNAUTE CATHOLIQUE
Abbé BOMBIRI Ernest

ACYD
DEMBELE Samou

COMMUNAUTE PROTESTANTE
Pasteur KAHO T. Simon

ASAMA
Nazoun KONDE

ENFANCE SANS FRONTIERES MANA B.

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