Il y a 78 ans aujourd’hui, la Charte des nations unies est entrée en vigueur avec comme leitmotiv d’œuvrer pour un monde de paix, de sécurité, d’égalité et de développement pour tous et partout dans le monde en ayant recours à la diplomatie préventive, aux mécanismes d’alerte précoce et à la médiation, renonçant ainsi à la force et la violence. Un regard critique sur l’actualité révèle que si la recherche de la paix et de la stabilité continue d’occuper une place de choix dans l’agenda des nations unies, c’est parce que le chemin reste encore long pour édifier un monde débarrassé de violence et des germes de l’insécurité.

Photo de famille

Cette triste réalité dénote de l’urgence de s’attaquer aux causes profondes des conflits que sont la pauvreté, le changement climatique, la raréfaction des ressources, la mal gouvernance, la corruption, entre autres. « Plus que jamais, doivent cesser le recours à la menace ou à l’emploi de la force, à l’agression, aux pressions politiques et économiques, à l’ingérence dans les affaires intérieures des autres Etats. Plus que jamais doivent cesser les violations fréquentes des principes de la Charte des nations unies », tel est le cri de cœur du ministre de la communication, Jean-Emmanuel Ouédraogo. Au Burkina Faso, la commémoration de la 78e Journée des nations unies est placée sous le thème « des partenaires solides pour relever les défis de paix et de développement durables ».

Lâcher de colombes blanches, symbole de la paix (le ministre de la communication, Jean-Emmanuel Ouédraogo

S’exprimant au nom du gouvernement, le ministre Ouédraogo dira que ce thème trouve toute sa pertinence tant il est illustratif voire en phase avec les priorités du gouvernement en terme de mobilisation de partenaires pour la mise en œuvre des référentiels que sont le Plan d’action pour la stabilisation et le développement (PA-SD) et le Plan d’action intérimaire des nations unies pour le développement durable (UNIDAP). Par ailleurs, il a expliqué que la mise en œuvre des quatre piliers (paix, prospérité, personne, planète) à travers l’approche Nexus, paix, humanitaire-développement, de ces référentiels requiert des moyens logistiques et financiers conséquents. Le Burkina Faso a foi au multilatéralisme comme tremplin pour répondre de façon efficace, dans le cadre de la solidarité internationale, aux légitimes attentes du pays. C’est pourquoi, le porte-parole du gouvernement a plaidé pour que le système des nations unies soit le porte-voix du Burkina Faso auprès des autres partenaires techniques et financiers pour mobiliser plus de ressources en vue de faire face aux besoins multiforme des populations. Dans la même veine, il a exhorté les agences spécialisées à travailler en synergie dans le cadre de « One Un » en mettant l’accent sur leurs avantages comparatifs. Estimant, que c’est à ce prix qu’ils parviendront ensemble à bâtir un Burkina Faso sécurisé, prospère, paisible et résilient.

Le coordonnateur résident par intérim du système des nations unies a réitéré son engagement à continuer de collaborer avec le gouvernement burkinabè dans l’atteinte des ODD d’ici à l’horizon 2030

348 milliards de francs CFA mobilisées en 2022

Convaincus qu’aucun Etat, aussi nanti soit-il, ne peut à lui seul relever les défis de paix et de développement, le système des nations unies ne ménage aucun effort pour accompagner le gouvernement de la transition dans sa recherche de solutions pérennes à la crise multidimensionnelle que traverse le pays. Le coordonnateur résident par intérim du système des nations unies a indiqué qu’au cours de l’année 2022, ils ont réussi à mobiliser 580 millions de dollars américains, soit 348 milliards de francs CFA. Sur les 348 milliards de francs CFA, 213 milliards de francs CFA ont été dépensées.

Les fonds mobilisés en 2022 ont permis à l’ONU de mener des actions, axées sur l’assistance humanitaire, la consolidation de la paix, le développement durable et le respect des normes et des droits internationaux, avec un impact direct et parfois indirect sur la vie des populations, en particulier les groupes les plus vulnérables, a relevé M. Akpadji, soulignant par la même occasion que dans le cadre de la mise en œuvre du Plan-cadre des nations unies pour l’aide au développement (PNUAD) au Burkina Faso, l’ONU a poursuivi ses interventions en matière d’appui à la relance socio-économique et la réponse humanitaire, avec un accent particulier sur la relance économique et la résilience des populations les plus vulnérables, à travers 148 projets et programmes mis en œuvre en 2022.

Les participants lors de la commémoration

Les femmes et les jeunes ont été ciblés dans plusieurs activités, notamment dans le cadre de la protection sociale et de la réintégration sociale. S’agissant de la réponse d’urgence et d’appui à des populations vulnérables dans les zones à forts défis sécuritaires, poursuit-il, 48 584 ménages vulnérables ont été appuyés avec une enveloppe de plus de 2,82 milliards de francs CFA pendant la période de soudure pour améliorer leurs situations alimentaires, afin de protéger leurs moyens de subsistance. Les Personnes déplacées internes (PDI) n’ont pas été oubliées. Dans la même période (2022), 621,7 millions de FCFA ont été mobilisés pour appuyer 9 485 ménages bénéficiaires, à travers un programme de cash d’urgence. Cela, afin de soutenir la situation alimentaire des PDI et des populations hôtes. Au-delà des SNU, il y a des partenaires comme l’Union européenne, la Banque mondiale, la Banque africaine de développent et le Fonds monétaire international qui apportent chacun une expertise pour la réussite du PA-SD et de l’UNIDAP. Sans oublier le secteur privé. Compte tenu de l’importance des fonds mis en commun, il est essentiel de veiller à ce que ces derniers soient utilisés de manière efficace et efficiente. C’est ici qu’entrent en jeu la mise en place de mécanismes de contrôle. Le coordonnateur reconnaît son importance. Elle garantit la transparence et l’obligation de rendre compte, afin que chaque dollar, chaque franc, ait un impact maximal.

Des représentants du ministère de l’action humanitaire étaient presents

Cependant, ce travail important ne pourrait être réalisé sans un accès humanitaire sans limites permettant aux travailleurs humanitaires d’atteindre les populations vulnérables qui ont besoin d’assistance, ainsi qu’un accès des familles et des communautés aux services sociaux de base comme l’école, les institutions sanitaires, les infrastructures d’approvisionnement en eau et les infrastructures d’hygiène. C’est pourquoi, Alain Akpadji en appelle aux parties belligérantes d’ouvrir un accès humanitaire sans faille, dans le strict respect du droit international humanitaire qui protège les personnes qui ne participent pas aux combats, comme les civils et le personnel médical ou religieux. Un lâcher de colombes blanches, signe de paix et d’espoir a clôturé la cérémonie officielle. Dans le cadre de cette commémoration, il est prévu une exposition vente sur le site de l’université Ki-Zerbo.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net