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Neerwaya Safari : escapade à Ougarou et à Singou

Publié le mercredi 15 février 2006 à 08h13min

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Situés en plein milieu de la savane dans la province du Gourma, le campement du lion d’Ougarou et le ranch du gibier de Singou proposent aux visiteurs une expérience exceptionnelle. Un fascinant voyage dans le monde sauvage à travers pêche, chasse et tourisme de vision.

Une chance. Un touriste français d’Alsace (qui a requis l’anonymat) a abattu, la veille de notre arrivée, un lion. Fier, il l’est sans doute. Mais un léger serrement de coeur l’étrangle : "Ce que j’attendais depuis plusieurs années est enfin arrivé. C’est mon premier lion. Je suis plein d’émotion et d’adrénaline. Mais le lion est un animal noble auquel ont doit du respect" , nous a-t-il confié.

Alors, la rarissime "fête du lion" (selon une tradition du campement, une fête est organisée lorsqu’un client abat un lion) est prévue pour le lendemain, jour de notre départ pour le campement, du lion d’Ougarou. Le trajet (long de 280 km) paraît interminable, tant nous sommes taraudé par l’irrésistible envie de vivre l’événement.

"Ça sera une grande fête. Tout le village se retrouvera au campement, et la soirée sera animée par des troupes traditionnelles", annonce le patron des lieux, Frank Alain Kaboré, resté pourtant à Ouagadougou. La nuit tombée, l’on a vibré au rythme de la musique savamment distillée par la troupe de Matiacouali. Il y eut mangeaille et beuverie. Bouquet final : un champagne sauté sous l’oeil médusé des villageois.

Situé à quelques encablures des habitations du village, le campement du lion est un véritable sanctuaire dont le style architectural allie, à merveille tradition et modernité.

Immersion dans le monde sauvage

Les logements, faits de cases rondes, offrent un confort et un raffinement étonnants. Le dépaysement fait place à l’enchantement face à un décor qui rend hommage à la vie sauvage. Après une nuit de fatigue due au voyage et à la grande ambiance de la fête, nous voilà partis au petit matin pour une immersion dans les immensités giboyeuses de la réserve de chasse d’Ougarou. La parfaite maîtrise des noms, du sexe et de l’âge des animaux par le pisteur Hangadi Ouali émerveille toujours le visiteur.

En tant que fils du terroir et pisteur depuis 15 ans, la brousse constitue l’essentiel de sa vie. Sans le travail de bénédictin qu’effectue le pisteur, difficile pour le chasseur de traquer le gibier, de s’orienter dans un milieu sans repère et surtout de pouvoir reconnaître les bêtes femelles ou jeunes, interdites d’abattage.

A peine l’entrée de la réserve franchie, qu’un troupeau de cobs de buffon, alertés par le vrombissement de la 4x4 s’évanouit précipitamment dans le paysage somptueux. Le téléobjectif de notre appareil n’est pas adapté à la prise de vue animalière. Le photographe, perché sur le toit du véhicule, fixe avec peine quelques images.

Plus loin dans une clairière, des phacochères, armés de leurs puissantes défenses incurvées, labourent inlassablement la terre, à la recherche de racines fraîches et tendres. De grands calaos (espèce protégée) déploient sur notre passage leurs immenses ailes, laissant ainsi admirer leur joli plumage. Des singes verts et des baboins se balancent agilement sur des branches d’arbres non loin d’un basfond.

Après une longue mais plaisante randonnée, halte à la mare de Wamou pour un repas. Au menu : grillades de pintades sauvages très succulentes. Des hippopotames y nagent paisiblement.

Le campement de brousse de Singou, lieu de prédilection pour les chasseurs

Certains s’avancent vers nous en poussant bruyamment des geysers d’eau par leurs énormes naseaux. "Ils ne sont pas très craintifs comme la plupart des autres animaux, explique le pisteur. C’est comme s’ils savaient qu’ils sont une espèce protégée comme l’éléphant, le crocodile, la panthère et l’hyène. Leurs seuls ennemis, ce sont les éléphants, qui les flagellent souvent avec leurs trompes". A l’autre rive de la mare, se repose un chasseur européen en compagnie de plusieurs pisteurs. Ils étaient de retour du ranch de gibier de Singou prochaine étape de notre excursion.

Plusieurs espèces d’oiseaux et de mammifères se partagent cette zone de chasse, considérée comme la plus grande du Burkina.

En plein milieu de la savane, se dresse le pittoresque campement de brousse. Lieu de repos et de loisirs, il offre toutes les commodités nécessaires à une chasse de longue durée. Le matin, le campement est quasi désert. Ces pensionnaires sillonnent la brousse à la recherche du gros gibier comme le bubale, le cob défassa, le coba, le buffle, le guib et autres hippotragues.

Les braconniers, premiers ennemis de la faune

Sur le chemin de retour, le véhicule débouche nez-à-nez sur un troupeau d’éléphants. Panique à bord. Le gestionnaire du ranch, Philippe Soré, ordonne aux pisteurs de charger leurs fusils. Inutile. Les pachydermes s’engouffrent lourdement dans la végétation. Protégés depuis plusieurs années, les éléphants, dont le nombre a beaucoup augmenté, sont aujourd’hui source d’ennuis : "Nous avons aujourd’hui beaucoup d’éléphants.

Ils saccagent la végétation et détruisent les champs des populations riveraines", explique Armand Kaboré, responsable du campement du Lion. Mais le principal souci reste le fléau du braconnage. Véritable saigneur (et non Seigneur) de la faune, le braconnier n’épargne ni femelles, ni petits, ni espèces protégées.

Les quotas de chasse, il les ignore ou n’en à cure."Un jour, relate Frank Alain Kaboré, un braconnier du village de Singou est rentré dans le ranch. Entre 8h et 16h, il a abattu cinq lions (Ndlr : le quota de chasse pour le lion est fixé à deux par saison de chasse) et deux antilopes. Arrêté, il a été relâché quelque temps plus tard".

Véritable danger, la chasse illicite, et par conséquent anarchique, éloigne le gibier des réserves, compromet le tourisme de vision et menace d’extinction certaines espèces. Grand passionné de chasse (il a déjà abattu trois lions) et concessionnaire de trois zones (Arly, Singou et Ougarou), Frank Alain Kaboré reste convaincu que le tourisme de vision et la chasse sont des filières porteuses pour peu qu’il y ait davantage d’organisation. Tous frais confondus, un lion coûte dix millions de francs CFA à un expatrié, et un buffle, deux millions et demi.

"Mais tout cela ne va pas dans la poche du concessionnaire, prévient M. Kaboré, une partie revient à l’Etat, aux populations locales sous forme de frais de location du terroir, sans compter les différents appuis que nous apportons aux agents de l’environnement".

Alain Saint Robespierre
L’Observateur

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