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Situation à Banfora : Le pamphlet de Christian T. Koné

Publié le vendredi 17 février 2006 à 04h28min

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"Populations de Banfora, lors des élections municipales, vous
n’aurez plus droit a l’erreur". C’est en ces termes solennels que
Christian T. Koné débute ce long pamphlet contre la classe
politique au pouvoir à Banfora.

Avec les élections municipales de 2006, et à l’instar des autres
cités du pays, Banfora, capitale de la Région des Cascades, va
devoir faire un choix cornélien : trouver l’homme providentiel qui
va présider, durant les 5 prochaines années, à sa destinée.
Longtemps considérée comme une zone fortement politisée, la
Région des Cascades manque cruellement aujourd’hui
d’hommes valables, conscients, pugnaces et déterminés.

Depuis l’avènement de la démocratie, en juin 1991, la région a
vu se profiler une bande de bons à rien, cupides, menteurs,
intrigants, manipulateurs et prévaricateurs. Des gens qui n’ont
été là que pour se servir, se pavanant dans les cérémonies, afin
que les griots et les flagorneurs de tous poils les encensent par
des : « le député est là ! Le maire est là ! Le ministre est là ... ».
Et que sais-je encore.

Si nous étendons notre critique à tous les fils de la région, c’est
que l’heure est grave, et la situation commande un sursaut de
nos consciences à tous. C’est pourquoi je lance cet appel à la
responsabilité de tous dans un pays où chaque région, chaque
province, chaque département, village et communauté se bat
pour prendre chacun sa part du gâteau national. En effet, au
Faso, rien n’est acquis d’avance.

Et pour cause : le système
politique est hautement fondé sur le clientélisme. Vous
conviendrez avec nous qu’il n’y a pas, dans ce pays, un véritable
plan de développement national adopté et programmé pour le
Burkina Faso. Tout se fait dans l’intérêt et le profit d’un seul
homme et de son clan ; au reste du pays, on jette des miettes et
à qui saura s’en saisir sans état d’âme.

Des hommes politiques sans envergure et sans dignité

Le cynisme du système politique Compaoré a produit et
continue de générer une classe d’hommes politiques
médiocres, corrompus, corrupteurs, serviles, liges, des
hommes qui n’ont pour seule ambition que celle de détruire leur
communauté pour gagner les faveurs du système.

Mais hélas,
ces politiciens à la petite semaine perdent toujours au change.
Ces esprits malins, qui pensent ruser avec l’histoire, sont jetés
au rebut après usage par le système. Malmenés, humiliés,
avilis, ils se rendent compte, après coup, de leur bêtise. Ainsi,
ils grommellent, bougonnent, dégonflés qu’ils sont, mais
curieusement, ils rivalisent cependant d’intrigues pour tenter de
se repositionner auprès du Maître, toujours au détriment des
braves populations qui ne comprennent rien à leurs
manoeuvres.

Banfora, ville oubliée des pouvoirs publics, délaissée par la
faute de ses politiciens véreux, est à la recherche d’un second
souffle, et si les choses ne changent pas, en bien, la crise
économique profonde qui sévit, nourrie par la crise ivoirienne à
notre frontière, pourrait être le levain et faire le foyer de troubles
graves.

Les élections municipales de 2006 se tiendront dans le
prolongement de celle de la présidentielle du 13 novembre
2005 qui a vu la victoire sans appel de Blaise Compaoré sur
une opposition démissionnaire et irresponsable. Cette
opposition a été la complice du succès du président sortant,
pour des raisons inavouées, mais elle a été probablement
heureuse de s’être fait hara kiri.

Des enjeux des municipales à Banfora

La programmation des élections municipales n’est pas le fait du
hasard ; il s’agit d’une organisation planifiée qui doit voir la
victoire de Blaise Compaoré rejaillir sur son CDP, ainsi que sur
les partis qui, comme des mouches, grouillent autour de lui.

Mais le peuple ne doit pas se laisser distraire par cette victoire
sans panache. Les promesses fantaisistes et démagogiques
du président candidat devraient servir de levain pour les
revendications citoyennes pour contraindre les propagandistes
invétérés du régime à faire profiter au peuple la réalisation des
promesses mirobolantes qu’ils ont choisies de servir aux
populations des Cascades.

En février ou mars 2005, les thuriféraires du système Compaoré
pour la Région des Cascades sont allés tromper une population
désabusée et désemparée. Simultanément, la ville a connu
plusieurs lancements de projets de routes qui ont fait croire aux
citadins qu’ils avaient le droit à l’espoir pour l’amélioration de
leurs conditions de vie.

Ainsi, une voie bitumée devrait relier le CHR de Banfora à la RN
7 Banfora—Bobo, et puis, on n’a plus rien vu de concret.
Ensuite, une mise en scène d’un folklore inouï a été servie aux
populations pour les besoins de la campagne présidentielle :
des travaux d’aménagement et de reprofilage des routes
Banfora-Mangodara et Banfora-Sindou ont été lancés, avec la
promesse que les travaux devraient démarrer en décembre
2005, juste après les votes. Mais force est de reconnaître
aujourd’hui qu’il n’en est rien ; les travaux n’ont toujours pas
démarré et ils ne démarreront jamais ; l’objectif ayant été atteint,
les populations devront se contenter de végéter dans leur
misère.

Il faut signaler, au passage, que le pont sur la rivière Boulo sur
la route de Mangodara est en train de s’effondrer, créant de
sérieux soucis aux populations, aux responsables de la
SOFITEX à Banfora et aux compagnies de scierie qui exploitent
les forêts galeries de cette localité, frontalière de la Côte d’Ivoire,
qui est également une grande productrice agricole.

Des promesses démagogiques à propos des GMB

Lors de la présidentielle, il nous a été promis la réouverture
probable des GMB de Banfora. Une fois de plus, soyons
vigilants pour ne pas nous laisser berner et nous bercer
d’illusions. Nous disons que rien n’est encore acquis, même si
c’est le Groupe NESKO qui a été retenu pour la remise en
marche de l’usine. En effet, ce domaine est régi par des lois du
marché, et NESKO ne s’engagera que s’il est sûr de faire des
profits, ce qui n’est pas du tout évident dans le contexte actuel. Il
faut se dire que les repreneurs feront face à beaucoup de
difficultés, notamment : l’ouverture du marché national aux
farines étrangères, l’existence d’une minoterie à
Ouagadougou/Kossodo.

A cela, il faut ajouter la mauvaise foi des hautes autorités qui
favorisent les trafics en tous genres. Seul le ciment, qui semble
la chose d’un homme fort du système bénéficie d’une certaine
protection de l’Etat.

Il faut également prendre en compte que l’approvisionnement de
cette unité (les GMB) ne sera pas facile avec la crise ivoirienne
qui la prive du port d’Abidjan. Donc nous pouvons conclure que
l’ouverture des GMB de Banfora est plus qu’aléatoire ; elle a été
l’objet d’une pure propagande électoraliste pour le président
candidat qui n’avait rien d’autre à promettre aux populations pour
obtenir leurs votes.

Aux travailleurs de l’Ex-GMB nous disons que
rien ne garantit leur reprise, car tout se fait et se fera à
Ouagadougou, et les 200 emplois promis par le chef de l’Etat en
campagne ne seront que chimère. La réalité est dure à
admettre, mais elle reste la réalité.

Sur la lente agonie de la SN-SOSUCO

Nous n’avons jamais cessé de dénoncer ce qui se passe à la
SN-SOSUCO, en notre qualité d’homme politique et de fils de la
région.

D’abord, il y a la responsabilité de l’Etat qui, par le truchement
des commerçants apatrides et partenaires des grands du
système, autorise l’importation frauduleuse de sucre hors zone
UEMOA et à des prix défiant toute concurrence.
Il faut également compter avec la gestion désastreuse de cette
société par le groupe IPS/WA. Ces repreneurs ont obtenu le
fleuron de l’industrie burkinabè à des conditions plus que
favorables (5 milliards contre 8 et 11 milliards proposés par
d’autres groupes), en se fondant sur des promesses
mirobolantes, bien sûr non tenues et vite oubliées. Dans le
cahier des charges, IPS/WA avait promis, en son temps, 20
milliards d’investissements, qui sont restés des voeux pieux.

Aujourd’hui, la boîte se meurt au vu et au su du gouvernement
de Blaise Compaoré et des hommes politiques de la région.
Récemment, le repreneur avait apporté 1 milliard 600 millions
de F CFA pour, dit-on, renflouer les finances de cette industrie.
En moins de trois (3) mois, des prédateurs ont siphonné cet
argent, replongeant la SN-SOSUCO en situation de
quasi-cessation de paiement. Qu’on le sache, les salaires des
travailleurs ne tombent plus entre les 27 et 30 de chaque mois,
mais entre les 9 et 13 du mois suivant.

Pire, il arrive que les
engins roulants soient arrêtés pour manque de lubrifiant ou de
carburant. O Dieu ! Où sommes-nous ?
Nous pensons que des mesures urgentes doivent être prises
pour sauver cette société. Il devrait même être envisagé de
dénoncer la cession de cette entreprise au Groupe IPS/WA. Et
pourquoi pas ? Mais que le peuple ne compte pas sur les
hommes politiques de la Région des Cascades pour impulser
le mouvement car leur irresponsabilité n’a d’égal que leur
cupidité et leur couardise. Ils ont depuis longtemps
démissionné face aux réalités et aux problèmes vitaux de la
région.

Population de Banfora, la balle est dans ton camp. Banfora est
déjà trop en retard sur beaucoup de villes qu’elle devançait
jadis. Notre ville mérite mieux que cela. Lors des prochaines
élections municipales de 2006, tu devras faire ton choix. Tu dois
voter donc pour le changement, ou alors tu risques de confier
pour une énième fois ton destin à des prédateurs et des
détourneurs, qui n’ont aucune ambition pour la commune, sinon
pour leur propre bedaine ; mais alors, tu ne pourras t’en prendre
qu’à toi-même. Prenons notre destin en main ! Provoquons le
changement ! Non aux hommes politiques égoïstes et pourris à
la mairie !

Jamais nous ne serons les complices du complot contre notre
cité, et la descente aux enfers de notre belle ville aux
potentialités immenses. Pour cette cause, le peuple peut
compter sur notre détermination et notre volonté de lutter pour
mettre fin aux malversations de tous genres, au détriment de la
Commune.
Ce que vous ne saviez pas, je vous l’ai dit ; et un homme
prévenu en vaut deux.
Populations de Banfora, ne soyez plus dupes !

Ouagadougou, le 15 février 2006

Pour le PNR/JV,
Le président,
Christian T. KONE

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