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Burkina / Mauvaise connectivité réseau : Des citoyens entre colère et désarroi

Publié le mardi 7 novembre 2023 à 22h50min

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Burkina / Mauvaise connectivité réseau : Des citoyens entre colère et désarroi

Téléphoner et surfer dans de bonnes conditions à partir de l’internet mobile relève d’un calvaire pour nombre d’usagers de la ville de Ouagadougou. Et la situation ne semble pas prête de prendre fin si tôt. De plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer ces défaillances qui représentent un danger pour la politique d’inclusion numérique que poursuit le Burkina Faso.

En 2022, le Burkina Faso comptait 24,7 millions d’abonnés à la téléphonie mobile, avec un taux de pénétration de 110%, selon des données de l’Autorité de régulation des communications électroniques (ARCEP). Ce fort taux de pénétration ne rime pas avec la qualité des services offerts par les trois sociétés de téléphonie mobile que compte le pays (Orange Burkina Faso, Moov-Africa, Telecel Faso). Le 14 avril 2023, à travers une conférence de presse, ces opérateurs de téléphonie mobile se sont engagés à améliorer la qualité de leurs services. Quelques mois après cette profession de foi, le constat est amer. La situation va de mal en pis. Et ce sont les populations qui en font les frais. Pour un constat, nous nous sommes rendus au quartier Bassinko, situé à la sortie Nord de Ouagadougou, route de Ouahigouya.

Kalifou Diallo a déploré la qualité du réseau

Des abonnés dénoncent une mauvaise connectivité réseau qui, disent-ils, leur cause de nombreux désagréments dans leurs différentes activités. Kalifou Diallo, un habitant de la cité, nous révèle les difficultés qu’il éprouve au quotidien pour pouvoir communiquer, un service pour lequel il paie des frais exorbitants. « C’est la croix et la bannière à la cité de Bassinko. Il faut se déplacer à des points pour appeler ou recevoir un appel », confie M. Diallo. Ismaël Zoungrana, lui aussi, y est allé de son commentaire. Au-delà de la désagréable frustration d’un mauvais réseau mobile, cela pose un problème en cas d’urgence, de quoi enrager M. Zoungrana.

Le problème de réseau n’est pas le seul grief porté par les usagers. Ils se plaignent aussi de la mauvaise qualité de l’internet. Richard Nougtara a gros sur le cœur. Pour se connecter, il doit adopter des positions dans sa maison où d’un point à un autre, il perd le réseau. « Parfois, il faut se déplacer à plus d’un kilomètre pour espérer pouvoir se connecter. S’il s’agit d’un téléchargement, il faudrait non seulement avoir assez de crédits de connexion mais aussi trouver l’endroit idéal. Nous voyons nos forfaits s’épuiser en un temps record, sans pouvoir exploiter la moitié. En plus, les bonus que les téléphonies nous donnent ne nous servent souvent pas à grande chose. Nous avons l’impression que les bonus remplacent souvent les forfaits payés. On nous vend un service incomplet, inexploitable optimalement, avec un délai d’utilisation incompréhensible. C’est l’usager qui est le contribuable qui perd toujours », s’offusque-t-il.

La population doit penser à l’intérêt commun, estime Ismaël Zoungrana

Cette situation a suscité la mise en cause de l’Etat à travers l’autorité de régulation ARCEP qui, selon eux, doit veiller à l’accomplissement des cahiers de charges soumis aux opérateurs des téléphones mobiles. Il faut signaler également que les opérateurs de téléphonie mobile font face à des causes exogènes sur toute l’étendue du pôle urbain de Bassinko. Estimant être ultérieurement victimes des conséquences liées aux radiations des pylônes, certains habitants de la cité s’opposent à leur installation.

« Sans être professionnel en la matière, reconnaissons que nous sommes dans l’ère du numérique et tout est fait avec précision. Nous ne sommes plus à l’époque où il fallait lancer un faisceau qui se propage, pour espérer atteindre la cible avec toutes les conséquences. La plupart des plaignants disposent d’au moins deux téléphones, donc deux signaux qu’ils reçoivent. Leurs lieux de travail sont jonchés d’antennes et de faisceaux. Donc, nous vivons quotidiennement sous des rayons », note M. Nougtara.

La population est en partie responsable de cette situation, a affirmé Richard Nougtara

La situation à Bassinko n’est pas un cas isolé. Dans d’autres quartiers de la ville de Ouagadougou, les populations subissent cette dure réalité. Les acteurs du commerce électronique ou e-commerce sont également impactés par la mauvaise qualité de l’internet. Entourée de ses articles, Ramata Ouédraogo s’occupe des commandes de ses clients en ligne. Ce sont des pagnes tissés, et des koko-dunda. Grâce à cette activité, elle arrive à subvenir à ses besoins. Mais depuis quelques temps, son chiffre d’affaire est en baisse du fait de la mauvaise qualité de l’internet. Malgré notre insistance, elle ne dira pas plus sur son gain. Pour tous ces désagréments, M. Nougtara exhorte les opérateurs de téléphonie mobile et l’ARCEP à prendre leurs responsabilités et travailler à la résolution de ce problème de réseau internet et communication qui n’a que trop duré. L’intérêt général devrait primer sur les considérations subjectives et les intérêts individuels.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

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